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SEPHARVAÏM


    1. SÉPHARVAIM##

SÉPHARVAIM (hébreu : Sefarvaïm ; Seplante : 2eirçafoyai[i), ville d’où Sargon II, roi d’Assyrie, après la conquête de la Samarie et la déportation de ses habitants, fit venir des colons pour la repeupler. On l’identifie avec la ville babylonienne de Sippar. IV Reg., xvii, 24-31.

Sippar (Sippara) est le nom sémitisé de l’antique cité sumérienne de Zimbir. F. Hommel, Grundriss der Géographie und Gesckichte des Allen Orients, Erste Hàlfte, Munich, 1904, p. 341 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, -1881, p. 210. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, 3e édit., Berlin, 1902, p. 532 ; Encyclopsedia biblica, Londres, 1903, t. IV, col. 4371. C’était une ville très importante dont le site a été reconnu, en 1880-1881, par Hormuzd Rassam, à Abou-flabba, au nord de Babylone et à environ 30 milles anglais dans le sud-ouest de Bagdad, à peu près à mi-chemin entre ces deux localités. Ses ruines occupent, sur la rive gauche de l’Euphrate, une étendue considérable, de plus de 3 kilomètres de circonférence, et elles sont limitées, au sud-ouest, par le canal desséché de Ruthwanieh. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, p. 572 ; Frd. Delitzsch, dans Calwer, Bibellexikon, 1885, p. 865 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 367. L’opinion la plus généralement admise voit dans Sippar une double ville, F. Vigouroux, loc. cit., p. 572 ; Frd. Delitzsch, Calwer, Bibellexikon et Wo lag das Paradies ? ibid., partagée par l’Euphrate qui passait, à cette époque lointaine, 12 kilomètres plus à l’est que son cours actuel, et que les inscriptions appellent : « le fleuve de Sippar x. F. Hommel, loc. cit., p. 341. L’une de ces villes avait nom : Siip-par sa Sa-mas : la Sippar de Samas (le dieu Soleil), et l’autre : Si-ip-par sa A-nunit : la Sippar d’Anounit (la déesse Istar, étoile du matin). F. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 209. Les tells d’Abou-Habba, où Hormuzd Rassam a découvert d’importants documents se rapportant au culte du soleil, occuperaient spécialement l’emplacement de la ville de Sippar proprement dite, la Sippar de Samas. La Sippar d’Anounit est identifiée par les assyriologues avec une autre antique cité, celle d’Aganè ou Agadê, dont le nom en se sémitisant est devenu Akkad. Le D r Ward veut placer cette seconde ville à peu de distance de Sufeira, dans I’ouest-nord-ouest de Bagdad, aux ruines d’el-’Anbar, qui représenteraient à la fois la Sippar d’Anounit et Agadê. Les tells de cette région témoigneraient en laveur d’une cité encore plus importante que ceux d’Abou-Habba, rattachée à l’Euphrate par un canal. J.P.Peters, Kippur or Explorations and Advenlures on the Euphrates, New-York et Londres, 1897, t. i, p. 176, . 335. Mais cette opinion n’est pas admise sans réserves. A. Jeremias, Das Alte Testament ini Lichle des Allen Orients, 2e édit., Leipzig, 1906, p. 545, On veut même ne reconnaître dans Sippar qu’une seule ville, désignée sous deux vocables différents. Encyclopsedia biblica, t. iv, col. 4371. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas qu’on puisse, avec autorité, l’appuyer sur la leçon massorétique du texte hébreu : a’Tiro ; si même on doit

considérer cette lecture comme une forme duelle authentique. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 211 ; Encyclopsedia biblica, t. IV, col. 4371. À ce sujet, il y a lieu de rappeler que le D r P. Haupt a proposé la correction de enro en en isd (ou tsd) :

la Sippar des eaux (du fleuve). Cf. IV Reg., xviii, 34, Seirqjapo-Jiiaiv (dans B 1), que l’on peut rapprocher de la dénomination de l’Euphrate : « le fleuve de Sippar ». L’histoire de Sippar, d’après les vieux récits transmis par Bérose, remonte au delà du déluge. C’est en cette ville que Xisuthrus, sur le conseil de Kronos, s’en fut cacher les écrits mystérieux antérieurs à ce grand événement. La première mention de cette ville, dans les

textes historiques originaux, est de Lugalzaggisi, roi d’Érech, et on en retrouve d’autres dans les inscriptions archaïques de Gudéa, patési de Lagas, de Manistusu, roi de Kis, ainsi que de Sargon l’Ancien, roi d’Agadê. Les premiers chefs de la dynastie d’Hammourabi firent leur capitale de cette antique Sippar, qui, après avoir perdu son autonomie, garda néanmoins un rang important parmi les villes babyloniennes. F. Hommel, loc. cit., p. 341. Elle fut du nombre de celles dont la révolte mit à l’épreuve la valeur du monarque assyrien Assurbanipal. Keilinschriftliche Bibliolhek, t. ii, 1890, p. 192. Nabonide, vers la fin du second empire chaldéen, y releva son célèbre temple, et ses inscriptions nous ont gardé le souvenir des travaux que Naramsin, le fils de Sargon l’Ancien, y avait fait antérieurement exécuter, car sa fondation doit être de beaucoup plus ancienne. F. Hommel, loc. cit., p. 342.

Ce temple, qui était le centre du culte du Soleil pour le nord de la Babylonie, s’appelait VE-Babbara, « la maison blanche », désignation que portait également celui de Larsa, centre du même culte pour les villes, du sud. F. Hommel, loc. cit., p. 342 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 367 ; A. Jeremias, loc. cit., p. 106. Les premiers habitants sumériens de l’endroit y adoraient le soleil, sous le nom d’Utu, que les Sémites conquérants changèrent en celui de Samas, nom qui se retrouve dans les autres langues sémitiques. Eb. Schrader, loc. cit., p. 367. Avec Samas, l’Illuminateur et le Juge suprême, son épouse Axa, et ses enfants, Kettu, « le Droit », et Mcsaru, « la Justice », voire même le conducteur de son char Bunênê, recevaient dans Sippar les hommages des pieux fidèles. Eb. Schrader, loc. cit., p. 367 ; A. Jeremias, loc. cit., p. 106. Quant au temple d’Anounit, dans la Sippar de ce nom, il s’appelait’E-ul-mas. F. Hommel, loc. cit., p. 343, 400. — Il y avait encore d’autres villes de Sippar, mais elles ne nous sont, pour ainsi dire, connues que par leurs noms : la Sippar du dieu Amnanu et la Sippar de la déessemère Aruru. F. Hommel, loc. cit., p. 344 ; Eb. Schrader, loc. cit., p. 430.

Au point de vue assyriologique, quelques difficultés s’élèvent, tant au sujet de l’identification de la Sépharvaïm de IV Reg., xvii, 24, avec la cité babylonienne de Sippar, que de la colonisation de la Samarie par seshabitants, sur l’initiative de Sargon II. Aussitôt après la> prise de Samarie (722), le roi d’Assyrie eut à lutter contre Mérodach-Baladan, roi du Bît-Vakin, qui, soutenu par le roi d’Élam Ummanigas, avait envahi la Babylonie-Cette première campagne de 721 fut plutôt malheureuse, Keilinschriftliche Bibliolhek, t. ii, p. 276, et il ne semble pas que Sargon ait pu, à la suite de cette opération militaire, organiser l’émigration officielle des gens de Sippar, en Samarie. Lorsque ce roi effectua le repeuplement de la terre d’Omri, dont il avait exilé les habitants, il le fit, nous dit-il lui-même, au moyen detribus arabes conquises, Keilinschriftliche Bibliothek y t. ii, p.42. Il ne put prendre sa revanche sur Mérodach-Baladan qu’en 709, et, alors, on trouve bien, dans les textes originaux, la mention expresse des habitants de Sippar et d’autres villes babyloniennes, mais Sargon se donne, en quelque sorte, comme leur libérateur, et il déclare qu’il les rélablit en possession de leurs terreset de leurs biens. Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, , p. 72, 276. Ailleurs, il se flatte d’avoir richement dotéla ville de Sippar, et quelques autres. Keilinschriflliche Bibliolhek, t. ii, p. 40, 52.

Si le texte de IV Reg., xvii, 24-31, où des villes babyloniennes bien authentiques se rencontrent avec desvilles syriennes, autorise, jusqu’à un certain point, , l’ancienne interprétation, il n’en est pas de même des autres textes où Sépharvaïm est citée, et qui n’offrent guère qu’une énumération de villes syriennes : IV Reg. r xviii, 34, et xix, 13, rapprochés de leurs parallèles r