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SERVITEUR — SÉSAG


en son nom sa mission rédemptrice. Voir Serviteur

DE JÉHOVAH. H. LESÊTRE.

    1. SERVITEUR DE JÉHOVAH##

SERVITEUR DE JÉHOVAH, nom attribué au Messie dans quatre passages d’Isaïe, xlii, 1-9 ; xlix, 1-6 ; l, 4-9 ; lii, 13-liii, 12. — Dans ces passages, il est question d’un serviteur innocent et juste, qui délivre les captifs, meurt pour son peuple, est la lumière des nations et annonce la loi divine aux peuples lointains. Toute l’ancienne exégèse, juive ou chrétienne, a reconnu le Messie dans ce serviteur.

Pour éluder la portée messianique de ces textes, les rabbins du moyen âge ont enseigné que ce serviteur n’était autre que le peuple d’Israël, cf. Driver and Neubauer, The fifty-third Chapter of Isaiah according to the jewish interprétera, Oxford, Londres, 1877, et beaucoup de critiques rationalistes ont adopté leur interprétation, quittée modifier les textes pour la rendre plausible. Cf. Reuss, Les prophètes, Paris, 1876, t. ii, p. 280 ; Giesebrecht, Der Èneeht Jahves des Deuterojesaia, Konigsberg, 1902 ; G. Workman, The Servant of Jehovah, Londres, 1907. Comme il est impossible de justifier l’application des textes à une collectivité, d’autres ont préféré les entendre d’une individualité, Zorobabel ou le roi Joachin, cf. E. Sellin, Serubbabel, Leipzig, 1898, Der Knecht Gottes bei Deuterojesaia, Leipzig, 1901 ; Dos Râlsel des Deulerojesajanischen Bûches, Leipzig, 1908, ou encore un prophète. Cf. W. Stærk, Bemerkungen zu den Ebed Jahwe-Liedem, dans la Zeitschrift fur wissench. Théologie, 1908, p. 28. Mais aucun de ces personnages ne réalise ce qui est dit de la mission d’enseignement du serviteur, Is., xlix, 1, 2 ; l, 4, ni surtout de ses souffrances rédemptrices. Is., lii-13-liii, 12. — À les prendre dans leur sens naturel, les termes employés par le prophète ne conviennent exactement qu’à Jésus-Christ. Cf. H. Monnier, La mission historique de Jésus, Paris, 1906, p. 278-283. L’application formelle lui en est faite par les auteurs du Nouveau Testament : Js., xlii, 1-4 ; Matth., xii, 18-21 ; iii, 17 ; xvii, 5 ; Marc, i, 11 ; Luc, iii, 22 ; — Is., xlix, 6 ; Act., xiii, 47 ; — Is., L, 6 ; Matth., xxvi, 67 ; — Is., lui, 1-12 ; Matth., viii, 17 ; xxvi, 63 ; Marc., ix, 1 1 ; xv, 28 ; Luc., xxii, 37 ; xxiii, 34, Joa., xii, 38 ; Act., viii, 32 ; Rom., x, 16 ; I Cor., xv ; 3 ; I Pet., ii, 22 ; I Joa., iii, 5. Les Pères n’interprètent pas ces passages autrement. Un rabbin du xiv » siècle, Mosé Kohen ibn Crispin, déclare que l’interprétation collective détourne les passages d’Isaïe de leur sens naturel, et que lui-même les entend du Roi-Messie, conformément à la doctrine des anciens maîtres. Cf. Driver and Neubauer, The fifty-third Chapter of Is., xxiv, p. 99. — Voir Isaïe (Le livre d’), t. iii, col 981 ; Knabenbauer, In Is. proph., Paris, 1887, t. ii, p. 331338 ; Peldmann, Der Knecht Gottes in Isaias Kap. 40-55, Fribourg-en-Br. ; Condamin, Le livre d’haie, Paris, 1905, p. 334-341 ; Le serviteur de Iahvé, dans la Revue biblique, 1908, p. 162-181 ; Van Hoonacker, L’Ébed lahvé, dans la Revue biblique, 1909, p. 497-528.

H. Lesêtre.
    1. SÉSAC##

SÉSAC, nom dans la Vulgate d’un roi d’Egypte et d’un Israélite dont le nom est écrit différemment en hébreu.

1. SÉSAC (hébreu : Sisaq ; Septante : So « (raxi|j.)> r °i d’Egypte. — I. Son origine. — Dès l’Ancien Empire, les Libyens sont en contact avec la vallée du Nil, comme tribus pillardes, soumises ou mercenaires. Principalement sous le nom de Timihou, et de Tinihou, plus tard, de Libou etde Masaousa, ils errent dans les vastes solitudes du Sahara. À la XIXe dynastie et à la XXe, ils se multiplient aux portes de l’Egypte, s’unissent aux peuples de la mer et s’abattent sur le Delta occidental. Ménephtah, puis Ramsès III arrêtent leurs flots

envahisseurs. Les Libyens, dès lors plus connus sous le nom de MaSaousa, l’une de leurs principales tribus, deviennent les soldats privilégiés de l’Egypte, et ce qu’ils n’avaient pu obtenir par la force, ils l’obtiennent par une lente et pacifique pénétration. Leurs chefs, généraux de l’armée égyptienne et vrais barons féodaux, ne cessent de grandir à mesure que s’accentue la décadence delà famille royale. Cf. Maspero, Aratoire ancienne des peupleslde’J’Orient classique, t. ii, 1897, p. 766-768. Or, vers la fin de la XXe dynastie ou au début de la XXI », parmi les’[Libyens fixés sur le sol d’Egypte, se trouvait un, certain Bouiouaoua, dont nous pouvons suivre la longue filiation. Stèle d’Horpasen, dans Mariette, Le Serapéum de Memphis, 1857, pi. xxxi. Ses descendants furent d’abord généraux des MaSaousa et prêtres d’Arsaphès dans Héracléopolis-la-Grande. Scheschanq, le quatrième d’entre eux, épousa une femme de sang royal, Mehetnouskhit. Son petit Fig. 360. — Portrait de Sésae.

D’après Lepsius, Denkmàler, Alth.IIJ, pi. 300, n. 76.

fils, s’appelant aussi Scheschanq, effaça tous ses prédécesseurs. Il fut le premier roi de la dynastie bubas tite. C’est notre ( TiTiT TiTiT I, ëaSanq, Scheschanq

ou Scheschonq I er, le EecrâYX’; de Manéthon, le ëisaq de l’hébreu par assimilation de Vn, le Sésac de la Vulgate, le fondateur de la XXII » dynastie (fig. 360). C’est en vain que Birch d’abord, Observations on two egyptian cartouches found at Kimroud, dans Transactions of the Society of littérature, IIe série, t. iii, 1850, p. 165, puis Brugsch, Geschichte Aegyptens, 1877, p. 644, 651-659, et quelques autres, rapprochant les noms d’Osorkon, Takelot et Nimerat, de Sargon, Tiglat etNimrod, ont voulu donner à cette dynastie une origine babylonienne. Pétrie, À History ofEgypt, 1. 111, 1905, p.232, forçant encore ces rapprochements, demeure partisan de cette origine envers et contre tous. Il suffira de rappeler qu’à l’avèDement de la XXII dynastie, l’Assyrie sortait à peine d’une crise d’impuissance et qu’elle n’avait aucun moyen de s’imposer à l’Egypte. Cf. Goodspeed, A History of Babylonians and Assyrians, l’édit., 1906, p. 185-187. D’ailleurs entre les deux pays, s’interdosait le royaume prospère de David et de Salomon.