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SÉPULCRE (SAINT)


très en pierre calcaire rougeâtre du pays ; il est couronné d’une balustrade en colonnettes massives et surmonté d’un dôme sphéroïdal supporté par des piliers carrés. La façade, qui regarde l’orient, est décorée de quatre colonnes torses. L’intérieur est divisé en deux parties. La première est la Chapelle de l’Ange, ainsi appelée parce que ce fut là que l’ange du Seigneur annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur. Matth., xxviii, 2-7 ; Marc, xvi, 5-7 ; Luc, xxiv, 4-7 ; Joa., xx, 12-13. Les parois sont ornées de panneaux sculptés en marbre blanc, de pilastres et de colonnettes. Le centre est occupé par la Pierre de l’Ange, fragment de celle qui fermait l’entrée du Saint-Sépulcre, enchâssé dans un piédestal de marbre. À l’extrémité de cette première chapelle, une petite porte cintrée, haute de l m 33 sur m 66 de large, conduit dans la chambre du saint Tombeau, simple réduit, long de 2° 1 07 sur l m 95 de large, avec des pilastres peu saillants aux quatre angles. Les parois intérieures sont revêtues de plaques de marbre blanc qui cachent le rocher. Au-dessus du pavement, à droite et à la hauteur de m 65, se trouve la couche funèbre où fut déposé le corps du divin Crucifié. Elle est inhérente à la masse rocheuse, mais le dessus et le devant sont également masqués par des dalles de marbre blanc. La voûte a malheureusement disparu par suite des bouleversements qu’a subis ce lieu saint ; mais le rocher est demeuré sous le revêtement de marbre à une hauteur d’environ l m 50 tout autour de la chambre sépulcrale. Il est sans doute regrettable que le pèlerin ne puisse contempler de ses yeux et baiser de ses lèvres le rocher lui-même ; mais la piété, en l’enchâssant ainsi, n’a fait que suivre un des penchants les plus irrésistibles du cœur pour les souvenirs qui lui sont chers. Il nous est, du reste, facile de suivre les transformations que les siècles ont apportées ici et de retrouver dans le monument actuel les vestiges exacts du passé.

2e État primitif. — Le Saint-Sépulcre est aujourd’hui englobé dans l’intérieur de Jérusalem, mais, à l’époque de Notre-Seigneur, l’emplacement qu’il occupe était en dehors des murailles de la ville. La seconde enceinte, en effet, ne s’étendait pas aussi loin vers le nord et l’ouest que l’enceinte actuelle, et l’angle qu’elle faisait laissait sans défense de petites collines entourées de jardins, de villas et de tombeaux, que de nouveaux murs enfermèrent quelques années plus tard. Voir Jérusalem, deuxième enceinte, t. iii, col. 1351, et carte de Jérusalem ancienne, col. 1355. Tout près du rempart et de la porte d’Éphraïm, un pli de terrain se déroulait du nord au sud entre deux petites collines rocheuses, dans le flanc desquelles s’ouvraient deux excavations (fig.348 et 349). D’un côté s’élevait le Golgotha, percé d’une grotte, appelée aujourd’hui Chapelle d’Adam ; de l’autre, le rocher dans lequel Joseph d’Arimathie avait fait creuser son tombeau. Le petit vallonnement situé entre les deux était le jardin dont parle saint Jean, xix, 41. À l’extrémité occidentale, le tombeau comprenait un vestibule ou salle creusée dans le rocetjaissée ouverte sur le devant (fig. 350). Au fond de cet atrium, une entrée très basse donnait accès dans la chambre sépulcrale, dont la moitié, en largeur, était occupée par le banc rocheux destiné à recevoir le corps du défunt. À quelques pas de ce tombeau, s’en trouvait un autre dont nous parlerons tout à l’heure. De ce point, le rocher montait assez rapidement vers l’ouest. Signalons enfin tout près du Calvaire, à l’est, une des nombreuses citernes qui percent le sol de Jérusalem. C’est dans celle-ci que furent jetés les instruments de la Passion, le soir du Vendredi-Saint.

3° Sous Constantin. — Lorsque sainte Hélène vint à Jérusalem pour découvrir, purifier et restaurer les Lieux Saints, que l’empereur Hadrien avait cru détruire à jamais, elle trouva l’emplacement nettement indiqué.

Elle n’eut qu’à déblayer le sol factice qui les recouvrait pour voir aussitôt apparaître la roche du Golgotha et celle du Saint-Sépulcre. Cf. Eusèbe, H. E., iii, 28 ; t. xx, col. 1087. Constantin voulut les enfermer dans une magnifique basilique. Mais pour cela, il fallait disposer le terrain. Les premiers travaux furent consacrés au Saint-Sépulcre. Il était difficile de l’enchâsser dans le marbre sans porter atteinte au rocher dans lequel il était taillé. Pour l’isoler et en faire un oratoire distinct, on découpa le flanc de fa colline et on nivela le sol alentour. Le pic, il faut le dire avec regret, alla trop loin. Pour donner au monument, avec une certaine régularité, une forme circulaire ou polygonale, on crut devoir raser la première grotte, qui servait de vestibule au tombeau. Nous en avons un témoignage important dans ces paroles de saint Cyrille, évêque de Jérusalem, Catech. xiv, 9, t. xxxiii, col. 833 : « L’entrée du Saint-Sépulcre, dit-il, était taillée dans le rocher

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350. — Coupe du Saint-Sépulcre dans son état primitif. D’après M. de Vogué, Les Eglises de Terre Sainte, p. 125. !

A, vestibule, restitué d’après les sépulcres de la vallée de Hinnom ; S, chambre sépulcrale, avec, au fond, l’auge funéraire ou la banquette et l’arcade supérieure qui est détruite ; a, feuillure où venait se loger la pierre destinée à fermer l’entrée du tombeau.

comme celle des tombeaux du pays ; elle n’est plus visible depuis que la première grotte a été détruite pourles besoins de l’ornementation actuelle. Mais avant que le sépulcre eût été embelli par une magnificence royale, il y avait un vestibule devant la porte de pierre. » Il ne resta plus ainsi que la chambre sépulcrale, c’est-à-dire la partie du rocher dont la forme générale est indiquée, fig. 350, par la ligne ponctuée XY. Ce fut assurément une modification regrettable. Mais l’étude attentive des lieux actuels et les témoignages anciens nous montrent parfaitement que nous sommes bien en possession du tombeau de Notre-Seigneur, tombeau ne renfermant qu’une ouverture funéraire, puisqu’il n’avait encore servi à personne, Matth., xxvii, 60 ; Joa., xix, 41, et situé près du Golgotha. L’existence du noyau rocheux, aujourd’hui caché à nos yeux par les placages de marbre, a été constatée dans la suite des âges par de nombreux et irrécusables témoins. Vers 670, Arculfe remarquait à l’intérieur du monument les traces des outils qui avaient creusé le SaintSépulcre ; il nous dit que le rocher était blanc, veiné de rouge, sorte de pierre appelée aujourd’hui dans le pays melki, « pierre royale ». Arculfe, Relatio de Locis Sanctis, lib. I, cap. IV ; cf. T. Tobler, ltinei-a Terrse Sonctas, Genève, 1877, t. i, p. 150. D’autres pèlerins attestent l’avoir vii, aux vin 8, . xiie, xill » et xvie siècles. Le sol extérieur qui, vers l’ouest, s’élève de huit ou neuf mètres au-dessus du sol intérieur de la basilique, indique à peu près le niveau de la colline primitive, qui fut évidée tout autour du noyau qu’on voulait garder.