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SIMON — SIMPLICITE


chrétien. Bossuet a bien montré tout le danger des I idées de R. Simon. Il est de mode aujourd’hui de le trouver injuste et sévère ; mais quand il était question de l’intégrité de la foi, le grand évêque ne transigeait point. La condamnation par Rome de la plupart des écrits de R. Simon justifie amplement le zèle de Bossuet sans qu’il soit besoin d’insister. Reconnaissons cependant en R. Simon une science incontestable, une érudition étonnante, une grande sagacité de critique notamment pour le discernement des bons manuscrits. Avec encore la réserve que personne ne sut faire parade comme lui de choses qu’il ne savait pas, et que ses ouvrages sont pleins plutôt de choses rares et curieuses que de faits exacts et contrôlés par un mûr examen. Voici les principaux de ces ouvrages : nous renvoyons pour les autres aux sources indiquées plus loin.

Histoire critique du Vieux Testament, s. 1. et a. (Paris), in-4°, Billaine, 1678 (nous n’indiquerons que les éditions princeps). Cette édition fut supprimée, mais il s’en fit coup sur coup sept autres, sans parler des traductions latines et anglaises. Dans cet ouvrage R. Simon attaque l’authenticité mosaïque du Pentateuque (ch. v) puisqu’il n’en attribue à Moïse que la partie législative. Voir Pentateuque, t. iv, col. 84. — Histoire critique du texte du Nouveau Testament, in-8°, Rotterdam, R. Leers, 1689. Deux éditions et deux traductions, en anglais et en allemand. — R. Simon, comme a dit Bossuet, « y attaque directement l’inspiration, » cherchant à prouver qu’il suffit que l’Écriture soit inspirée quant à la substance et qu’on ne doit entendre par l’inspiration qu’une assistance négative du Saint-Esprit qui n’a pas permis que les écrivains sacrés soient tombés dans l’erreur. — Histoire critique des Versions du Nouveau Testament, in-4°, Rotterdam, R. Leers, 1690. Traduite en allemand et en anglais. R. Simon y loue beaucoup trop certaines versions anciennes, notamment la version arménienne d’Uscan. — Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, in-4°, Rotterdam, R. Leers, 1693. C’est contre cet ouvrage, où l’auteur attaque si impertinemment les Pères, que Bossuet écrivit sa Défense de la Tradition et des saints Pères, mais qui ne devait paraître qu’en 1763. — Nouvelles Observations sur le texte et les versions du Nouveau Testament, in-4°, Paris, Boudot, 1635. — Le Nouveau Testament… traduit sur l’ancienne Édition latine, 4 in-8°, Trévoux, Etienne Ganeau, 1702. On y a relevé non seulement des nouveautés d’expressions toujours regrettables, mais des tournures de phrases qui n’expriment pas la foi catholique comme celles que l’auteur veut remplacer. — Il y aurait aussi à mentionner les divers travaux de R. Simon relatifs aux Églises orientales, aux juifs, ses Lettres choisies, sa Bibliothèque critique, sa Nouvelle bibliothèque choisie.

Par sa faute, dirons-nous en empruntant les expressions de P. de Valroger, « R. Simon devait perdre le fruit de ses facultés et de son immense érudition… L’attention resta concentrée sur les parties dangereuses de ses ouvrages, dont les erreurs ont compromis la partie saine et féconde, » Et pour terminer par le jugement de Bossuet : « Richard Simon ne s’excusera jamais… d’avoir renversé les fondements de la foi, et avec le caractère de prêtre d’avoir fait le personnage d’un ennemi de l’Église. »

Voir Batterel, Mémoires domestiques, Paris, 1907, t. iv, p. 233, 295 ; Cochet, Galerie dieppoise, 1862, p. 327-381 ; Graf, R. Simon, Iéna, 1847 (le meilleur travail d’ensemble, d’après Bernus) ; A. Bernus, R. Simon et son Histoire critique du V. Testament (thèse), Lausanne, 1869 ; Denis, Critique et controverse ou R. Simon et Bossuet, Cæn, 1870 ; A. Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, article de M. Bernus, p. 121-163 ; îi. Reusch, Der Index der verbotenen Bûcher, 1885,

ii, p. 422 ; R. de la Broise, Bossuet et laBible, Paris, 1891 (le ch. xii, p. 335-355) ; Margival, Richard Simon, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. ii. (Sur cette dernière étude, tout à fait suspecte, cf. le Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, nov. 1900 ; Revue thomiste, janvier 1901 ; Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, t. i, p. 127.)

A. Ingold.

    1. SIMONIS Johannes##

SIMONIS Johannes, né le 10 février 1698 à Drusen près de Schraalkaden, mort le 2 janvier 1768, hébraïsant distingué. Il professa l’histoire ecclésiastique et l’archéologie chrétienne à l’université de Halle. On a de lui : Vorlesungen ûber die jûdischen Alterthûmer nach Adrian Reland, ouvrage publié après la mort de l’auteur par S. Mursinna, in-8°, Halle, 1769 ; Onomasticum Veteris Testamenti, 1741 ; Analysis et explicalio lectionum masorethicarum Ketiban et Krijan vulgo dictarum, ea forma quse illse in textu sacro exstant, in-8°, Halle, 1752 ; 2e édit., 1782 ; 3e édit., publiée par E. F. K. Rosenrnûller, 1824 ; Dictionarium Veteris Testamenti hebrseo-ehaldaicum, ut cum Bibliis hebraicis manualibus conjungi queat, in-8°, Halle, 1752 ; Introductio grammatico-critica in linguam hebraicam, in-8°, Halle, 1753 ; Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum, in-8°, Halle, 1756 ; edilio altéra, priori longe auctior, cui accessit vita auctoris, a Sam. Mursinna, curante Jh. Ludw. Schulzio, 1771 ; 3e édit., auxit J. G. Eichhorn, 1793 ; 4e édit., auxit F. G. Winer, in-8°, Leipzig, 1828 ; Onomasticum Novi Testamenti et librorum Veteris Testamenti apocryphorum, in-4°, Halle, 1762 ; Observationes Lexicse in suppl. Lexici hebraici manualis, in-8°, Halle, 1763 ; Lexicon manuale grsecum, in-8°, Halle, 1766. On lui doit aussi une édition de la Bible hébraïque, Halle, 1752, avec des corrections importantes, 1767, au texte de Van der Hooght.

    1. SIMPLICITÉ##

SIMPLICITÉ (hébreu : tôm ; Septante : « tcXotyiç, àqsEXÔTï] ;  ; Vulgate : simplicitas), vertu de celui qui agit sans arrière-pensée, avec loyauté et sincérité, sans chercher à tromper autrui et sans afficher lui-même aucune prétention. Cette vertu est opposée à l’hypocrisie ou duplicité. Voir Hypocrisie, t. iii, col. 795. Le simple, âicXôoç, simplex, est ainsi l’antithèse du double, SiTciôoç, duplex. — Les versions appellent souvent « simplicité » des vertus désignées dans l’hébreu sous les noms de « droiture, intégrité, innocence ». — Jacob, Gen., xxv, 27, et Job, I, 1, 8 ; ii, 3, sont appelés des hommes « simples », c’est-à-dire francs et droits. Abimélech s’empara de Sara d’un cœur simple, c’est-à-dire sans arrière-pensée d’adultère. Gen., xx, 5. Deux cents hommes partirent de Jérusalem à la suite d’Absalom avec simplicité, sans se douter de ses projets de révolte. II Reg., XV, 11. Salomon se propose d’agir d’un cœur simple et droit. III Reg., ix, 4 ; IPar., xxix, 17. Achab fut atteint par une flèche tirée simplement, par quelqu’un qui ne le visait pas. III Reg., xxii, 34. Les Juifs, compagnons de Mathathias, veulent mourir dans la simplicité de leur cœur, sans autre pensée que celle de la fidélité à leur loi. IMach., 11, 37. Les premiers chrétiens prenaient ensemble leurs repas avec joie et simplicité. Act., ii, 46. Bien souvent, la simplicité est trompée par le mensonge, Esth., xvi, 6, parce que, comme la charité, « elle ne tient pas compte du mal, elle ne prend pas plaisir à l’injustice, elle se réjouit de la vérité, elle excuse tout. » I Cor., xiii, 5-7. — La simplicité est fréquemment recommandée dans la Sainte Écriture. Elle est opposée aux détours des perfides. Prov., xi, 3, 20. La récompense lui est promise. Prov., ii, 21. Il faut chercher le Seigneur d’un cœur sincère. Sap., i, 1. Le Sauveur prescrit à ses disciples d’être « sans mélange », àxépaioi, simplices, simples comme des colombes. Matth., x, 16. Il remarque que, quand l’œil