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SIMPLICITÉ — SIN (DÉSERT DE)


est simple, tout le corps est dans la lumière, Malth., vi, 22, c’est-à-dire quand l’œil est sain, sans rien qui le ternisse, il est capable de diriger tous les mouvements et tous les actes du corps ; de même, quand l’œil de l’âme est simple, quand l’intention est pure et droite, toute la conduite en ressent l’heureuse influence. Celui qui fait les distributions aux autres doit s’acquitter de sa tâche avec simplicité, sans préférences injustifiées, parce que la charité doit agir à découvert, àvunJxpiTaç, sine simulatione. Rom., xii, 8-9. Il faut être sage visà-vis du bien, et simple vis-à-vis du mal. Rom., xvi,

19. Saint Paul se fait gloire de s’être toujours conduit avec simplicité et sincérité. II Cor., i, "12. Il redoute que l’astuce du démon fasse déchoir ses fidèles de la simplicité qui vient du Christ. II Cor., xi, 3. Il félicite les églises de Macédoine de s’être montrées très généreuses avec simplicité et il demande aux Corinthiens de donner eux aussi d’un cœur simple. II Cor., viii, 2 ; IX, 11. Les serviteurs doiventobéirà leursmaîlres en toute simplicité de cœur. Eph., vi, 5 ; Col., iii, 22. La simplicité convient aux enfants de Dieu, Phil., Il, 15, selon le précepte du Seigneur. Saint Pierre veut aussi que les fidèles s’aiment les uns les autres d’un cœur simple. I Pet., i, 22.

H. Lesêtre.
    1. SIMULATION##

SIMULATION (grec : ûicôxpimc ; Vulgate : sinmlatio), acte par lequel on semble faire ce que l’on ne veut pas faire, ou paraître ce que l’on n’est pas. — Pour prendre la ville de Haï, Josué et ses guerriers simulent une fuite qui attire les habitants dehors. Jos., viii, 15 20. Les Gabaonites feignent de venir de très loin, afin que Josué les épargne. Jos., ix, 3-15. Ce sont là des ruses de guerre, ’ormâh, itavoupYta. Jos., ix, 4. De même, les Israélites fuient devant les guerriers de Benjamin, afin d’attirer ceux-ci dans l’embuscade. Jud., xx, 29-45. — Des personnes se font passer pour ce qu’elles ne sont pas. Avec l’aide de sa mère Rébecca, Jacob se présente à Isaac comme étant Ésaù. Gen., xxvii, 6-29. Lia se fait passer pourRachel. Gen., xxix, 21-25. Rachel feint la fatigue pour ne pas se lever devant Laban. Gen., xxxi, 35. Thamar prend les dehors d’une femme de mauvaise vie. Gen., xxxviii, 14-19. Chez le roi de Geth, David simule la folie. I Reg., xxi, 12-15. Amnon fait le malade pour attirer Thamar auprès de lui. II Reg., xiii, 5. Une femme de Thécué feint de demander justice à David, aGn de ménager le retour en grâce d’Absalom.

, II Reg., xiv, 2--0. La femme de Jéroboam se déguise pour aller consulter le prophète Ahias sans être reconnue de lui. III Reg., xiv, 2-6. Apollonius feint des intentions pacifiques, pour tromper les Juifs qu’il s’apprête à massacrer. II Mach., v, 25, 26. On veut décider Éléazarà feindre de manger des viandes défendues, afin d’épargner sa vie. Mais le vieillard se refuse à cette simulation. II Mach., VI, 18-28. Les Juifs envoyaient auprès de Notre-Seigneur des gens qui feignaient d’être justes, afin de le prendre en défaut. Luc, xx, 20. Notre-Seigneur feint lui-même de ne pas vouloir exaucer la Chananéenne, Matth., xv, 23-27, et de s’abstenir d’aller à la fête des Tabernacles. Joa., vii, 6-10. Après sa résurrection, arrivé à Emmaûs avec les deux disciples, il fait semblant de vouloir aller plus loin. Luc, xxiv, 28. Saint Paul qualifie de dissimulation la conduite de saint Pierre, s’abstenant à Antioche de manger avec les chrétiens venus du paganisme, à l’arrivée des chrétiens de Jérusalem. Gal., ii, 12-14. Il y a donc des simulations qui sont légitimes, d’autres qui sont repréhensibles. Voir Hypocrisie, t. iii, col. 795. — La simulation doit être bannie des sentiments. I Pet., ii, 11. On est porté à flatter ceux qu’on redoute. Ps. xviii (xvii), 45 ; lxvi (lxv), 3 ; lxxxi (lxxx), 16. Les Apôtres veulent que tout soit sincère dans les rapports avec Dieu et avec le prochain et que la simulation ne vicie ni la sagesse, ni la charité. Rom., xii, 9 ; II Cor., vi, 6 ; I Tim., i, 5 ; II Tim. ; ii, 5 ; Jacob., iii, 17 ; II Pet., ii, 3. H. Lesêthe.

SIN, nom dans le texte hébreu de la ville d’Egypte que la Vulgate a rendu par Péluse. Ezech., XXX, 15. Voir Péluse, col. 28.

SIN (DÉSERT DE), deux déserts qui portent le même nom dans la Vulgate, mais dont l’orthographe est différente en hébreu.

1. SIN (hébreu : midbâr-Sîn ; Septante : spui^oç Eîv), nom du désert qui, d’après les Nombres, xxxiii, 11, fut la huitième station des Israéliles d’Egypte à la terre de Chanaan.

I. Identification. — D’après l’Exode, xvi, 1, le désert de Sin était « entre Élim et le Sinaï s, dans la presqu’île sinaïtique. Dans le même livre, xvii, I, la station de Raphidim est mentionnée entre le désert de Sin et le désert de Sinaï. Enfin, dans le catalogue des stations des enfants d’Israël, rapporté par les Nombres, xxxiii, 3-49, entre Élim’et le désert de Sin on fait mention d’un nouveau campement, celui de la mer Rouge, xxxiii, 10-11 ; et de deux autres entre le désert de Sin et le désertée Sinaï, c’est-à-dire de ceux de Daphca et d’Alus, xxxiii, 12-14, avant d’arriver à Raphidim. De ces indications il ressort qu’on doit chercher le désert de Sin dans la partie de l’itinéraire des enfants d’Israël qui précéda la station du Sinaï, et plus précisément entre la station des « bords de la mer Rouge », Num., xxxiii, 10, et la station de Daphca, jꝟ. 12. L’étude des lieux permet de fixer la station des bords de la mer Rouge, avec assez de certitude, à l’extrémité inférieure de l’ouadi Taiyibéh, ou à un point quelconque du littoral, dans la plaine A’elMourkheiyéh. Presque tous ceux qui ont visité ce pays s’accordent sur ce point, avec les savants de l’expédition scientifique anglaise. Cf. H. S. Palmer, Sinai, Londres, 1878, p. 192-193 ; E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, Londres, 1871, t. i, p.238-239 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 457-458 ; Lagrange, L’itinéraire des Israélites, dans la Revue biblique, janvier 1900, p. 83. Pour ce qui regarde la station de Daphca, son identification avec les mines de Magharah, vers le point de jonction des ouadis Sidréh, Gné ou Igné et Mokatteb, a en sa faveur un ensemble considérable de probabilités. Voir Daphca, t. ii, col. 1291-1292. En acceptant ces deux points de l’itinéraire comme acquis, la station du désert de Sin doit nécessairement être placée dans quelque endroit de la plaine d’el-Markha, qui commence à une distance de seize kilomètres, au sud de l’ouadi Taiyibéh, sur la plage de la mer Rouge. Cette identification s’impose même lorsqu’on veut faire suivre par le gros des Israélites, avec les troupeaux, la voie de la côte, et le faire remonter au Sinaï par l’ouadi Feiran, tandis que des détachements isolés, pour éviter un détourne dix-sept kilomètres de chemin, auraient quitté assez vite la plaine d’el-Markha, pour aller rejoindre le ouàdi Feiran, remontant par le ouâdi Sidréh et le ouàdi Mokatteb. Voir Raphidim, t. v, col. 981-982. Nous écartons, sans y insister, l’hypothèse de l’identification du désert de Sin avec le grand désert i’el-Qdah, qui s’étend près de la mer Rouge, au sud de la péninsule, au pied du massif granitique du Sinaï. Il est très éloigné d’Élim, qu’on ne peut faire descendre au sud plus bas que la station au bord de la mer, voir Llim, t. ii, col. 1680-1683 ; aucun nom moderne ne rappelle d’une façon plausible ni Daphca, ni Alus, ni Raphidim, dans cette immense plaine aride ; aucune tradition ancienne n’a eu en vue ce chemin. Cf. Lagrange, dans la Revue biblique, l900, p. 84. Mais de l’ouadi Taiyibéh, sans parler de la route qui suit la mer, et traversant la plaine d’el-Markha, monte ensuite dans les montagnes, on peut se rendre au montSinaï par la route dite du Nord. Celle-ci remonte l’ouadi Taiyibéh jusqu’à la naissance de la vallée, se continue dans l’intérieur des terres, tourne ensuite au sud-est jusqu’à