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SEMAINE


leurs mois en trois décades, avec cinq jours complémentaires â la fin de l’année. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 208. Ce n’est donc pas chez eux qu’il faut chercher l’origine de la semaine, malgré l’affirmation de Dion Cassius, xxxvii, 18.

2° Chez les Babyloniens. — Le nombre sept jouait-un rôle considérable chez ces derniers. Il figure cons tamment dans les monuments, non comme simple abstraction, mais comme la forme consacrée d’importantes réalités concrètes. Dans les poèmes chaldéens, les périodes septennaires sont beaucoup plus fréquentes que les autres. On compte sept planètes et sept grands dieux. Cependant, l’association des planètes et des dieux ne fut plus tard que le résultat des spéculations alexandrines ; à Babylone, on n’y songea jamais. Les dieux y deviennent les patrons des jours, mais sans aucune trace de spécification septennaire. Ainsi, sur un calendrier du mois intercalaire Élul, le 12 du mois est consacré à Bel et à Beltis, le 13 à la Lune, le 14 à Beltis et à Nergal, le 15 à Samas, le 16 à Mardouk et à Zirbanit, le 17 à Nébo et à Taâmit, le 18 à Sin et à Samaâ, le 19 à Goula. Cf. Rawlinson, Cun. Inscr. West. As., t. îv. pi. 32, 33 ; Schrader, Uer babyl. Vrsprung der siebentâgigen Woche, dans Theol. Stud. und Kritik. , 1874, p. 343-353 ; Die Keilinschriften und das A. T., 1883, p. 18-22. Il n’apparaît nullement ici que les jours soient divisés par périodes septennaires avec des noms distinctifs. On sait aussi que certains sacrifices étaient prescrits et des abstentions commandées les 7, 14, 21, 28 du mois, et en plus le 19, c’est-à-dire le 49e (7x7) jour après le commencement du mois précédent. Voir Sabbat, col. 1292. La division septennaire est ici manifeste ; mais elle ne constitue pas encore la semaine proprement dite, puisqu’elle reprend un nouveau point de départ au début de chaque lunaison. Il n’est point prouvé d’ailleurs que la signitication de ces dates ait eu quelque valeur en dehors du domaine liturgique. Un manuscrit grec, publié par M. de Mély pour l’Académie des sciences, contient la description, par le grammairien alexandrin Harpocration, de ce qui restait à son époque du Birs Nimroud, restauré par Nabuchodonosor. Voir Babel (Tour de), 1. 1, col. 1347. La tour se composait de six étages surmontés d’un petit sanctuaire, soit en tout sept étages. On accédait au sanctuaire par 365 marches, dont 305 en argent et 60 en or. Les 365 jours de l’année sont donc représentés ; mais les sept étages figurent les sept dieux ou les sept planètes, nullement les sept jours de la semaine. Pour que cette dernière fût rappelée clairement, il eut fallu à la tour non pas 7, mais 52 étages. En somme, les anciens Hébreux purent emporter de Chaldée une inclination très accentuée pour les divisions septennaires ; rien ne permet d’affirmer qu’ils y aient pris la semaine proprement dite, sinon peut-être comme coutume particulière à une tribu, mais dont rien n’indique l’origine.

3° Chez les Hébreux. — La semaine est en usage chez les Hébreux antérieurement à la législation mosaïque. Exod., XVI, 26. Ceux-ci ne l’ont certainement pas empruntée aux Égyptiens. Il la connaissaient donc avant d’occuper la terre de Gessen et ont dû régler leur vie d’après cette division septennaire, au moins tant qu’ils ont joui de la liberté. Il est difficile d’admettre que la semaine ait été, à leurs yeux, une conséquence de la lunaison. Sans doute, les grands luminaires du ciel étaient destinés à marquer te les époques, les jours et les années. » Gen., - i, 14. Dieu « a fait la lune pour marquer les temps. » Ps. civ (cm), 19. Mais le rôle de cet astre se borne à « indiquer les temps de l’année » et à « donner le signal des fêtes. » Eccli., xliii, 6, 7. D’elle dépendent les néoménies et la date des solennités. Mais les unes et les autres demeurent toujours indépendantes de la division

septennaire, et cette dernière a pour caractéristique dese poursuivre sans discontinuité et d’enjamber sur les mois. En cela, elle diffère radicalement de toutes lespériodes septennaires des Babyloniens. La semaine divise le mois en quatre parties d’une manière tropimparfaite pour en être dérivée directement. Les-Hébreux tenaient le nombre sept en aussi grande estimeque leurs ancêtres. Voir Nombre, t. iv, col. 1689, 1694.. Il est donc probable que, l’ayant adopté pour la division du temps, ils appliquèrent le système septennairebeaucoup plus exclusivement que ne l’avaient fait leurs devanciers. Moïse consacra cette antique division par l’application qu’il en fit au récit de la création. Dans le poème chaldéen de la création, v, 17, 18, il est question d’un septième et d’un quatorzième jour de la lune. Mais la division en sept jours est tout à fait inconnue. Cf. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, . 1907, p. 61. Moïse est le premier à diviser l’œuvre créatrice en six jours, suivis d’un jour de repos. L’intention de donner ainsi une base religieuse à l’institution de la semaine est d’autant plus accusée que l’écrivain sacré énumère huit œuvres distinctes. Il en réunit deux ensemble au troisième et au sixième jour. Il aurait pu noter huit jours de création au lieu de six s’il l’avait voulu. C’est donc qu’il tenait à faire de la semaine divine le type de la semaine hébraïque. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ], p. 218-235 ; Durand, La semaine chez les peuplesbibliques, dans les Etudes religieuses, 15 juin 1895, p. 214-222 ; Lagrange, Etudes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 292-294 ; J. Hehn, Siebenzahl und Sabbat, Leipzig, 1907. — La division septennaire se reproduit sous différentes formes dans le calendrier hébraïque. La semaine a sept jours. Les fêles de la Pâque et des Tabernacles durent sept jours. Lev., xxiii, 8, 34. Celle de la Pentecôte a lieu sept semaines aprèsle sabbat de la Pâque. Lev., xxiii, 15. Pour cette raison, on l’appelle la Fête des semaines. Exod., xxxiv, 22 ; Deut., xvi, 10, etc. Les fêtes des Expiations et des-Tabernacles sont fixées au septième mois. Lev., XXIII, .. 27, 34. Dans le Temple, les prêtres et les lévites exerçaient leurs fonctions à tour de rôle par semaines, I Par., xxiv, xxv ; Luc, 1, 8. La septième année est. l’année sabbatique. Voir Sabbatique (Année), col. 1302. Sept semaines d’années aboutissent à l’année jubilaire. Voir Jubilaire (Année), t. iii, col. 1750. Dans sa prophétie sur le Messie, Daniel, IX, 24-27, compte parsemaines d’années. Voir Daniel, t. ii, col. 1277.

4° Chez les Grecs et les Romains. — Les Grecs divisaient leurs mois, alternativement de 30 et de 29jours, en trois périodes de dix jours, la troisième n’en ayant que neuf dans les mois de 29 jours. Ce système, analogue à celui des Égyptiens, n’avait rien de commun avec la semaine. Chez les Romains, le premier du mois portait le nom de calendes ; les ides tombaient le 13 ou le 15, et les nones, huit jours avant les ides. Cette division s’inspire approximativement des phases de la lune, mais demeure tout à fait étrangère à l’idée de semaine. L’usage de la semaine hébraïque ne prévalut d’ailleurs que tardivement en Orient ; les Arabes eux-mêmes l’empruntèrent aux Hébreux. Cf. Schrader, dans les Stud. und Kritik., 1874, p. 344. La diffusion du christianisme entraîna peu à peu l’adoption de la semaine dans le monde gréco-romain. Les chrétiens, obligés de férier le dimanche, qui succédait pour eux au sabbat hébraïque, ne pouvaient se dispenser de diviser les jours en semaines. On garda aux sept jours les noms des planètes, à la manière babylonienne. Mais le langage chrétien substitua toujours le nom de « jour du Seigneur » ou dimanche à celui de « jour du soleil ». Voir Dimanche, t. ii, col. 1430. Cf. Martigny, Dict. des antiq. chrél., Paris, 1877, p. 729. En grec, le mot è680ji.â ; désigne soit le nombre sept, soit un groupe-