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SIBYLLINS (ORACLES) — SICELEG


oracles ou fragments d’oracles, dans lequel on distingue cependant un auteur principal, qui est, semble* t-il, un juif d’Egypte : il parle de la ruine de Jérusalem en 70 comme d’un événement qui est arrivé sous ses yeux : il peut avoir écrit sous Domitien ou Nerva, dans les deux derniers decennia du premier siècle. D’autres morceaux sont plus récents : en tête (1-51) figure une revue des empereurs romains qui va jusqu’à Hadrien, l’auteur est un juif du temps de Marc Aurèle. En guise de conclusion (512-531), peut-être a-t-on affaire à un morceau d’une apocalypse gnostique. Ça et là, quelques interpolations chrétiennes. Schûrer. p. 442-443 ; Geffken, p. 22-29.

d) Le livre VII (162 vers) est une pièce très curieuse, chrétienne d’origine, pas catholique, venue probablement de quelque milieu judéo-chrétien, vers le milieu du second siècle, si nous en croyons M. Geffken, p. 33-37.

e) Le livre VI (28 vers) est une prophétie de la mission du Christ, de ses miracles, de sa mort sur la croix. M. Geffken l’appelle un hymne, l’attribue au second siècle, et y voit l’œuvre d’un hérétique, sans qu’il puisse déterminer à quelle hérésie il appartient. Geffken, p. 31-32. Ce morceau était célèbre : il a élé cité par Lactance, Divin. Institut., iv, 13, 21, édit. Brandt, p. 322.

f) Le livre VIII (500 vers) est, au jugement de Geffken, un vrai modèle du genre. L’auteur est un chrétien. Son poème a été connu par Lactance ; mieux encore, par Théophile d’Antioche, ce qui nous reporte à la fin du second siècle ; ce serait donc au plus tard peu avant 180 que le poème aurait été mis en circulation. Il est pour une part fait de pièces plus anciennes, que Geffken analyse comme suit : 1° une pièce païenne, fragmentaire (131-138, 151-159, 160-168) ; 2° une pièce chrétienne, moitié historique, moitié eschatologique (50-72, 139-150, 169-216, 337-358) ; 3° une pièce chrétienne violemment anti-romaine, en partie eschatologique (1-49, 73-130) ; 4° la fameuse pièce, eschatologique, formant acrostiche sur les mots : ’Iï]<70-j ; Xpetoroç ôeoîj utbç <tù)tï] ? (rraupot ; (217-250) ; 5° un long morceau résumant l’histoire évangélique (251-323), un autre moral (324-336, 480-500), un autre eschatologique (359-428), un autre sur l’incarnation du Verbe (429-479). Si cette répartition des sources du livre Vlllestacceptée. ce livre apparaît comme un agrégat de morceaux très divers et cependant bien fondus dans l’unité de style que lui a donnée le rédacteur final. Ce rédacteur semble devoir être cherché au second siècle, à l’époque des apologistes, vers 150-160 ; c’est un contemporain de saint Justin, au jugement de Geffken, p. 46. M. Bousset, cependant, croit que le compilateur du livre VIII est plus récent ; il le date du 111e siècle, et en fait un contemporain de la reine Zénobie, vers 270. Bousset, art. cit., p. 275.

La pièce acrostiche est peut-être le morceau le plus célèbredes Oracula sibyllina. Au dire de Cicéron les anciennes sibylles usaient d’acrostiches comme d’une forme ënigmalique à donner à leurs oracles [De divinalione, n, 54) : en conséquence, on voyait dans l’acrostiche sur le Sauveur un bon signe de l’authenticité de la prophétie attribuée à la sibylle Erythrée. Saint Augustin raconte, DeCiv. Dei, xviii, 23, t. xli, col. 579, que son ami Flaccianus, qui avait été proconsul et qui était un homme fort instruit, lui montra un jour un manuscrit grec qui se donnait pour des carmina Sibyllse Erythree.se, et où se lisait notre acrostiche. Augustin rapporte là mêmequ’il connaissait une version latine versibus maie latinis et non stantibus, faite par un inconnu, de cet acrostiche fameux. Et il en cite une version latine meilleure et en vers corrects. Eusèbe dans le discours Ad sanctorum cœtum qu’il prête à l’empereur Constantin, cite tout au long l’acrostiche,

comme une prophétie faite du Christ par la sibylle Erythrée, prêtresse d’Apollon, dans la sixième génération après le déluge. Eusèbe, Ad sanctorum cœtum, 18, édit. Heikel, p. 179-181. Eusèbe sait que beaucoup de bons esprits ne croient pas à l’authenticité du prétendu oracle de cette sibylle, mais, pour lui, il n’estime pas ces doutes justifiés, car il sait que, avant la naissance du Christ, Cicéron a connu cette pièce acrostiche et qu’il l’a traduite et insérée dans ses propres écrits. lbid., 19. Cette assertion d’Eusèbe est sans fondement. L’acrostiche de notre sibylliste a été très populaire au moyen âge. C’est à lui que fait allusion le Dies iree (Thomas de Celano, XIIIe siècle) : …solvet sœclum in favilla, teste David cum Sibylla.

g) Les livres I er (400 vers) et II (347 vers) forment un tout, qui serait une réfection chrétienne exécutée dans la seconde moitié du me siècle, d’un écrit sibylliste juif de date indéterminée. Bardenhewer, p.653. Geffken, p. 52. Au livre I er, les vers 319-400 présentent une prophétie de la venue du fils de Dieu parmi les hommes, de sa prédication, de ses miracles, de sa résurrection. Le rédacteur de ce morceau emprunte au livre VIII ». Ce même rédacteur a interpolé la première partie du livre I er d’emprunts aux livres VII et VIII. Dans le livre II, les vers 34-153 sont une suite de maximes de morale, d’une inspiration qui peut être juive ou stoïcienne. Le morceau II, 238-347, est une description du jugement présidé par le Christ. Parmi les pécheurs punis le sibylliste signale des prêtres et des diacres prévaricateurs. Le châtiment des pécheurs ne durera qu’un temps, et ils seront à la fin pardonnes et réunis aux élus dans la vie éternelle des champs Elysées. Sur quoi un lecteur orthodoxe a interpolé sept vers de protestation contre cette erreur et contre Origène qui en est l’auteur.

M. Bousset identifie l’auteur de III, 63-96, avec l’auteur du remaniement dulivrell.et retrouve dans 111, 77 sq., des allusions à Zénobie survivant (267-273) au meurtre de son mari Odenath. Bousset, p. 275.

h) Les livres XI, XII, XIII (324, 299 et 173 vers) semblent à M. Bardenhewer former une suite et avoir été écrits par la même plume : le sibylliste déroule l’histoire universelle depuis l’ancienne Egypte jusqu’au règne de Gallien. Il était chrétien et appartient à la seconde moitié du IIIe siècle. Le livre XIV (361 vers) est peut-être du même écrivain que les livres XII et XIII. Geffken, p. 61-62, rattache XII et XIII au christianisme du temps et de l’entourage de Zénobie ; mais XI serait d’une plume juive du m « siècle, XIV également et du IVe siècle au plus tôt. Bardenhewer, op. cit., p. 655.

L’histoire littéraire témoigne du crédit dont ont joui jadis les Oracula sibyllina. Ils sont connus et cités par Alexandre Polyhistor, vers 80-40, avant notre ère. Schûrer, p. 444. Il est douteux que Virgile, dans sa fameuse quatrième églogue doive rien aux sibyllistes juifs. Ibid., j>. 445. Sur l’usage que les Pères de l’Église ont fait d’eux, voyez Vervorst, De carminibus sibyllinis apud sanctos Patres disceptatio, Paris, 1844 ; Besançon, De l’emploi que les Pères ont fait des oracles sibyllins, Montauban, 1851 ; et Schûrer, p. 446-447. Pour la bibliographie détaillée du sujet, Schûrer, p. 448-450. P. Batiffol.

    1. SICELEG##

SICELEG (hébreu : Siqlag ; Septante : SsxeXctx, SixeXix), ville de la tribu de Juda, Jos., xv, 21, qui fut donnée à la tribu de Siméon. Jos., xix, 5 ; I Par., iv, 30. — 1° Le site n’en a pas été reconnu d’une manière certaine. Les explorateurs anglais ont proposé de l’identifier avec les ruines de Zouheilikéh, à l’est-sudest de Gaza. Ces ruines couvrent trois collines basses, à six kilomètres environ au nord de l’ouadi es Seri’a, qu’on croit être le Besor de I Sam. (Reg.), xxx, 9, 10, 21. Voir la carte de la tribu de Juda, t. iii, visà-vis col. 1759. Cf. Besor, t. i, col. 1641. — 2° Siceleg