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SELA — SÉLAH


tante et la Vulgate ont pris Sêla' pour un nom commun dans ce passage, dont le sens véritable paraît avoir été oublié de bonne heure. L’identification de la localité est d’ailleurs très problématique. Plusieurs ont proposé d’identifier Séla avec le village actuel de Beit Djala, à l’ouest de Bethléhem, mais il est plus probable que le tombeau de la famille de Saül était plus au nord dans le voisinage de Rama de Benjamin. Voir Rama. 1, col. 941.

    1. SÉLAH##

SÉLAH (hébreu : nbD ; Septante : 8° â'iaXu.a) terme indiquant une pause du chant.

I. Passages ou est employé sélah. — Cette indication se lit soixante-quatorze fois dans le texte hébreu de la Bible, soit soixante-et-onze fois dans trente-neuf Psaumes et trois fois au cantique d’Habacuc. Ps. Ht,

3, 5, 9 ; iv, 3, 5 ; vii, 6 ; iv, 17, 21 ; xx, 4 ; xxi, 3 ; xxiv, 6, 10 ; xxxii, 4, 5, 7 ; xxxix, 6, 12 ; xliv, 9 ; xlvi, 4, 8, 12 ; xlvii, 5 ; xlviii, 9 ; xlix, 14, 16 ; l, 6 ; iii, 5, 7 ; liv, 5 ; lv, 8, 20 ; lyii, 4, 7 ; lix, 6, 14 ; lx, 6 ; lxi, 5 ; lxii, 5, 9 ; lxvi, 4, 7, 15 ; lxvii, 2, 5 ; lxviii, 8 ; 20, 33 ; lxxv,

4, lxxvi, 4, 10 ; lxxvii, 4, 10, 16 ; lxxxi, 8 ; lxxxii, 2 ; lxxxiii, 9 ; lxxxiv, 5, 9 ; lxxxv, 3 ; lxxxvii, 3, 6 ; lxxxviii, 8, 11 ; lxxxix, 5, 38, 46, 49 ; cxl, 4, 6, 9 ; cxliii, 6. Hab. iii, 3, 9, 13. Les Septante donnent soixante-sept fois 81ài}13(Xu.a comme équivalent de l’hébreu sélah, mais ce mot a été omis par les traducteurs, ou plutôt -a disparu par la faute des copistes au dernier verset des Ps. iii, xxiii (xxiv), xlv (xlvi) et au ꝟ. Il du Ps. lxxxvii 4 lxxxviii). On le trouve par contre aux Psaumes ii, 4 ; xxiii (xxiv), 11, et xcm (xciv), 15, où il manque dans le texte massorétique. Enfin au Psaume ix, 37, le traducteur grec s’est servi de la tournure tîiôï] Sia|àX[i.aToç pour rendre higgdyôn, sélah. Voir Musique des Hébreux, i, 2, t. IV, col. 1348. Parmi les autres interprètes grecs, quelques-uns font du terme SiàipaXna le même usage que les Septante. La version des Hexaples d’Origène (lxx), t. xvi, col. 578, l’indique au Ps. ii, 4. La cinquième version donne 61° ]vsxûç, Ps. xx, 3, col. 669. La sixième version a eîç teXoj, Ps. iii, 3, 9 ; eiç tô téXoç, col. 582. 'Les autres versions grecques ont 8tâ<j/aXfi « , es ; « ei, 980-, 'Yo ; àsi, Théodotion, Ps. ix, 17, [i.ï]X16ôr, jj.ot àsi, col. 614. On rencontre enfin le Siâ^aXtuc dans le texte, .grec du Psautier de Salomon (xvii, 31 ; xviii, 10). Fabri-cius, Codex pseudepigraphus V. T., t. 1, p. 966, 971.

Le diapsalma était aussi exprimé dans les anciennes versions latines. On peut voir, pour l’ancien Psautier romain, Tommasi, Opéra omnia, édit. Vezzosi, 'Rome, 1749, 1. 11, p. 4 sq., et pour le Psautier gallican, Tommasi, ibid., et t. iii, p. 4 sq. ; Bible de Vence, Dissertation sur Lamenazeah et Sela, 1829, t. ix, p. 452, note. Ces versions suivent généralement la disposition des Septante. Au Psautier gallican, diapsalma se lit soixante-seize fois, spécialement, en plus des endroits où il répond au sélah original, Ps. 11, 4 ; iii, 9 ; xxxii, 10 ; xlv, 12 ; lxxvii, 4, 14, 26 ; lxxxviii, 11. L’ancien romain l’ajoute Ps. xxxii, 10, lxvii, 1, 4, 26 ; lxxxvii, 11, 15. Il l’omet Ps. iii, 2 ; xxiii, 10 ; xlv, 12. Le diapsalma s’est conservé dans le Psautier mozarabe ; on l’y retrouve trente-sept fois, notamment aux psaumes 11, 4 ; lxxviii, 8 ; LXXix, 9, où les Septante, non plus que les autres versions grecques, ne le contiennent pas. Voir Lorenzana, Breviarium golhicum secundum régulant S. Isidori, Madrid, 1775, p. I et suiv. Ximénès avait laissé de côté le diapsalma, dans son édition du Psautier mosarabe. Patr. lai., t. lxxxvi, col. 21. On le rétablit parce qu’il servait de point de repère dans les divisions de la psalmodie. Son usage est attesté en outre par Optât, Contra Parmen., iv, 3, t. xi, col. 10301031 ; Haimon, In Ps. xxxiii, t. cxvi, col. 330, et Cas-siodore, dont le texte est décisif pour l’usage du diapsalma dans la psalmodie en dehors du cursus romain.. « Ce mot s’intercale bien là où l’on reconnaît un chan gement de sens ou de personne ; c’est pourquoi nous faisons régulièrement les divisions partout où le diapsalma peut se trouver dans les Psaumes. Pour les autres divisions, nous cherchons à les faire de la meilleure manière possible, au moins dans les endroits où nous nous croyons autorisés à placer ce mot. » In PsalteriumPrsefatio, xi, t. lxx, col. 17. D’autre part, le diapsalma n’existe ni dans le Psautier romain ni dans l’ambrosien. Les Psaumes se disent sans divisions dans l’office romain ; de là, inutilité du signe de coupure. À Milan, au contraire, les divisions des Psaumes multipliées, pour ainsi dire, à l’infini, rendirent le diapsalma insuffisant ; de là, sans doute, son absence dans le Psautier milanais.

D’après la Synopsis Scripturss, l’indication S'.âiaXjjia se lisait aussi, comme dans les Hexaples, au Psaume 11, 3, où nous avons vu que les Psautiers gothiqne et gallican l’ont conservée ; quatre fois, au lieu de trois, au Ps. lxvii et cinq au Ps. lxxxviii. Elle manquait au contraire dans les passages suivants : Ps. iii, 9 ; ix, 21 ; xix, 4 ; xx, 3 ; xxiii, 10 ; xxxi, 7 ; xlv, 12 ; xlix, 6 ; lxxxiii, 9 ; lxxxvii, 8 et 11. Patr. gr., t. xxiii, col. 337 sq., ce qui donne seulement soixante-cinq S'.a<J/âX[iara au lieu du nombre indiqué plus haut. Voir toutefois saint Jérôme, Epist. xxviii, ad Marcell., De diapsalmate, t. xxii, col. 433-435. L’omission de ce mot à la fin des Ps. iii, xxiii et xlv dans ces versions grecques est peut-être volontaire : elle s’explique si ce mot est pris pour une pause au milieu du Psaume.

II. Opinions sur la signification de sélah et de ses traductions. — On relève trop de diversités entre les explications que les auteurs donnent du terme sélah, pour que l’on puisse penser à tirer parti de chacune d’elles. On éliminera par conséquent celles qui manquent de fondement, pour retenir les plus probables et voir jusqu'à quel point elles peuvent être rapprochées et concilées. Une première série d’interprètes rattachent sélah et diapsalma au texte lui-même ; les autres tiennent ces termes pour une indication, ou, si l’on veut, une rubrique, indépendante du texte.

1° Sélah et diapsalma rattachés au contexte. — 1. La tradition juive, représentée par les targums et un grand nombre de rabbins, explique communément sélahm :

— a) par le'ôlâm, le'ôlâmîm, « à jamais », « dans les siècles ». Voir Buxtorf, Lexicon hebraicum, au mot nbD. La Peschito a suivi la tradition juive en rendant sélah par le'ôlâm et le'ôlâmîn. On trouvera ci-dessous l’explication du diafsalma de la version hexaplaire syrienne.

— b) par des expressions synonymes telles que lenêsal)., infinem (Aben Esra, Commentaire sur le Psaume ni), dont il faut rapprocher les traductions citées ci-dessus de la sixième version : eî ; téXoç, et ; t’o téXoç, SianavToç ; de la cinquième version, Siaracv-rd ; , SirivExû ; , àeî ; Aquila suit la même tradition et donne « ei, tandis que la quatrième version transcrit sans traduire : <teXcx. Cf. <xÉX. Origenis Hexapl., t. xvi, col. 579, 583, 595 ; Selecta in Psalmos, t. XII, col. 1059. Saint Athanase adopte la traduction àsc, De titulis Ps., t. xxvii, col. 657. Saint Jérôme, après avoir exposé les autres opinions, retient l’interprétation d’Aquila et traduit semper. Divina Bibliotheca, t. xxviii, col. 1190 sq. ; Comment, in Habacuc, m, 3, t. xxv, col. 1311. Voir aussi S. Isidore de Séville, Etymol., vi, 19, t. lxxxii, col. 253. Les Juifs continuent de nos jours à employer sélah comme synonyme de le'ôlâm, dans leurs formules de prières et dans leurs inscriptions tumulaires. Si en certains cas la signification de semper ou in seternum a paru convenir assez bien au sens général pour qu’on ait pu joindre au texte cette expression comme si elle en faisait partie, et la transporter même dans les versions, Ps. LXI, 9, dans la Vulgate, Ps. li, 7, dans Symmaque, t. xvi, col. 845, il ne manque pas de passages où ce sens devient difficile à détendre. Voir par exemple Ps. xxxii, 4 ; lxxxj (lxxx), 8.