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SENNACHÉRIB


    1. SENNACHÉRIB##

SENNACHÉRIB (hébreu : anrac, Sanhêrîb ; Septante : ’Sivtàxiiçsty. ; assyrien : ] ►*— J ^ >^- J- «-m ^|]T Sin-ahi-erib, c’est-à-dire « (le dieu lunaire) Sin a multiplié les frères » ), roi d’Assyrie, fils et successeur de Sargon, et qui régna de 705 à 681 (fig. 316). Son règne nous est connu par les textes bibliques, les extraits des historiographes grecs, et surtout de nombreuses inscriptions cunéiformes dont un bon nombre rédigées par Sennachérib même, et dont les renseignements peuvent être contrôlés, complétés et même corrigés par l’important document dit Chronique babylonienne : malheureusement ces inscriptions sont presque toutes antérieures aux dernières années de son règne, sur lesquelles nous sommes par conséquent moins bien renseignés. Le principal de ces documents est l’inscription du prisme hexagonal, dit de Taylor, du nom de son premier propriétaire, actuellement au Musée britannique

346. — Cylindre de Sennachérib.

D’après Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh,

in-8°, Londres, 1853, p. 160.

et publié dans Rawlinson, The cuneiform Inscriptions of the Western À sia, t. i, pi. 37-42 ; rédigé en forme d’annales, il nous conduit jusqu’à la fin de la neuvième campagne de Sennachérib ; les lacunes peuvent être partiellement comblées par les autres inscriptions, spécialement par le cylindre du Musée britannique n. 103000 publié par King dans le t. xxvi des Cuneiform Texts du Britisk Muséum.

Sennachérib s’attacha à continuer la politique de Sargon vis-à-vis de Babylone qu’il finit par soumettre, et du côté de l’Occident vis-à-vis de l’Egypte, qui essayait sans cesse d’ébranler la domination assyrienne en Phénicie, en Palestine et en Philistie ; de ce côté Sennachérib fut moins heureux. Comme’d’ordinaire, la mort du conquérant Sargon et l’avènement du nouveau monarque excitèrent parmi tous les peuples conquis ou menacés des mouvements hostiles contre l’Assyrie ou des velléités de révolte. Mérodach-Baladan, précédemment détrôné, avait ressaisi la royauté en Babylonie et s’était hâté d’envoyer une ambassade à Ézéchias de Jérusalem, moins apparemment pour le féliciter de sa guérison, que pour ébranler sa fidélité au suzerain de Ninive et constater quelles étaient les ressources et les forces du royaume de Juda : on sait quel accueil on lui fit à Jérusalem, et le mécontentement et les oracles d’Isaïe qui en furent la suite. Là aussi un parti national voulait faire rejeter le joug assyrien, en recourant à l’appui de l’Egypte malgré les avertissements du prophète : Ézéchias se laissa entraîner, et cessa d’envoyer le tribut annuel, payé à l’Assyrie depuis Achaz.

Dès sa première campagne, c’est-à-dire vraisemblablement vers l’année 701 ou 703, Sennachérib entreprit de réduire la Babylonie : après une période de luttes mentionnée dans le Canon de Ptolémée comme un interrègne de deux ans, aidé par les Élamiles,

Mérodach-Baladan de (Bet)-Yakin était remonté sur le trône : l’Élam jouait à Babylone le même rôle que l’Egypte en Palestine, excitant la révolte et fournissant des troupes pour garantir sa propre indépendance ; mais Sennachérib survenant à l’improviste écrasa les coalisés à KiS, au sud de Babylone ; Mérodach-baladan se réfugia une fois encore dans les marais inaccessibles de la Basse-Chaldée, puis en Élam, tandis que son vainqueur pillait ses palais et ses trésors, or, argent, pierres précieuses, objets de prix, femmes et officiers, esclaves des deux sexes ; il s’emparait de 89 villes fortes outre des localités moins importantes sans nombre ; il plaçait sur le trône Bel-ibni, le Belibus des historiographes, et rentrait en Assyrie traînant à sa suite 208000 captifs, 7200 chevaux et mulets, 11113 ânes, 5230 chameaux, 80100 bœufs, 800500 brebis, etc.

L’année suivante, une deuxième campagne mit sous le joug ou fit rentrer dans l’obéissance les tribus de Bisi et de Yasubigalli, puis le pays d’Ellipi, et même les contrées éloignées qu’habitaient les Mèdes, c’est-à-dire l’Aram du moyen Euphrate, puis les régions montagneuses du Nord et de l’Est de la Mésopotamie : il y fit beaucoup de butin et y construisit quelques forteresses où il laissa des gouverneurs assyriens, mais vraisemblablement sans grand profit réel, au moins pour ce qui concerne les régions les plus éloignées et les plus inaccessibles.

La troisième campagne fut d’une bien autre importance, et d’un plus grand intérêt ; elle eut pour théâtre le pays des Hatti, c’est-à-dire la Syrie, la Palestine, la Phénicie et les royaumes voisins. Arvad, Gebal, Azot, Accaron étaient demeurées fidèles à l’Assyrie, mais Sidon, Ascalon et Juda avaient cessé de payer le tribut imposé par Sargon : Ce que voyant, les gens d’Accaron se révoltèrent également, se saisirent de leur prince Padi qui voulait rester fidèle à Sennachérib, l’enchaînèrent et le livrèrent à Ézéchias, pour qui un pareil hôte ne pouvait qu’être fort compromettant. Au fond ces quatre petits royaumes ne pouvaient espérer de lutter avantageusement contre l’Assyrie sans l’appui de l’Egypte, l’inspiratrice habituelle de toutes ces coalitions. Selon Maspero, le pharaon était alors Sabitkou, fils de Sabacon, nommé Séthos par Hérodote ; selon M. de Rougé, Oppert, Sayce et Rawlinson, d’accord avec le texte biblique, Tharaqa ou Tirhakah, également de la dynastie éthiopienne, l’avait déjà remplacé ; les textes assyriens mentionnent simplement le roi d’Ethiopie et les princes d’Egypte sans donner aucun nom. Suivant son habitude le roi d’Assyrie déjoua la coalition par son apparition subite en Palestine, à la tête d’une puissante armée. Les pays demeurés fidèles, et ceux qui étaient restés hésitants comme Moab, Amon et Édom, se hâtèrent de faire leur soumission et d’envoyer à l’envahisseur des tributs, et sans doute aussi des troupes de renfort. Quant à Luli-Elulseus, roi de Sidon, il se réfugia par delà la mer, tandis que Sennachérib dévastait à loisir ses possessions continentales et lui donnait pour successeur Tubal (Ethbaal ou Ithobal). La Philistie subit un sort analogue : le territoire d’Ascalon fut ravagé, Zidqa son roi fait prisonnier et Sar-lu-dari mis à sa place ; Beth-Dagon, Joppé, Benê-Baraqet Hazor, qui dépendaient d’Ascalon, furent prises et dévastées au passage. Il arrivait à Accaron quand survint l’armée égyptienne, les princes d’Egypte avec la cavalerie, les chars et les archers de Méroé. On choisit pour livrer la bataille Altaqu, TElteqê de Joseph, Ant. jud., XIX, 44, dans la tribu de Dan, aux environs de Thamnath et d’Accaron : « Mettant ma confiance dans le dieu Assur mon maître, écrit Sennachérib dans ses Annales, je les attaquai et les défis ; les chefs des chars et les princes d’Egypte, les chefs des chars du roi deMeroé (Mutsru, Miluljhu