Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/847

Cette page n’a pas encore été corrigée
1659
1660
SÉPULCRE (SAINT)


à la dimension de simples oratoires. C’est ce que constatèrent les croisés. D’après Guillaume de Tyr, Hïst. rerum transmarin, ., 1. VIII, c. iii, t. CCI, col. 408, l’église de la Résurrection était de forme ronde, et située sur le versant d’une colline, de telle sorte que la déclivité du terrain, égalant presque la hauteur des murs, rendait l’intérieur très sombre. Le toit était fait de longues poutres élevées dans les airs, assemblées avec art comme une sorte de couronne dont l’intérieur, ouvert à l’air libre, laissait entrer dans l’église la

353. — Plan de l’Église du Saint-Sépulcre àl’époque des croisades.

D’après M. de Vogué, avec quelques additions

du P. Germer-Durand, Revue biblique, 1896, p. 327.

A. Anastasis. - B. Édicule du Saint-Sépulcre. — C. Chœur.

— D. Cloches. — E. Baptistère. — F. Parvis. — (j. Golgotha.

— H, M, N, R. Chapelles. — P. Coupole. — Q. Lieu de l’Invention de la Sainte-Croix. — n. Escalier de la chapelle de Sainte-Hélène.

lumière nécessaire ; sous cette ouverture était le Tombeau du Sauveur. Sur l’état des Lieux Saints avant les travaux des croisés, cf. Relatio de peregrinatione Ssewulfi ad Hierosolymam et Terram Sanciam, Manusc. Corpus Christi coll. Cambridge, n° iii, 8 ; Michel et Wright, Relations des voyages de Guillaume de Rubruk, Bernard le Sage et Ssewulꝟ. 237-74 ; fragment dans le Survey of Western Palestine, Jérusalem, Londres, 1884, p. 34-38.

6° Sous les croisés. — Le mérite des nouveaux restaurateurs fut de mettre de l’unité dans cet ensemble de constructions relevées avec grande peine de leurs ruines et simplement reliées entre elles par quelques pans de murailles. Leur but fut d’enfermer comme dans une châsse unique les reliquaires que les siècles précédents avaient si constamment vénérés. Guillaume de Tyr, Hist. rerum transmar., 1. VIII, c. iii, t. CCI, col. 408. Faisant disparaître, avec l’église de Sainte-Marie ou l’oratoire de la Pierre de l’Onction, l’abside qui terminait à l’orient la rotonde de la Résurrection, ils cons truisirent, dans l’emplacement occupé par la cour, le transept et le chevet d’une église française duxiie siècle. Nous ne pouvons en donner la description complète. Voir fig. 353. Le Saint-Sépulcre subit d’importantes modifications. La forme ronde, ou plutôt polygonale, de l’édicule fut conservée ; mais le revêtement extérieur du rocher, composé de beau marbre, fut orné d’une élégante arcature ogivale, en harmonie avec le chœur, et entouré de douze colonnettes. Devant la petite porte, , on construisit un portique carré avec deux entrées : par l’une on faisait passer ceux qui arrivaient au Tombeau, et par l’autre ceux qui en sortaient ; en face du chœur s’ouvrait une troisième porte. Cf. Jean de Wurtzbourg, Descriptio Terne Sanctse, c. ix, t. clv, col. 1080 ; Ernoul, La citez de Jherusalem, dans les Itinéraires à Jérusalem, publiés par la Société de

854. — L’édicule du Saint-Sépulcre de 1555 a 1808. D’après M. de Vogué, Les Églises de Terre Sainte, p. 185.

l’Orient latin, Genève, ISSî, p. 36. La forme du monument différait peu de la lurine actuelle.

7° Des croisés à nos jours. — Parmi les restaurations que le Saint-Sépulcre eut à subir après les croisés, la plus importante est celle de Boniface de Raguse qui, en 1555, sur l’ordre de Jules III, renouvela presque entièrement l’édicule. Pour rebâtir plus solidement, il dut jeter à terre le revêtement extérieur qui tombait déjà. Alors apparut à ses yeux le Tombeau du Sauveur taillé dans le rocher. Quand il eut enlevé l’une des plaques d’albâtre que sainte Hélène avait placées dessus pour qu’on pût y célébrer le saint sacrifice de la messe, il contempla « le lieu ineffable dans lequel reposa pendant trois jours le Fils de l’homme. » Cf. Quaresmius, Terras Sanctas elucidatio, Venise, 1881, t. ii, p. 387-388. Il la recouvrit d’une nouvelle table de marbre, qui subsiste encore aujourd’hui. La forme qu’il donna au saint monument différa peu de celle qu’avaient adoptée les croisés. Voir fig. 354. Cette nouvelle construction dura jusqu’à l’incendie de 1808. C’est à la suite de ce triste événement que les Grecs crurent’devoir restaurer le saint édicule, que les flammes avaient pourtant respecté. Telle est l’origine du monument dans sa forme actuelle (fig. 355).

IV. Authenticité. — La description que nous venons de faire est à elle seule une démonstration. Elle prouve que le Tombeau du Sauveur, malgré les modifications qu’il a subies avec le temps, est resté le même et qu’il correspond exactement aux données de l’Écriture et de l’histoire. Aucun des autres sites où l’on a prétendu