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SICHEM


Grecs (330 avant J.-C), tous « les habitants de la Sa marie reconnaissaient Sichem pour métropole. » Ant.. jud., XI, viii, 6. Cette unification dont la ville de Sichem était le centre, et la haine de Jérusalem et du juif Adèle, l’âme, n’en restait pas moins une agglomération incohérente pour laquelle l’auteur de l’Ecclésiastique dit, l, 28 : « Deux nations me répugnent, et une troisième qui n’est pas un peuple : les habitants de Seïr et ceux de la terre des Philistins et la nation insensée réunie autour de Sichem. » — En apprenant qu’Alexandre était en Judée, les Sichitnites, espérant obtenir pour leur ville les prérogatives accordées par lui à Jérusalem, allèrent à sa rencontre l’inviter à venir visiter Sichem. Le prince macédonien les renvoya poliment, en remettant à plus tard cette visite. Ant. jud., loc. cit. La Chronique sam., c. xlvi, p. 46-47, rapporte à Sichem tout ce que l’histoire raconte du passage du conquérant à Jérusalem. Cf. J. Derenbourg, Histoire de la Palestine, c. iii, Paris, 1867, p. 41. — Menacés non moins que les Juifs par le dessein d’Antiochus IV d’abolir le culte de Jéhovah, II Mach., v, 23 ; vi, 1-2, les Sichimites s’empressèrent d’écrire « au roi Antiochus, au dieu Épiphane ». Ils le priaient d’avertir le gouverneur Apollonius de ne pas les confondre avec les Juifs, avec lesquels ils n’avaient rien de commun, pas plus de mœurs que d’origine. Ils offraient de consacrer leur temple à Jupiter hellénique et de se conformer aux usages des Grecs. Ils se nommaient eux-mêmes <c Sidoniens de Sichem », en invoquant comme preuve de cette origine les actes publics. Par ces bassesses Sichem et la Samarie échappèrent à la persécution. Ant. jud., XII, v, 5. — Le trait caractéristique de là Sichem samaritaine, c’est qu’elle fut toujours le refuge assuré de tous les Juifs violateurs de la loi qui voulaient échapper au châtiment. Ant. jud., XI, viii, 7. Jean Hyrcan, laissé libre par la mort d’Antiochus VII (128 avant J.-C), mit fin à cet état de choses en s’emparant de Sichem. Il en emmena les Cuthéens qui s’y trouvaient et l’assujettit aux Juifs. Ibid., XIII, ix, 1. Elle fut, avec toute la Samarie, annexée à la province romaine de Syrie, lors de la déposition d’Archélaus (6 après J. C).

III. SICHEM DU TEMPS DE NOTRE-SEIGNEUR ET

depuis. — La première année de sa vie évangélique, le Sauveur retournant de Jérusalem en Galilée avec ses disciples s’arrêta sur le territoire de Sichem, au puits de Jacob, près de Sichar. Joa., iv, 3-23. Cf. Jacob (Puits de), t. iii, col. 1075, et Sichar. Quel que soit le site de Sichar, les habitants de Sichem ne purent ignorer, pendant les deux jours que Jésus s’arrêta en ce lieu, la présence du prophète de Galilée qui se disait le Messie, et il est impossible qu’ils ne soient pas de ceux qui vinrent pour l’entendre. Ainsi, il y a tout lieu de croire qu’au moins un certain nombre d’entre eux sont désignés par les mots « un beaucoup plus grand nombre crurent en lui. » 41. — Ils étaient les premiers que les apôtres et les prédicateurs de l’Évangile, après la Pentecôte, devaient visiter, afin de développer en eux le germe de la foi que le Maître avait lui-même jeté dans leur âme. Cf. Act., vin, 1-25. — Le christianisme fit dès lors de nombreux disciples à Sichem et dans son territoire, mais une partie des habitants resta attachée à la secte des Samaritains qui n’avait cessé de s’y perpétuer. — Ceux-ci, poussés à bout par les exactions des gouverneurs romains et par leur intolérable orgueil, et malgré leur tendance à faire toujours le contraire des Juifs, semblaient vouloir suivre le mouvement insurrectionnel commencé en Judée. Une multitude d’entre « uxse réunirent en armes au Garizim. Vespasien, alors occupé au siège de Jotapata (67), envoya Céréalis, chef de la ve légion, pour comprimer ce mouvement. Bell, jud., III, vii, 32. Les troupes romaines occu pèrent tout le pied du Garizim et par conséquent Sichem, afin d’empêcher toute communication avec la montagne. C’est en cette occasion, selon toute apparence, que l’antique Sichem finit par disparaître avec son nom. — La Galilée était écrasée, la plaine du littoral de la Judée dévastée et le chemin de Jérusalem du côté de l’occident gardé par la Ve légion établie à Emmaûs, à l’entrée des montagnes ; Vespasien songeait à établir une garde analogue à Jéricho, sur le chemin montant de l’Orient à Jérusalem. « Quittant Emmaûs où il était revenu avec le reste de son armée, il traversa la Samarie et vint près de la localité appelée Néapolis, et Mabortha par les indigènes ». Ibid., IV, vin, 1. Est-ce en cette occasion que le général romain fonda, à côté de Sichem déserte, la « Ville neuve » ? Plusieurs le pensent. Il n’était pas moins nécessaire, en effet, que la route du nord et le & défilé » de Sichem fussent gardés que les passages commandés par Emmaûs et Jéricho, et qu’on y laissât un corps de troupes permanent, si toutefois cette mesure n’avait pas été prise déjà. Le récit de l’historien juif suppose la préexistence de Néapolis à l’arrivée de Vespasien. Il est bien probable qu’aussitôt après le massacre du Garizim, Céréalis avait laissé là une garnison pour surveiller les Samaritains et les empêcher de se réunir de nouveau et que ce fut l’origine de la « nouvelle ville ». La colonie romaine qui s’y établit, ajouta au nom de Néapolis celui de la famille Flavia de laquelle sortait Vespasien, sans doute après la promotion de celui-ci à l’empire. Voir S. Justin, Apolog., i, 1, col. 329 ; les médailles frappées par la ville, t. iii, lig. 17, col. 110 ; Mionnet, op. cit., t. v, p. 499 ; Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, p. 1005-1006. — On voit, par l’exemple de saint Justin, que le christianisme avait pénétré de bonne heure à Néapolis, même parmi les. païens. On trouve le nom de « Germain de Néapolis de Palestine » apposé aux actes du concile d’Ancyre tenu en 314, de celui de Néocésarée de la même année et de Nicée en 325. Labbe, Concilia, t. i, col. 1475, 1488 ; t. ii, col. 325. Les chrétiens de Néapolis eurent plus d’une fois à subir de cruelles vexations de la part des Samaritains. Le christianisme y demeura néanmoins florissant jusqu’à l’occupation de la ville par les Arabes mahométans (636). Il y reprit quelque éclat avec les Croisés. Néapolis recouvra alors son titre épiscopal, mais uni à celui de Sébaste, et un grand synode s’y tint en 1120. Guillaume de Tyr, Historia transmarina, 1. XII, c. xm ; cf. IX, xi ; XIV, xxvii ; XVII, xiv ; XIX, xii ; XXI, iv ; XXII, vn ; XXIII, xviii. Voir Lequien, Oriens christianns, Paris, 1740, t. iii, p. 645680, 1289-1290.

IV. État actuel. — Depuis la conquête arabe, Ndblus n’a point cessé d’être à la tête du territoire qui fut l’ancienne province de Samarie et elle est aujourd’hui le chef-lieu du mutsarrifiéh (préfecture) de son nom, dépendant du gouvernement général de Beyrouth. Grâce à la richesse de son sol, elle a toujours joui d’une grande aisance et exercé un commerce assez actif. Les fruits, l’huile d’olive, le coton, la laine, les cuirs font l’objet de ce commerce, mais particulièrement le savon d’huile d’olive. Plus de vingt fabriques sont constamment occupées à le préparer.

La population y est d’environ 25000 habitants, presque tous mahométans. On n’y trouve plus que 150 samaritains et 700 chrétiens, dont 500 attachés au schisme de Photius avec un évêque de leur rite, une centaine de catholiques latins et autant de protestants anglais, américains et autres. Jusqu’à ces dernières années, les juifs avaient toujours redouté de s’approcher de Naplouse. <t II n’y a point de juifs là, » disait rabbi Benjarnin, de Tudèle, en 1173. Itinéraire, édit. Lempereur, Leyde, 1633, p. 38. Quelques familles y sont maintenant établies. Êald*ah et el-Askar sont réputés