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SIN (DÉSERT DE) — SINAÏ


temps la frontière méridionale du pays de Chanaan. Voir Pharan, t. v, col. 187. Ce désert est décrit dans la Bible comme un lieu affreux, où l’on ne peut semer ; qui ne produit ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et où l’on ne trouve pas même d’eau pour boire. Num., xx, 5.

Les enfants d’Israël campèrent une première fois dans cette partie du désert de Pharan appelée désert de Sin, lorsqu’ils venaient de Haséroth, Num., xiii, 1, 22 ; et dressèrent leurs tentes à Cadès, xiii, 27. Voir Cadès, t. ii, col. 13-22. Après la révolte du peuple, occasionnée par le rapport décourageant des espions « nvoyés parMoïse pour explorer le pays de Chanaan, il fut le point de départ de leur égarement à travers le désert. A la fin des trente-huit années de punition, il fut encore leur centre de ralliement, xx, 1. Les enfants d’Israël arrivèrent au désert de Sin dans le premier mois, €t séjournèrent encore à Cadès, pas précisément, peutêtre, dans la même localité que la première fois, parce que le nom de Cadès indique ici plutôt un grand district du désert de Sin qu’une localité déterminée. Cf. Cal met, Commentaire littéral sur les Nombres, Paris, 1709, p. 130. C’est là que mourut Marie, sœur de Moïse, « t qu’elle fui enterrée selon Josèphe, Ant. jud., IV, IV, 6, sur une montagne, appelée Sin, du même nom que le désert où probablement elle se dressait. Pour ce qui regarde les autres événements qui eurent lieu dans le désert de Sin, voir Cadès, t. ii, col. 21-22 ; Pharan, t, v, col. 189. A. Molini.

    1. SIN A##

SIN A, orthographe delaVulgate, l°dunom du désert de Sin (Sin), Jos., xv, 3, voir Sin 1, et 2° du nom du désert et de la montagne de Sinaï, Judith, v. 14 ; Ps. lxvii, 18 ; Act., vii, 30, 38 ; Gal., iv, 24, 25.

    1. SINAI##

SINAI (hébreu : Sînaî ; Septante : Siva ; Vulgate : Sinaï, partout, excepté Judith, v, 14 ; Ps. lxvii [hébreu, lxviii], 17 ; Eccli., xlviii, 7 ; Act., vii, 30, 38 ; Gal., iv, 24, 25, où l’on trouve Sina), montagne de la péninsule sinaïtique sur laquelleDieu donna sa Loi à Moïse, Exod., xix, 11, 18, 20, 23, etc., et désert qui l’environne. Exod., xix, 1, 2 ; Lev., vii, 38, etc. Ce lieu, un des plus célèbres de l’histoire biblique, a donné son nom à la pointe de terre qui sépare l’Asie de l’Afrique. Les faits qui s’y rattachent rappellent la formation même du peuple de Dieu. Nous avons à en défendre le caractère historique, à en décrire la situation, à en résumer l’histoire.

I. Nom. — Il n’est pas facile de connaître l’origine du mot » 3'D, Sinaï. Quelques-uns, le rapprochant de

la racine inusitée îid, sûn, lui donnent le sens de « dentelé, crevassé, hérissé de rochers ». Cf. J. Fûrst, Hebràisches und chaldàisches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. ii, p. 74, 79. C’est une étymologie plus que douteuse. Elle devrait s’appliquer également, sans lui convenir mieux, au désert de j>d, Sîn, situé entre Élim et le Sinaï. Exod., xvi, l. Il y a, en effet, entre les deux noms une étroite relation, qui a poussé certains auteurs à voir dans >j>d, Sînaî, un adjectif se rapportant à

Sîn et désignant le Sinaï comme « la montagne du désert de Sîn », en raison de leur voisinage. Cf. H. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœttingue, 1865, t. ii, p. 143 ; G. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, Leipzig, 1881, p. 392. D’autres rejettent cette explication et préfèrent celle qui fait dériver Sînaî du dieu Sin, ou dieu Lune, dont le culte aurait été attaché à la montagne. On trouve du moins ce culte établi dans la contrée vers la fin du vi « siècle de l'ère chrétienne, au temps d’Antonin le Martyr. Cf. T. Tobler, Itinera Terrœ Sanctm, Genève, 1877, t. i, p. 113. Les Arabes l’avaient emprunté aux Babyloniens. Cf. F. Hommel, Die altisrælitische Uberlieferung, Munich, 1897, p. 275. Cette opinion aurait besoin d'être appuyée par quelques documents prouvant que le dieu Sin était, dès les temps

les plus anciens, honoré dans le pays. — Le nom de Sinaï a comme équivalent dans la Bible celui i’Horeb ; tous deux désignent la montagne de Dieu ou de la révélation. La loi est promulguée sur le Sinaï, d’après Exod., xix, 18, 20, 23 ; Ps. lxvii (hébreu lxviii), 9, 18 ; II Esd., IX, 13 ; sur I’Horeb, d’après Mal., IV, 4 (hébreu m, 22). La scène du veau d’or se passe au Sinaï, selon Exod., xxxii, 4, à I’Horeb, selon Ps. cv (cvi), 19. Le parallélisme identifie les deux mots Eccli., xlviii, 7. Le Deutéronome dit toujours Horeb, sauf dans le cantique xxxiii, 2. Le mot Hôrêb signifie « sec, désolé », et répond bien à l’aspect des monts granitiques de la péninsule. A-t-il été dès l’origine synonyme de Sinaï? Il est possible qu’il ait indiqué quelque différence locale, qui aurait disparu plus tard. Cependant si l’on fait de Sînaî un adjectif, on pourrait expliquer comment le mont ou massif d’Horeb aurait reçu cette épithète en raison de son voisinage du désert de Sîn ou, suivant plusieurs auteurs, à cause du dieu Sin. Nous croyons, en tout cas, qu’il ne faut pas attribuer à chacun de ces noms une localisation trop précise. À plus forte raison n’a-t-on pas le droit d’y chercher deux lieux absolument distincts, qui seraient séparés par une grande distance. Quant à ramener le double nom de Sinaï et d’Horeb à une idée cosmique, celle de la lune et du soleil, c’est une opinion que nous laissons à la critique, ou plutôt à l’hypercritique rationaliste. Cf. A. Jeremias, Das Aile Testament im Lichle des Allen Orients, Leipzig, 1906, p. 416. Le Sinaï est, aussi bien que I’Horeb, appelé « la montagne de Dieu », en raison des manifestations divines dont il fut le théâtre. Cf. Exod., iii, 1 ; iv, 27 ; xvin, 5 ; xxiv, 13 ; Num., x, 33 ; III Reg., xix, 8. Étaitil regardé comme un lieu sacré, même avant Moïse ? Quelques-uns le pensent. Cf. A. Dillmann, Exodus, Leipzig, 1897, p. 31 ; F. de Hummelauer, Comment, in Exod., Paris, 1897, p. 44. — Enfin le nom du Sinaï s’applique tantôt à la montagne, Exod., xix, 11, 18, 20, 23, etc., tantôt au désert qui l’avoisine. Exod., xix, 2 ; Lev., vii, 38 ; Num., i, 1, 19, etc. — Josèphe appelle le Sinaï tô Sivetïov (opo ; ), Ant. jud., III, v, 1, et les Arabes djebel et-Tûr ou Tûr Sînâ. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 73.

II. Site d’après la Bible et la critique. — Avant de chercher dans la description du Sinaï les lumières nécessaires pour en bien comprendre l’histoire, nous avons à résoudre une question des plus importantes, soulevée par la critique contemporaine. Jusqu’ici la tradition juive et chrétienne avait sans hésitation placé le Sinaï dans le massif montagneux de la péninsule à laquelle il a donné son nom. On discutait seulement sur son site exact ; on se demandait quel sommet précis pouvait le représenter, le djebel Serbal, par exemple, ou le djebel Mûsa. La critique documentaire a complètement changé l’aspect de la controverse. En disséquant la Bible comme l’on sait, elle en est venue à nier sur ce point la tradition biblique elle-même, ou tout au moins à y trouver des variations qui lui enlèvent toute valeur. D’après elle, les auteurs des différents documents apportent des témoignages qui ne concordent pas ; il reste même à savoir si le Sinaï avait un rôle quelconque dans la tradition primitive. Il nous est impossible d’entrer ici dans toutes les subtilités des exégètes rationalistes ; nous ne pouvons présenter qu’un aperçu de la question. On trouvera dans R. Weill, Le séjour des Israélites au désert et le Sinaï, Paris, 1909, p. 15-36, l’origine et l’histoire de cette controverse, ou « le travail critique de la tin du xixe siècle et du début du xx ». »

Une première opinion place le Sinaï au sud d"Aqabah, sur la côte orientale du golfe Élanitique, dans le pays de Madian. C’est celle qui serait le mieux appuyée selon J. Wellhausen, Prolegomena zur Geschichte IsræU, 6= édit., Berlin, 1905, p. 343, n. 1. Elle a été surtout