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SIDON — SIDONIE


coquilles de murex trunculus, qui servait à teindre les étoffes grossières, n’a pas moins de 120 mètres de longueur sur une hauteur de 7 à 8 mètres ; d’autres amoncellements, fort nombreux, consistent en débris de murex brandaris et purpura hemastoma, qu’on employait pour la teinture des tissus somptueux. Une ville située au nord de Sidon, sur une plage de sable lin, avait pris le nom de Porphyrion ou Cité de la Pourpre, à cause de ses teintureries : c’est la côte sur laquelle, d’après juifs et musulmans de la Syrie méridionale, le prophète Jonas aurait été vomi par [le poisson ] : de là le nom de Khan-Nebi-Jounas donné au

Échelle

369. — Sidon et ses environs.

D’après Pietschmann, Geschichte der Phônizier, p. 55.

village voisin… Les Sidoniens étaient aussi fort adroits dans l’art de fabriquer le verre, … leurs usines se trouvaient dans la ville de Sarepta ou de la Fusion, située à trois heures de marche vers le sud. Le village moderne de Sarfend est voisin des ruines. « Elisée Reclus, Nouvelle Géographie universelle, t. ix, 1884, p. 781-782.

Histoire. — Sidon est une ville très ancienne. Elle est déjà mentionnée dans la table ethnographique de la Genèse, x, 19. Elle reçut son nom du fils aîné de Chanaan, dit Josèphe, Ant. jud., i, vi, 12. D’autres veulent trouver l’étymologie de Sidon dans l’abondance du poisson qu’on péchait dans ses eaux. Gesenius, Thésaurus, col. 1153. Le papyrus’Anastasi I dit que le poisson est aussi nombreux à Sidon que les grains de sable. — Dans Josué, elle est appelée, xi, 8 ; xix, 28, « Sidon la Grande » ; sur ses monnaies, elle prend le titre de « métropole ». — Homère a parlé de Sidon, 11., xxiii, 743 ; Odys., xv, 425 ; xiii, 285, et ne nomme pas Tyr. Elle a été en effet la plus ancienne cité phénicienne. Cf. Strabon, XVI, ii, 22. — La Genèse, x, 19, place à Sidon la frontière septentrionale du pays de Chanaan. —

Jacob, en bénissant ses douze fils, attribue à Zabulon, dans le partage de la Terre Promise, un territoire qui s’étendra jusqu’à Sidon. Gen., xux, 13. Les Hébreux ne furent jamais maîtres de la grande ville. Cf. Jos., xm, 3, 6 ; xix, 28 ; Jud., i, 31 ; iii, 3 ; x, 12, xviii, 7.

1° La suprématie de Sidon subsista jusqu’à l’époque où les Philistins brisèrent sa puissance en s’emparant de Dor (1252 avant J.-C). Depuis lors elle fut éclipsée par Tyr, mais conserva néanmoins son indépendance. — Elle est encore nommée quelquefois dans l’Écriture, mais l’éclat de sa puissance s’est évanoui. L’auteur de III Reg., xvi, 31, reproche à Achab, roi d’Israël, son mariage avec la Sidonienne Jézabel comme un plus grand crime que celui de Jéroboam, l’auteur du schisme.

— Joël, iii, 5, s’élève avec force contre Sidon qui veut vendre les Israélites comme esclaves et profane les vases sacrés. — Jérémie, xxv, 22, lui prédit qu’elle boira la coupe de la colère du Seigneur. — Ézéchiel, xxxii, 30, la montre abattue et rejetée avec l’Assyrie, l’Élam et l’Egypte. — Une seule fois, les Sidoniens apparaissent à l’époque des rois comme rendant service au peuple de Dieu, et c’est dans l’intérêt de leur commerce lorsqu’ils transportent avec les Tyriens au roi David les bois nécessaires pour la construction du Temple de Jérusalem. I Par., xxii, 4.

2° Sidon eut à souffrir des armes de l’Assyrie comme toute l’Asie antérieure. Elle fut obligée de payer tribut à Salmanasar II et à Salmanasar IV (727 avant J.-C). Sennachérib la soumit en 701. Asaraddon s’empara de Sidon vers 676, changea son nom en celui de’Ir-Asaraddon ou ville d’Asaraddon, mit à mort son roi’Abd-Melqarth, fit périr un grand nombre d’habitants et transporta en Assyrie le reste de la population.

3° Lorsque Babylone eut supplanté l’Assyrie (606), Sidon eutun moment de répit et elles’alliaavecTyr. Ezech., xxvii, 8. Nabuchodonosor fit porter à Tyr la peine de la rébellion et Sidon recouvra une partie ds son ancienne puissance jusqu’à la chute de Babylone. Cyrus laissa la Phénicie en paix ; ses successeurs lui permirent de s’administrer à son gré et se contentèrent de lui imposer un léger tribut et de lui demander quelques vaisseaux pour leur service. En 351, quand la puissance de la Perse commençait à décliner, Sidon se mit à la tête de la révolte du pays contre Artaxercès Ochus. Elle paya cher son audace : elle fut assiégée, prise et réduite en cendres ; 40000 de ses habitants périrent dans les flammes, après les avoir allumées eux-mêmes pour ravir sa proie au vainqueur. Diodore de Sicile, XVI, xli-xlvi. — Sidon passa ensuite sous la domination d’Alexandre le Grand, après la bataille d’Issus (333). Sous ses successeurs, elle fut soumise tantôt aux Lagides, tantôt aux Séleucides, et ses murs virent fleurir une école de philosophie. Elle passa plus tard sous la domination romaine, et elle lui était soumise du temps de Notre-Seigneur. — Le bruit des miracles du Sauveur attira des Sidoniens auprès de lui en Galilée, Marc, iii, 8, et, en comparant leur foi à l’incrédulité des habitants des bords du lac de Génésarelh, il déclara ces derniers plus coupables, Matth., XI, 21-22 ; Luc, x, 13-14. Il visita lui-même le pays de Tyr et de Sidon, Mat th., xv, 21 ; Marc, vii, 24, et c’est dansce voyage qu’il guérit la fille de la Syro-phénicienne. Matth., xv, 22-28 ; Marc, vii, 25-30. Saint Marc nous apprend, vu, 31, qu’il passa par Sidon après ce miracle. — Les Actes, xii, 20, nous apprennent que les Sidoniens envoyèrent des députés à Hérode Agrippa I er à Césarée pour calmer sa colère contre eux. Voir Hérode 6, t. iii, col. 650. — Saint Paul passa à Sidon quand il fut amené prisonnier à Rome. À et., xxvii, 3. C’est dans ce passage que Sidon est nommée pour la dernière fois.

    1. SIDONIE##

SIDONIE (218wv : a), pays et territoire de Sidon. Dans le Nouveau Testament grec, Sarepta, Luc, IV, 26, est