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SESAC


A peine monté sur le trône, Sésac se hâta de légitimer sa succession en faisant épouser à son fils Osorkon Kamara, la.fille du dernier roi tanite de la XXIe dynastie, Pasebkhanou ou Psousennés II. Cf. G. Legrain, Le dossier de la famille Nibnoutirou, dans Recueil des travaux relatifs à laphilologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, t. xxx, 1908, p. 160 et tableau. De ce fait, il devenait le suzerain incontestable du Delta, et, comme il possédait déjà le fief d’Héracléopolis, comprenant la Moyenne Egypte, de Memphis jusque vers Siout, il ne restait plus en dehors de son influence que le domaine ou la portion d’Amon, c’està-dire Thèbes et la Haute Egypte. Pas plus tard que l’an V, cette principauté lui échut en partage, et il établit Aoupout, son second fils, grand-prêtre d’Amon, Cf. Maspero, Momies royales de Deir el-Bahari, dans Mémoires de la mission française au Caire, t. i, 1884, p. 573.

II. Campagne en Palestine. — Le fait saillant du règne est l’invasion du royaume de Juda. Par malheur la date nous en est inconnue. W. M. Mûller, Eine neue lnschrift zu den asiatischen Zûgen des Pharao Schischaq, dans Orientalische Litteratur-Zeitung, . iv, 1901, p. 280-282, et art. Shishak, dans Cheyne-Black, Encyclopedia biblica, t. iv, col. 4485-4487, pense qu’il est plus naturel de supposer que Scheschanq entreprit son expédition peu après son intronisation, suivant l’usage de plusieurs pharaons. Maspero, Histoire ancienne, t. ir, p. 773, note 1, la place vers l’an XVIII, et Breasted, Ancient Records of Egypl, t, iv, 1906, p. 348, vers 926, dans la dernière moitié du règne. D’après Breasted, À History of Egypt, 1905, p. 529, Sésac aurait été le beau-père de Salomon, tandis que d’après d’autres, c'était Psousennés II. Voir Jéroboam I er, t. iii, col. 1301. C’est aussi prés de Sésac que se réfugia Jéroboam. III Reg., xi, 40. De son invasion en Palestine la Bible nous donne la raison supérieure : l’abandon du Seigneur par fioboam. III Reg., xiv, 24-25 ; II Par., xii, 1-2, 5. Les querelles intestines de Juda et d’Israël étaient d’ailleurs pour Sésac une occasion propice de consolider son trône en jouant aux grands pharaons de naguère et en affirmant à nouveau les prétentions de l’Egypte sur la Palestine. Donc, « la cinquième année du règne de Roboam, Sésac, roi d’Egypte, monta à Jérusalem, » IIIReg., xiv, 25, « avec douze cents chars de guerre et soixante mille cavaliers, et la multitude qui était venue d’Egypte avec lui ne pouvait se compter ; c'étaient des Libyens, des Suhkim (Vulgate, Troglodytes) et des Éthiopiens. Et il prit les places fortes de Juda et s’avança jusqu'à Jérusalem. » II Par., xii, 3, 4. « Et il enleva les trésors de la maison.du Seigneur, et les trésors du roi, et pilla tout. Il prit aussi les boucliers d’or que Salomon avait faits. » III Reg., xiv, 26 ; cf. II Par., xii, 9. Pour les troupes auxiliaires du pharaon, voir Ethiopie, t. ii, col. 2007-2013 ; Libye, t. iv, col. 238241 ; Troglodytes. Sur le fait qu'à rencontre des livres de Moïse le roi d’Egypte est désigné ici par son nom, voir Pharaon, col. 192.

III. Ses constructions. — Ses coffres remplis par le pillage, Sésac pouvait reprendre les grandes constructions interrompues au grand temple de Karnak depuis deux siècles. En l’an XXI, son fils Aoupout, le grand-prêtre d’Amon, dépêcha des ouvriers pour ouvrir une nouvelle carrière à Silsiléh. Le plan royal était de contribuer à l’embellissement de Karnak par l'érection d' « un très grand pylône » dont « les doubles portes monteraient à des myriades de coudées. » Derrière le pylône et * pour la demeure de son père Amon-râ, le roi des dieux, » s'étendrait « une cour entourée d’une colonnade et destinée à la célébration des fêtes jubilaires. » Stèle de Silsiléh, dans Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, 'Bl. 254 c, lig. 1-11. La cour existe encore en

avant de la grande salle hypostyle et du second pylône actuel. Elle a cent trois mètres de largeur sur quatrevingt-quatre de profondeur. À l’ouest, la colonnade a été remplacée par le premier pylône dû aux Ptolémées. Mais elle subsiste aux côtés nord et sud. De ce dernier côté elle franchit le temple de Ramsès III. Entre ce temple et le second pylône, à l’angle sud-est de la cour, s’ouvre la porte de Scheschanq I er, plus connue sous le nom de « Portique des Bubastites » et où les rois et les grands-prêtres delà XXIIe dynastie ont gravé leurs annales. À l’extérieur et à droite du portique, sur la face sud du second pylône, dans le voisinage des exploits syriens de Ramsès II, Sésac consigna (fig. 361) le souvenir de sa campagne en Palestine, donnant ainsi au récit biblique une confirmation éclatante. VoirNo-AMON, t. iv, col. 1645-1646, le plan de Karnak. À droite de la scène, Sésac saisit par les cheveux un groupe de Sémites aux mains levées en signe de merci, et brandit sa massue au-dessus de leurs têtes. À gauche arrive Amon présentant de la main droite la harpe au pharaon et, de la gauche, tenant en laisse cinq rangées de soixante-cinq captifs. Au-dessous, la déesse protectrice de Thèbes en autant de rangées amène quatre-vingt-onze autres prisonniers. L’on a donc cent cinquante-six captifs. Chacun d’eux symbolise une ville fortifiée de la Palestine dont le nom est enclos dans un ovale crénelé. Du captif on ne voit, au-dessus de l’ovale, que les épaules et le profil hardiment sémite. Les deux bras liés pendent en arrière. Malheureusement beaucoup de noms ont disparu sous l’action du temps et des vandales. Il n’en reste que soixante-quinze environ. Faute de ressources ou de temps, les autres constructions de Sésac ne furent pas considérables. C’est à peine si elles se révèlent par de rares fragments à Memphis, à Bubaste, à Phithom, et à Tanis. Près d’El-Hibbéh, dans la Moyenne Egypte, il éleva cependant un temple aujourd’hui à peu près disparu où se voyait une deuxième édition de son triomphe. Annales du service des antiquités, t. ii, 1901, p. 84, 154.

IV. LA liste des villes. — La Bible nous dit seulement que le pharaon « prit les places fortes de Juda et s’avança jusqu'à Jérusalem. » II Par., xii, 4. Mais les villes de Juda ne sont pas les seules dans la liste. Celles d’Israël en occupent la première partie surtout. En parcourant cette liste mutilée et en nous en tenant aux noms géographiquement déterminables, on reconnaît, en effet, Rabbolh, Thanach, iSuneni, Rohob, Hapharaïm, Mahanaïm, Béthoron, Mageddo, toutes villes du royaume d’Israël et qui, dans Lepsius, Denkmâler, 252, 255a, figurent respectivement sous les n. 13-18, 22, 24 et 27. Il faut y ajouter le n. 32, Arouna, qui nous est connue par les Annales de Thotmès III, Lepsius, loc. cit., 31 b, lig. 57, 69, 70, et qui se trouvait sur la pente méridionale du Carmel ; et le n. 56, Adima, qui pourrait bien être l'Édema de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 36. Au royaume de Juda reviennent les n. 19, 23, 26, 38, Aduram, Gabaon, Aïalon et Socho. Gabaon appartenait à la tribu de Benjamin, les trois autres sont de celles que Roboam avait fortifiées. II Par., XI, 7-10. Mais il y avait deux Socho, l’une dans la Séphélah, vers les monts de Juda, l’autre au sud-ouest d’Hébron, sans parler d’une troisième située près de Ramatha, la patrie de Samuel. Cf. W. M. Mûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmâlern, 1893, p. 161. Il y avait également une seconde Aïalon, dans la tribu de Dan. Le n. 59, Yrouzaa, n’est autre que la Yeraza des Annales de Thothmès III, lig. 12, à chercher dans le nord-ouest de la Judée. La liste nous fournit ensuite un certain nombre de noms composés divisés en deux cartouches, une fois même en trois (n. 107, 108, 109), dont le plus intéressant est, s’il était certain, n. 71-72, Pa-houkrouaabaram, « le champ d’Abraham », Breasted, The American Journal of semitic Languages and Littératures,