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SEPTANTE (VERSION DES)


dans les livres de Samuel et des Rois et dans celui de Jérémie. La recension grecque de Samuel et des Rois offre tantôt un texte plus court, tantôt un texte plus développé. Ce texte est plus court dans les récits des premières relations de Saùl et de David. I Sam., xviii, >6-xix, 1. L’abbé Paulin Martin a constaté que la recension grecque présente les faits avec plus de cohérence et de vraisemblance que le texte hébreu. De l’origine du Pentateuque (lithog.), Paris, 1886-1887, 1. 1, p. 67. Le I er (IIIe) livre des Rois contient, au contraire, dans la version grecque de nombreuses additions, dont il est très difficile d’expliquer l’origine. Indépendamment de la différence de plan, il y a aussi, dans le livre de Jérémie, de nombreuses différences de détails entre le grec et l’hébreu, et certaines additions de l’hébreu ressemblent à des interpolations postérieures. Voir t. v, col. 116. Cf. A. Loisy, Histoire critique du texte et des versions de la Bible, dans L’enseignement biblique, 1892, p. 110126. Le texte grec de Job, tel qu’il était reçu couramment au temps d’Origène, était beaucoup plus court que ie texte massorétique. Les omissions se remarquent surtout dans la seconde partie du livre, dans les passages les plus difficiles. Tantôt un seul vers a été laissé de côté, tantôt plusieurs. Origène, Epist. ad Africanum, 4, t. xi, col. 55 ; S. Jérôme, Prsefatio in Job, t. xxviii, col. 1080. On admet généralement que le plus grand nombre des lacunes est imputable au traducteur, qui abrégeait l’original, soit parce qu’il ne le comprenait pas, soit pour une autre cause. Cependant, le texte hébreu a bien pu subir un remaniement postérieurement à la version grecque. Deux additions, le discours de la femme de Job, après ii, 9, et la généalogie du patriarche, à la fin du livre, après xlii, 17, semblent être des interpolations faites après coup dans la version grecque. Voir t. iii, col. 1564. Cf. A. Loisy, Le livre de Job, p. 17-19. Il suffit de rappeler aussi les parties deutérocanoniques de Daniel et d’Esther. Voir t. ii, col. 1271, 1977,

3° Diversités qui proviennent du fait des traducteurs.

— Elles sont de deux sortes : les unes résultent de la lecture du texte hébreu qu’ils avaient sous les yeux, les autres de leurs principes et de leur méthode d’interprétation.

1. Différences de lecture du texte hébreu. — La version des Septante représente le texte hébreu tel qu’il existait au ni’et au He siècle avant notre ère. Or, à cette époque, ce texte était transcrit, non plus en caractères phéniciens, mais déjà en caractères carrés, d’une façon continue et sans voyelles. Ces trois circonstances ont produit.des lectures du texte différentes des leçons massorétiques. — a) Dans la nouvelle écriture, il était très facile de confondre certaines consonnes, dont la forme extérieure était peu distincte. Ainsi 1 aurait été lu > : I Reg., ii, 29, osôuXjiM (j’y pour py) ; xii, 3, âjtoxpiO/]TS xaT’è[io-j (o > ; y pour 13 l ; >y) ; Is., xxix, 43, pâmv Se créëovTat (ie (>ns Dnsn » inm pour >nN Dn*n> >nm) ; 3 aurait été lu pour 3 et > pour i ; I Reg., vi, 20, 81s), 6eîv (l3ïb pouriDyb ; Jer., xxvi (xlvi), 25, tôv viiôv aÛTÎjc (H33 pour Wd) ; I Reg., IV, 10, Tay[kxtwv ('bnpour >bn ; xxi, 7, Aw^x 6 S-jpoç (>Dixii jnt pour’m » n 3NT). L’écriture défective, lorsque i et > représentaient des voyelles longues, a produit de semblables erreurs de lecture. Ainsi, I Reg., xii, 8, xoà xa-rwxKTEv a-jtoiis (oaiwi pour D13>c>i) ; Ps. v, 1, vmàp if É ; x).7|povof « .o’j<Tïi ; (nbnan bs pour nVjjnan ba) ; Job, xix, 18, eîc tôv aiûva (a’iy pour ciS’iy) ; Jer., VI, 23, ut nOp (ws pour wind). Des erreurs de nombres ont probablement pour cause aussi la confusion de consonnes employées comme chiffres. Ainsi, II(Sam.) Reg.. xxiv, 13, Tpfa ëtti, vient de ce que 5 a été lu pour t.

— 6) L’écriture continue, sans séparation ni intervalle entre les mots, a amené une coupe différente des mots juxtaposés. Ainsi, Gen., xlix, 19, 20, ci-jt<5v xatà uoSaç.’Ao^ p suppose la lecture : iw*t : n3py au lieu de-wxo : 3py ; Deut., xxvi, 5, Evpiav âuÉ6a).£v dérive de ias> dtn, alors que le texte massorétique a 13N >din ; I Reg., i, 1, iv Nadefg, traduisant 2’ssa, alors qu’on lit dans l’hébreu dis p ; Ps. xlhi (xliv), 5, ô 6îôç uou 6 ivie).-Xôjjievo ; , traduction de msD >nhx, au lieu de ms n>nba ; Jer., xxvi (xlvi), 15, êià ts syjyev âitô <roû 6 r A7ttç, qui rend Dn d : yvta, tandis que les massorètes ont lu » ]nw tipd ; Zach., XI, 7, si ; ttiv Xavaav ! t » )v, traduction de U72d lu au lieu de ttay zh. — c) L’absence de ponctuation a produit des vocalisations différentes des mêmes consonnes. Ainsi, Gen., xv, II, 101 (ruvexôdioev aÛToï ; suppose nnx 3tfn au lieu de ont* atf » i ; Num., xvi, 5, èiuaxsitTai rendant if s en la place de -|p3 ; I Reg., xii, 2, xa9r l <TO|icu, répondant à >mitf », alors

qu’on lit en hébreu inannj Nahum, iii, 8, [lepîSa’Au[/.(ôv,

: "t

traduction de ]iDa usa, tandis que la leçon actuelle est ]idn n : d ; Is., ix, 8, Oavavov, traduisant 131, au lieu de

T

131. La différence de vocalisation est encore plus fré T T

quente et plus apparente dans les noms propres. Ainsi MaSian reproduit |hd ; BaXaân, nybs ; Pojioppa, rn^ay ;

XoSoUoyôixop, "ioïVvts ; ^auyà, naos ; Sâu-irav, llufotf.

t : t : t :  :

Cependant les monuments assyriens établissent que l’orthographe des noms propres étrangers est en général plus exacte dans les Septante que dans le texte hébreu actuel. La prononciation s’en était sans doute conservée assez fidèlement dans la tradition, tandis qu’elle s’était de plus en plus altérée à l’époque des. massorètes.

2. Différences dérivant du mode et de la méthode d’interprétation. — Les premiers traducteurs grecs de la Bible hébraïque étaient en face de graves difficultés à vaincre. Ils avaient à rendre un original sémitique en grec, dont le génie était très différent de celui de l’hébreu ; ils n’avaient pas de précédent ni de tradition interprétative ou exégétique ; ils ne savaient peut-être pas tous l’hébreu d’une façon fort approfondie. D’ailleurs, ils ne voulaient pas faire une œuvre scientifique ; leur but était d’ordre pratique : ils voulaient faire servir leur traduction des Livres Saints à l’instruction religieuse de leurs contemporains. Il en résulte qu’ils n’ont pas appliqué la même méthode, non seulement dans des livres différents, mais encore dans le même livre, traduisant tantôt de la manière la plus servile, tantôt avec la plus grande liberté. Cependant dans l’ensemble, la version des Septante est plutôt littérale, quoique dans une mesure inégale. Leur fidélité au texte, lorsqu’elle est servile, les a portés à ne pas tenir compte des règles propres delà langue grecque, et elle explique ce que Deissmann appelle leurs hébraïstnes de traduction. Le chapitre I er de la Genèse, par exemple, est traduit très littéralement. >a est rendu ëv tp.oi. I Reg., i, 26. Par excès de littéralité, des sentences entières sont inintelligibles dans certains livres, tels que le Psautier et Isaïe. Certains mots hébreux ont été simplement transcrits, par exemple â).), 7)Xov>ià, à(iïiv. D’autres ont été tantôt transcrits tantôt traduits, parfois dans le même livre. Ainsi rmya est transcrit’Apa6â, Deut., i, 7 ; 11, 8 ; iii, 17 ; iv, 49 ; Jos., iii, 16 ; xii, 8, tantôt traduit par èTci 8v<ry.ûv, tpô ; Supporte. Deut., 1, 1 ; XI, 30 ; Jos., xi, 16. Quelques-unes des transcriptions prouvent que les traducteurs ignoraient le sens de l’original. Ainsi Iv xaîç àSapxr)vcîv, Jud-, VIII, 7 ; àq> : pa>, IV Reg., n, 14 ; iràvre ; àaapYigiùS éidç ver/aX KeSptôv, Jer., xxxviii (xxxi), 40.

La littéralité des Septante n’est pas à comparer à celle d’Aquila. Comme les targumistes, ils ont fait des additions au texte et quelques omissions ; ils ont expliqué l’original d’après le contexte ; ils ont modifié la construction grammaticale des phrases et parfois le sens de