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SÉPULCRE (SAINT)

le retrouver ne peut présenter de pareils témoignages. Nous n’avons pas seulement ici une tradition écrite ininterrompue ; c’est un monument de pierre qui se dresse comme témoin pendant bientôt seize siècles. L’archéologie vient ajouter ici le poids de son autorité. Les découvertes récentes, en effet, nous permettent de relier le présent au passé et de résoudre certaines difficultés. Une des grandes objections soulevées contre l’authenticité du Saint Sépulcre est tirée de la direction de la seconde enceinte, qui, d’après les adversaires, devait englober le terrain sur lequel s’élève la basilique actuelle.


355. — L’église actuelle du Saint-Sépulcre. D’après une photographie.

Le tracé qui a été établi à l’article Jérusalem, t. iii, col. 1359-1363, non sur des raisonnements a priori ou de simples conjectures, mais sur un examen attentif du sol, donne à cette objection une réponse qui, sans être absolue et définitive, n’en satisfait pas moins les exigences d’une méthode scientifique. Il laisse parfaitement en dehors de la deuxième muraille le Golgotha et le Tombeau du Sauveur ; il les laisse juste à la proximité voulue par les données scripturaires. À ceux qui regarderaient comme un tracé fautif cette ligne brisée de la seconde enceinte, nous opposerons le témoignage d’un homme qui joignait à la connaissance du terrain la science et l’expérience d’un stratégiste : le général C. W. Wilson remarque contre cette théorie qu’« il y a en Asie Mineure quelques villes grecques dont les remparts ou sections de murailles sont tout aussi mal tracés d’après nos idées modernes. » Cf. C. W. Wilson, Golgotha and the holy Sepulchre, dans Palestine Exploration Fund, Quatterly Statement, 1903, p. 247, n. 1. Il aurait pu citer aussi, beaucoup mieux encore, les vieilles cités chananéennes et juives. Il a tort cependant d’attribuer la même incertitude au système topographique qui met les Lieux Saints en dehors du second mur et à celui qui les enferme dans l’enceinte. Ibid., p. 246. Nous croyons que, présentement, le premier est de beaucoup le mieux appuyé.

La découverte d’anciens murs dans l’établissement russe (voir Jérusalem, t. iii, col. 1361-1363, fig. 252) s’est complétée depuis 1907 par celle qu’ont amenée les travaux effectués dans les dépendances du patriarcat copte. Ces travaux ont mis à jour le prolongement de la muraille antique qui est regardée à bon droit comme la façade de l’atrium constantinien. La nouvelle section présente les restes d’un grand mur dont la paroi orientale est en magnifique appareil à refends, très soigné, mais percé de petits trous quadrangulaires, vestiges d’un placage ancien. Une large baie, qui devait être jadis munie d’une porte à double battant, coupe la muraille ; mais certaines particularités anormales font penser qu’elle y a été pratiquée après coup. Pour en créer, les montants, on avait régularisé les deux bords, de la brèche en changeant la position de quelques blocs, en entamant quelques autres plus ou moins profondément. À quelques mètres plus loin, ver ; 3 le nord, on a commencé à déblayer une autre porte moins grande, , mais qui correspond exactement, comme distance et dimensions, à celle qu’on avait déjà découverte, au sud, sur le terrain russe. Nous avons donc là le groupe des trois baies symétriques qui décoraient la façade de l’église constantinienne, comme le montre la mosaïque de Màdaba (fig. 356). Ainsi aux vestiges des propylées que nous connaissions déjà viennent s’ajouter d’autres détails archéologiques qui permettent de reconstituer la partie orientale de la basilique de Constantin. Mais ne peut-on pas aller plus loin et rattacher le mur dont nous parlons à la seconde enceinte de Jérusalem ? Quelques savants le pensent, en particulier le P. H. Vincent : « On peut, dit-il, faire la démonstration que le refend du vieux mur qui nous occupe n’est pas médiéval, pas byzantin à coup sûr, probablement même pas romain. De ce chef on acquiert le droit de le raccorder à une construction d’époque juive comme est le second mur de Jérusalem. » Cf. H. Vincent, Un