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SINAÏ


culeusement la source. Exod., xv, 24-25. Il s’agit ici, selon l’opinion la plus commune, d"Aïn Hauarah. Le nom de Mara semble conservé tout près, aux ouadis Mereira et Amara. Voir Mara 2, t. iv, col. 707. « Les enfants d’Israël vinrent ensuite àÉlim (héb. : ’Élîm), où il y avait douze sources et soixante-dix palmiers, et ils campèrent.près des eaux. » Exod., xv, 27 ; Num., xxxiii, 9. C’était donc une oasis qui offrait aux Hébreux un lieu tout naturel de repos. Une des plus belles de la péninsule, et qui se trouve à deux heures et demie A’Hauarah, est Youadi Gharandel, où un ruisseau perpétuel entretient des palmiers sauvages, des tamaris et d’autres plantes du désert. Voir Élim 1, t. ii, col. 1680. « En partant d’Élim, le peuple alla camper sur le bord de la mer Rouge. » Num., xxxiii, 10. Nous avons là une précieuse indication concernant l’itinéraire, et l’étude des lieux nous permet de la suivre avec précision. De Gharandel, on peut descendre directement à la côte, pour la longer ensuite, mais le chemin devient presque impraticable, à cause du promontoire avancé, appelé Hammam Fir’îin. Les Israélites durent donc prendre le chemin direct qui passe au pied opposé de cette hauteur, par les ouadis Useit, Schebeikéh. Arrivés à Vouadi Tayibéh, ils rencontraient la bifurcation dont nous avons parlé, et dont la route supérieure les eût conduits du côté de Sarâbît el-Khâdim, et de là, par les hautes vallées, au Sinaï. L’Écriture nous montre qu’ils prirent le chemin qui descend vers la mer. Au débouché de Vouadi Tayibéh, la plage s’étend auprès du Râs Abu Zeniméh. C’est donc là ou dans les environs qu’il faut placer ce campement. Cf. E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. i, p. 238239. « Ils partirent d’Élim, et toute l’assemblée des enfants d’Israël arriva au désert de Sin fhebreu : midbar Sin), qui est entre Élim et le Sinaï. » Exod., xvi, 1. Les Nombres, xxxiii, 10, qui ont marqué la station au bord de la mer, disent avec plus de précision : « Partis de la mer Rouge, ils campèrent dans le désert de Sin. » Il devient très difficile ici de suivre l’itinéraire des Hébreux. Trois routes principales s’ouvraient devant eux pour aller au Sinaï. L’une, suivant toujours la mer, les eût conduits dans la grande plaine A’el-Qâ’dh, d’où ils seraient remontés au Sinaï, soit par Vouadi Feirdn, soit par Vouadi Hebràn, soit, plus au sud, par Vouadi lsléh. La seconde, pénétrant dans la montagne par Vouadi Baba, franchit un col escarpé, gagne Vouadi Maghâràh, et retombe dans Vouadi Feirdn, pour continuer par Vouadi Soldf. La troisième, ’entrant aussi dans la montagne par Vouadi Baba, tourne au nord, arrive au Debbet er-Bamléh, puis, par les ouadis Khamiléh, Barak, etc., mène au Sinaï. Chacune de ces directions a ses partisans parmi les auteurs qui ont étudié l’itinéraire des Israélites. Le plus grand nombre cependant place le désert de Sin dans la plaine A’el-Markha. Pour quelques-uns, ce serait le Debbet er-Ramléh. Voir Sin 1, col. 1748. C’est là que la manne tomba pour la première fois. Voir Manne, t. iv, col. 656. « Sortis de Sin, ils vinrent à Daphca (hébreu : Dofqâh). » Num., xxxiii, 12. On a rapproché Daphca du nom égyptien Mafka, donné à la région des mines du Sinaï. Cette station serait donc vers Maghâràh. Pour ceux qui font suivre aux Hébreux la route du nord, ce serait plutôt Saràbit el-Khddim. Voir Daphca, t. ii, col. 1291. « Partis de Daphca, ils campèrent à Alus (hébreu : ’Ah’ts). » Num., xxxiii, 13. Ce point est inconnu. Voir Alus, t. i, col. 424. Pour les partisans de l’itinéraire du nord, Alus serait Vouadi el-’Esch, près du grand ouadi Scheikh. Cf. M.-J. Lagrange, L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 86. « Sortis d’Alus, ils fixèrent leuçs tentes à Raphidim (hébreu : Refîdîm), où le peuple ne trouva pas d’eau à boire. » Num., xxxiii, 14. Moïse en fit sortir miraculeusement du rocher. Cf. Exod., xvii, 1-7. C’est là qu’eut lieu le combat contre Amalec. Exod., xvii, 8-16. Raphidim est généralement identifié avec Vouadi Feirdn. Ceux qui préfèrent la route du nord le cherchent un peu partout ; quelques-uns signalent Vouadi Erfayid, qui en rappellerait le nom, et qui débouche dans Vouadi Emleisah, affluent de Vouadi Solâf. Voir Raphidim, col. 980. « Partis de Raphidim, ils campèrent au désert du Sinaï, » Num., xxxiii, 15 ; « Israël campa là, vis-à-vis de la montagne. Exod., XIX, 2. On a calculé que, depuis

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385. — Un barbare moniti du Sinaï. Karnak. D’après Maspero, Hist. ancienne, 1. 1, p. 351.

Ayûn Mûsa jusqu’au Sinaï, en suivant la route la plus longue, mais la plus praticable, les Hébreux avaient parcouru près de 285 kilomètres, en onze marches. Ils sont arrivés maintenant au lieu où doit s’accomplir un des événements les plus importants de l’histoire. Il nous faut donc en rechercher le site exact.

B) Le Sinaï. — Parmi les sommets du massif granitique qui constitue le sud de la péninsule, peut-on désigner avec certitude le vrai Sinaï ? D’après les discussions qui ont eu lieu jusqu’ici, le choix est entre le mont Serbal et le djebel Mûsa. Le djebel Serbal ou « montagne de la Cotte de mailles » est ainsi appelé, parce que l’eau qui tombe sur les rochers de granit qui en forment la cime donne à leurs parois brillantes l’aspect de cette armure. Son altitude est de 2052 mètres. Ce n’est donc pas la montagne la plus élevée de la péninsule, mais c’est peut-être la plus imposante par sa masse et la majestueuse beauté de ses grandes lignes. Au midi, c’est un vrai chaos d’éminences et de gorges presque inaccessibles ; mais, des autres côtés, trois vallées étroites l’entourent, les ouadis er-Rimm, ’Aleydt et’Adjéléh, qui descendent rapidement vers Vouadi Feirdn. L’intervalle qui sépare ces ouadis est très accidenté ; des collines escarpées émergent partout, de