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SENS DE L’ÉCRITURE — SENTINELLE

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proposées par les Pères et les exégèles. Voir t. iv, col. 1369-1376.

2° Sens conventionnels ou faux. — À ces deux sens véritables on a joint un sens d’application dit sens accommodatice, qui n’est pas exprimé par la lettre, ni par conséquent voulu par le Saint-Esprit, mais qu’on tire de la lettre elle-même par extension ou par simple allusion, et parfois à contresens. Voir t. i, col. 112-115, et J.-V. Bainvel, Les contresens bibliques des prédicateurs, 2e édit., Paris, 1906 ; et une interprétation fausse de certains passages de l’Écriture que l’on considère, comme des mythes et auxquels on attribue un sens mythique, qu’ils n’ont pas. Voir t. iv, col. 1376-1424.

IIL La théorie des sens scripturaires exposée

DANS LES TRAITÉS D’INTRODUCTION GÉNÉRALE OU DANS CEUX

d’herméneutique. — Bien que l’herméneutique, prise en rigueur, soit réservée à l’exposé des règles de l’interprétation biblique, voir t. iii, col. 612-613, on y introduit généralement la théorie des sens scripturaires en vertu de cette liaison logique que ces règles ont pour but d’aider à faire découvrir le véritable sens de l’Écriture, Mais les lois de la logique amènent quelques théoriciens à la distinguer de cette partie de l’herméneutique, qu’ils désignent sous le nom de heuristique (art de trouver le vrai sens), et à lui donner le titre spécial de propédeulique, V. Zapletal, Hermeneutica biblica, Fribourg (Suisse), 1897, p. 1157, ou de normatique, S. Székely, Hermeneutica generalis secundum principia catholica, Fribourg-en-Brisgau, 1902, p. 28-50. Plus généralement les auteurs des traités d’herméneutique négligent ces dénominations techniqnes et se bornent à placer la théorie des sens bibliques avant l’exposé des règles d’interprétation. Les auteurs d’Introductions générales à l’Écriture Sainte font de même et traitent seulement des sens bibliques dans un chapitre spécial de leurs ouvrages. Pour la bibliographie du sujet, voir les traités d’herméneutique cités, t. iii, col. 628-633, et les Introductions générales mentionnées ibid., col. 915-919.

E. Mangenot.

    1. SENSENNA##

SENSENNA (hébreu : Sansennâh ; Septante : Ssôsvvix ; Alexandrinus : Eav<xavvà), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 31. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 172-173, l’identifie, mais avec hésitation, à Hasersusa. Voir t. iii, col. 447. « Parmi, les villes antiques du district montagneux de Juda, dit-il, il n’en est aucune dont le nom se rapproche de celui de Sousiéh, mais, au nombre de celles qui étaient assignées à la tribu de Siméon, il en est une appelée… en latin Hasersusa, Jos., xix, 5 ; Hasarsusim, I Par., iv, 31… Le nom de Sousa, au pluriel Sousim, a un rapport frappant avec celui de Sousiéh ; d’un autre côté, le Khirbet Sousiéh semble plutôt avoir appartenu à la tribu de Juda qu’à celle de Siméon. Cette identification est donc douteuse. » Sousiéh est situé à l’est T nord-est d’es-Semu’à (Isthemo). Cf. Hasersusa, t. iii, col. 447.

    1. SENSIBILITÉ##

SENSIBILITÉ, faculté qu’a l’âme d’être impressionnée par les objets extérieurs, grâce à l’intermédiaire des sens ! — Les Hébreux ne distinguaient pas avec beaucoup de précision les facultés et les opérations diverses de l’âme. Ils appelaient bétén le sens intérieur en tant que siège de la sensibilité, sans exclusion de l’intelligence et de la volonté. Job, xv, 35. On souhaite que les douleurs fondent sur l’impie et que son ventre, bitnô, yaffrïip, venter, en soit rempli. Job, xx, 23. Habacuc, ut, 16, dit : « Mon ventre a tressailli, » bitnî, xoiXt’a, venter, c’est-à-dire : ma sensibilité a été ébranlée. Les choses qui émeuvent fortement vont jusqu’aux hadrê bétén, aux « chambres du ventre », au plus intime de la sensibilité. Prov., xviii, 8 ; xxvi, 22. Le ventre, xot).îa, venter, s’émeut à la recherche de la sagesse. Eccli.,

li, 21 (29). Voir Entrailles, t. ii, col. 1818. Cf. Frz. Delitzsch, System der bibl. Psychologie, Leipzig, 1861, p. 265. Sur les causes qui émeuvent la sensibilité, voir Plaisir, col. 456 ; Souffrance ; Deuil, t. ii, col. 1396.

Cf. Eccli., xxxviii, 17-20.

H. Lesêtre.
    1. SENSUALITÉ##

SENSUALITÉ, inclination qui porte à rechercher et à se procurer avec excès les plaisirs des sens. Voir Plaisir, col. 456. Au point de vue de ses appétits sensuels, l’homme est désigné dans la Sainte Écriture par le mot « chair », qui marque la prédominance déréglée de la partie matérielle sur l’esprit. Voir Chair, t.’ii, col. 487. L’homme qui suit les instincts de la sensualité est’appelé * vieil homme », par opposition avec l’homme nouveau qui obéit à la grâce, Rom., VI, 6 ; Col., HT, 9, « homme animal », par opposition avec l’homme spirituel, I Cor., ii, 14, et « . homme terrestre », par opposition avec l’homme qui vient du ciel. I Cor., xv, 47. Les désirs grossiers de la concupiscence sont sa loi. Rom., vi, 12 ; Gal., v, 24 ; Jacob., iv, 1, 3 ; II Pet., iii, 3 ; I Joa., H, 16. Saint Paul appelle « corps du péché » cette inclination de la nature déchue qui fait des hommes les « esclaves du péché », et que Jésus-Christ est venu détruire.

Rom.,-vi, 6.

H. Lesêtre.
    1. SENTINELLE##

SENTINELLE (hébreu : sôfêh, somêr ; Septante : oxoitô ; , ipyXaJ ; Vulgate : custos, speculator), celui qui est chargé de veiller pour avertir du danger. — À la guerre, des sentinelles sont chargées de veiller sur un camp ou sur un poste, afin d’avertir les soldats de l’approche des ennemis. Quand Gédéon et ses hommes arrivèrent au camp des Madianites au milieu de la nuit, on venait de relever les sentinelles, c’est-à-dire que les sentinelles qui avaient monté la garde pendant une veille étaient allées réveiller celles qui devaient prendre la garde pendant la veille suivante. Le moment était donc favorable pour faire invasion dans le camp. Jud., vii, 19. — Pendant que les Philistins et les Israélites campaient en face les uns des autres, les premiers à Machmas, les seconds à Gabaa, Jes sentinelles de Saùl remarquèrent le tumulte occasionné dans le camp ennemi par l’exploit de Jonathas et elles en donnèrent avis. I Reg., xiv, 16. Après le meurtre d’Amnon par Absalom, une sentinelle vit venir de loin la troupe des autres fils du roi. II Reg., xiii, 34. À la suite de la défaite d’Absalom dans la forêt d’Éphraïm, une sentinelle placée à la muraille vit accourir un homme et cria pour avertir David ; elle en vit ensuite un autre et reconnut en lui Achimaas, fils de Sadoc, qui apportait la nouvelle de la victoire. Il Reg., xviii, 24-27. Pendant que les deux rois Joram et Ochozias étaient à Jezraël, la sentinelle placée sur la tour signala l’arrivée d’une troupe, puis l’attitude imposée aux deux cavaliers envoyés successivement vers elle, enfin l’approche de Jéhu qu’elle reconnut au train désordonné de son char. IV Reg., IX, 17-20. Dans le Cantique, v, 7, il est question de gardes qui font la ronde dans la ville et veillent sur les murailles. Les Assyriens mirent des sentinelle’s auprès des sources de Béthulie, afin d’empêcher les Hébreux d’y venir puiser. Judith, vii, 9. Après son exploit, Judith, xiii, 13, cria aux sentinelles de la ville de lui ouvrir les portes. Averti que les Syriens devaient le suspendre pendant la nuit, Jonathas commanda aux siens de se tenir sur pied et détacha des sentinelles avancées tout autour de son camp. IMach., xii, 27. — Dans sa prophétie contre Babylone, Isaïe, XXI, 5-9, met en scène une sentinelle qui fait le guet, crie aux armes et, debout tout le jour et toute la nuit sur la tour, décrit l’arrivée des envahisseurs. Dans la prophétie contre Édom, on demande à la sentinelle : « Où en est la nuit ? » Elle répond que le matin vient, mais refuse d’en dire plus long. Is., XXI, 11, 12. Les sentinelles de Sion élèvent leur voix joyeuse, car elles voient revenir Jéhovah