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1673

SERPENT — SERPENT D’AIRAIN

1674

son livre Au f, ays des pyramides, in-4°, Tours, 1896, p. 112-116° (F. Vigouroux).

3° Les serpents brûlants. — Au désert, les Hébreux murmurent à cause de la longueur du chemin et de la monotonie de la nourriture. Alors Dieu envoie des serpents brûlants qui les mordent et en font périr un grand nombre. Num., xxi, 6, 8 ; Deut., viii, 15. Ces serpents sont appelés serdfîm, ô’çsiç oî SavatoOvTsç, « des serpents mortels », igniti serpentes. Ce nom de ierdfîm vient de êâraf, « brûler ». On ne peut dire à quelle espèce appartenaient ces serpents. Mais la presqu’île sinaïtique abonde en serpents très dangereux. Les Hébreux furent effrayés des blessures cuisantes et mortelles qu’ils en reçurent. Pour arrêter le fléau, Moïse dressa le serpent d’airain. Voir Serpent d’airain, col. 1674. Cf. Judith, viii, 25 ; I Cor., x, 9.

4° Les serpents volants. — Isaïe, xiv, 29, dans son oracle sur les Philistins, dit que, si la verge qui les frappait a été brisée, de la race du serpent sortira un basilic, dont le fruit sera un sdrdf me’ôfêf, « un serpent volant ». Ce serpent représente les fléaux qui châtieront les Philistins. Les Septante traduisent par ôfsiî 7reTâ|ievoi, « serpents ailés », et la Vulgate par absorbens volucrem, « dévorant l’oiseau ». Ailleurs, le prophète énumère, parmi les animaux qui infestent le désert entre la Palestine et l’Egypte, e sdrâf me’ôfêf, ê/iyova àuni’SMv Tusïopivcov, regulus volans, « le serpent volant ». Is., xxx, 6. Hérodote, ii, 75 ; iii, 107, 109, parle aussi de serpents ailés qui, au commencement du printemps, volent d’Arabie en Egypte, mais sont arrêtés et tués par les ibis. Il ajoute que ces serpents gardent les arbres à encens en Arabie, et qu’on les en écarte en brûlant du styrax. On ne connaît pas de serpents ailés. Il existe seulement un petit saurien, appelé dragon, draco ou dracunculus, pourvu de deux membranes latérales formées par un repli de la peau. Le dragon ne peut pas se servir de ces appendices pour voler ; il les utilise seulement pour se maintenir en l’air quand il saute de branche en branche. Ce dragon n’habite pas les déserts, mais les forêts, comme le suppose Hérodote qui en fait le gardien des arbres. Il suit de là que les serpents auxquels Isaïe fait allusion sont simplement des serpents de sable, qui se meuvent avec une grande rapidité, à moins que le prophète ne prête des ailes à certains serpents pour marquer qu’ils sont plus agiles et plus dangereux que toutes les autres espèces connues. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, p. 278.

5° Traits bibliques sur les serpents. — 1. Il est souvent question du venin des serpents. Deut., xxxii, 33, Ps. Lvm (lvii), 5, etc. Voir Venin. C’est en mordant que le serpent inocule le venin contenu dans ses crochets ; du reste, pour y réussir, le serpent frappe plutôt avec ses crochets qu’il ne mord. Am., ix, 3 ; Sap., xvi, 5. — 2. Les serpents ont la langue très effilée et très mobile. Les méchants aiguisent leur langue comme le serpent ; mais le venin est sous leurs lèvres et non au bout de leur langue. Ps. cxl (cxxxix), 4. — 3. Le serpent fait entendre un sifflement qui effraie, surtout dans les ténèbres. Sap., xvii, 9. — 4. Les serpents rampent dans la poussière. Deut., xxxii, 24. Pour caractériser cette attitude, les auteurs sacrés disent qu’ils mangent ou lèchent la poussière, Is., lxv, 25 ; Mich., vii, 17, comme nous disons de quelqu’un qui est tombé dans le combat, qu’il mord la poussière. — 5. Le serpent fréquente les rochers ; mais il est impossible de reconnaître sa trace sur le roc. Prov., xxx, 19. On s’expose à la morsure du serpent quand on met la main sur le mur de pierres sèches où il se cache, Am., v, 19, ou qu’on renverse ce mur. Eccle., x, 8. Du reste, le serpent est extrêmement rusé pour fuir le danger. Gen., iii, 1. Notre-Seigneur recommande à ses disciples d’être prudents comme le

serpent, Matth., x, 16, car le serpent ne s’expose jamais au péril et il se dérobe à la moindre menace. — 6. Le serpent venimeux est toujours à craindre et à fuir. Il faut fuir le péché comme le serpent, Eccli., xxi, 2, et se défier du viii, qui finit par mordre comme le serpent. Prov., xxiii, 32. Un père se garde bien de donner un serpent à son fils qui lui demande un poisson. Matth., vii, 10 ; Luc, xi, 11. Notre-Seigneur traite les scribes et les pharisiens de serpents et de race de vipères, à cause de leur influence néfaste sur le peuple. Matth., xxiii, 33. Il faut une protection particulière de Dieu pour fouler aux pieds ou saisir impunément les serpents. Ps. xci (xc), 13. Le Sauveur donne ce pouvoir à ses disciples, Marc, xi, 18 ; Luc, x, 19, indiquant par là qu’il les prémunit contre la malice de tous les ennemis. — 7. Saint Jean voit des chevaux qui ont des queues semblables à des serpents, par conséquent très dangereuses. Apoc, ix, 19. Il voit aussi Satan sous la forme d’un grand serpent. Apoc, xii, 9, 14, 15 ; xx, 2. — Sur le serpent tortueux de Job, xxvi, 13, voir Dragon, t. ii, col. 1504, et sur celui d’Isaïe, xxvii, 1, voir Léviathan, t. iv, col. 213. Sur le qippôz, dans lequel les versions voient un hérisson, Is., xxxiv, 15, et beaucoup d’auteurs un serpent, le serpens jacuhis, voir Duc, 3°, t. ii,

col. 1509.

H. Lesêtre.
    1. SERPENT D’AIRAIN##

SERPENT D’AIRAIN, serpent fabriqué au désert sur l’ordre de Dieu. — Quand les serpents brûlants firent périr en grand nom bre les Israélites révoltés,

Moïse reçut l’ordre de fa briquer un sdrâf sembla ble à ceux qui attaquaient

les coupables et de l’élever

sur un poleau ; ceux qui

étaient mordus et le re gardaient devaient con server la vie. Moïse fit

donc un serpent d’airain,

l’exposa comme le Sei gneur l’avait ordonné et

arrêta ainsi le fléau. Num.,

xxi, 7-9. Les Égyptiens,

chez lesquels le culte du

serpent était en honneur,

cf. Maspero, Histoire an cienne, t. i, p. 120, 121,

représentaient le serpent

dressé sur une tige de lotus

(fig. 357). Cf. Lepsius,

Denkm., Abth, iii, t. vi,

pi. 120. Cette représenta tion apparaît dès la fin de

la XVIII » dynastie, comme

symbole de la royauté sur

l’Egypte du nord (urseus)

et du sud (lotus), dans une

scène de Silsilis, où le roi

Horemheb est allaité par la

déesse Hathor. Chez les

Assyriens, on trouve aussi

Nergal désigné sous le nom

de sarrapu, le même mot

que sdrâf. Cf. Buhl, Ge senius’Handtvôrt., p.8l0.

Les deux Gémeaux, désignés sous les noms de birdu et Sarrapu, étaient considérés comme deux manifestations de Nergal, et figurés par deux serpents enroulés autour d’une perche que surmonte une boule, aux côtés de laquelle leur tête se dégage (fig. 358). Cf. Thureau-Dangin, Le serpent d’airain, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, t. i, 1896 357. — Le serpent urseus, en roulé sur le lotus. L’urœus et

le lotus sont les symboles

de l’Egypte du nord et de

l’Egypte du sud.

D’après Anœss, Atlas, pi. VII