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SEPHELAH — SEPHET


sion de la Judée : plaine ou sefêldh à l’ouest ; vallée à l’est ; montagne entre les deux. On peut alors conclure avec A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 61 ; « La contrée depuis Belh-Horon jusqu'à la mer a en effet ses trois subdivisions si on la considère isolément ; dans l’ensemble, elle est prise comme pays de plaine de la Judée. »

Smith a en outre contre lui : 1° les Septante, qui traduisent toujours sefêldh par tteoi’ov, ïi tieôivyi (y ?, ), « la plaine », mots dont ils se servent aussi pour rendre biq’dh, 'êméq, « vallée ; » miSôr, « plateau », et qu’ils n’auraient pu employer s’il s'était agi uniquement d’une région accidentée comme celle des basses collines de Juda ; — 2°Eusébe et saint Jérôme, qui, dans l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 154, 296, nous apprennent que, jusqu'à leur époque, on appelait Séféla toute la plaine qui s'étend aux environs d'Éleuthéropolis et se dirige vers le nord et l’occident. On pourrait croire que l’expression hôf hay-yâm, « le rivage de la mer », qui, Deut., i, 7 ; Jos., ix, 1, rentre dans les traits caractéristiques du pays, indique la plaine côtière, par opposition à la Sefêldh ; mais elle désigne plutôt la plaine maritime qui, au sud de cette contrée, se dirige vers Vouadi el-Arisch, frontière de la Palestine, ou celle qui va vers le nord, du côté du Liban. Le mot sefêldh s’applique même en deux endroits, Jos., xi, 2, 16, à la plaine côtière qui s'étend au-dessous ou au-dessus du Carmel ; il est question, au j. 16, de « la montagne d’Israël et de sa sefêldh, » c’est-à-dire de la partie basse qui la séparait de la mer comme la montagne de Juda. — Jusqu’où s'étendait la Séphélah du côté du nord ? Il est impossible de déterminer la limite d’une façon exacte. On peut la chercher cependant du côté de Adiada et dans les environs de Jafla.

II. Description. — La Séphélah est donc le lowland, « le pays bas », de la Palestine. Elle peut se partager en trois zones parallèles. C’est d’abord une plage sablonneuse qui court le long de la mer, mais cette région des dunes est susceptible de culture, et les villes qu’elle renferme, Gaza, Azot(Êsdûd), Jamnia(yeina), etc., sont entourées de jardins et de bosquets d’arbres fruitiers, bien que l’envahissement des sables et les ruines -donnent souvent à cette partie un aspect désolé. Vient ensuite une large étendue de plaines boisées par endroits et arrosées par des rivières encombrées de roseaux. C’est, sur une longueur d’environ 75 kilomètres, une vaste plage légèrement ondulée, qui, aux dernières époques géologiques, émergea du sein des eaux, quand la mer cessa de battre le pied des montagnes de Juda. Parsemée de hauteurs qui vont de 50 à 60, 80 mètres et plus au-dessus du niveau de la Méditerranée, elle est composée d’une arène fine et rougeâtre que la pluie ou de fréquentes irrigations transforment en un véritable terreau extrêmement fertile. L’eau s’y trouve à quelques mètres seulement de profondeur. Aussi, malgré la déchéance du pays, la richesse de ses produits rappelle-t-elle l’Egypte. À certains moments de l’année, les moissons y forment une immense nappe verte ou jaune suivant leur degré plus ou moins avancé. D’endroits en endroits, l’uniformité de la plaine est coupée par des bouquets de verdure qui marquent les villages. Ceux-ci sont placés sur de petits monticules, collines souvent artificielles composées par les restes des anciennes habitations écroulées. Ils sont entourés de palmiers élancés, de figuiers, de sycomores et d’impénétrables haies de cactus. Les maisons sont bâties en pisé ou terre mélangée de paille hachée. Cette contrée est, en somme, comme le prolongement du delta égyptien. Après elle, vient enfin la région de la basse montagne, qui est en quelque sorte le premier étage du massif judéen. Elle s'étend comme en amphithéâtre au-dessus de la plaine. Les collines qui la composent ne se rattachent pas aussi étroitement à l’arête monta gneuse que celles qui bordentla plaine de Saron. Elles en sont séparées par une série de vallées, tantôt larges, tantôt étroites, qui courent vers le sud, et laissent au massif moyen son groupement à part. Aussi, quiconque les possédait n'était pas pour cela maître du territoire de Juda. Elles en formaient comme les avant-postes ; c'était comme un rempart de bastions qui le défendait de ce côté ; mais, pour arriver au cœur du pays, il fallait s’engager dans d'étroits défilés et escalader la montagne. Elles sont également coupées de l’est à l’ouest par de nombreux torrents qui descendent dans la plaine. Voir Juda 6, Description, t. iii, col. 1767.

III. Histoire. — On voit dès lors quelle fut l’importance historique de la Séphélah. Sa situation et sa fertilité devaient attirer des étrangers comme les Philistins, dont elle lit plus tard tout à la fois la richesse et l’orgueil. L'Écriture parle des sycomores, des oliviers et des figuiers qui y croissaient, des troupeaux qu’on y élevait. Cf. I Reg., x, 27 ; I Par., xxvii, 28 ; Il Par., i, 15 ; xxvi, 10. Mais en même temps, elle devait être un perpétuel champ de bataille entre Philistins et Hébreux, j C’est dans les immenses moissons de blé de la plaine, i alors que le soleil desséchait la paille et les épis mûrs, que Samson lança ses chacals. Jud., xv, 1-5. Toute l’histoire de ce héros, du reste, se rattache à cette contrée. Voir Samson, col. 1434. Il en est de même pour certains épisodes de la vie de David. Voir David, t. ïi, col. 1311 ; Philistins, col. 286. Les grandes vallées qui coupent les collines de la Séphélah étaient des voies naturelles conduisant au cœur du pays, et c’est par là que les armées ennemies cherchaient à y pénétrer. Mais la plaine elle-même a une importance assez considérable dans l’histoire, parce qu’elle fut un tronçon de la grande route qui allait d’Egypte en Syrie et en Assyrie. Voir Routes, col. 1229. — Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 255-260 ; G. A. Smith, HistoricalGeography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 201-244 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine,

Londres, 1889, p. 273-288.

A. Legendre.
    1. SÉPHER##

SÉPHER (hébreu : Sd/e>, à la pause ; Septante : Saçàp), montagne auprès de laquelle campèrent les Israélites pendant leur séjour dans le désert. Elle « st nommée entre Céélatha et Arada. Num., xxxiii, 23, 24. L’identification en est incertaine. Le P. Lagrange, Itinéraire des Israélites du pays de Gessin aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 278, propose le Djebel 'Araïf, montagne isolée et abrupte, à six heures au nord de Vouadi Qoureyé. « De loin, dit-il, il ressemble à une pyramide ; de près on peut penser avec les Arabes qu’il a la forme d’un gigot. Aucun rapport ni de sens ni de consonnance avec [Sâfêr], mais il faut avouer que cette montagne intéressante se rencontre ici à point nommé. »

    1. SÉPHET##

SÉPHET, ville de la tribu de Nephthali, nommée seulement dans la Vulgate. « Tobie, de la tribu et de la ville de Nephthali, qui est dans la Haute-Galilée, au-dessous de Naasson, derrière le chemin qui conduit à l’occident, ayant à gauche la ville de Séphet. » Tob., i, 1. On ne connaît pas de ville ayant porté le nom de Nephthali. Il faut donc entendre que Tobie était originaire d’une localité peu connue de la tribu de Nephthali dont la situationest indiquée par rapport à Naasson (inconnue, voir Naasson 2, t. iv, col. 1430) et à Séphet, ville encore importante pour les Juifs de nos jours. Ni Naasson ni Séphet ne sont nommés dans le texte grec qui porte : « Tobie, .., de Thisbé, qui est à droite de Cydios (à lire : Cédés) de Nephthali en Galilée… » Les. divers manuscrits grecs diffèrent d’ailleurs entre eux dans les noms et l'énumération de ces noms propres.

Séphet ne peut être que la ville appelée aujourd’hui Safed (fig. 348), où habite, à côté des musulmans et de