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SEGOR


méridionale de cette presqu’île et vers l’est de Petra deserti, c’est-à-dire du Kérak. Dans Zeitschrift des deut-. schen Palâlina-Vereins, t. xiv, pi. I.

Les explorateurs qui cherchent au Lisan le site de Ségor, le voient les uns, avec Irby et Mangle, Travels, p. 448, à Çera’a, les autres, avec Robinson, toc. cit., au Mezra’a où 1 on trouve aussi des ruines appelées tdoua/iïn es-Sukkar, « moulins à sucre », comme on en rencontre d’ailleurs sur divers points du Ghôr. — Le nom de

Sughar, ji ;  ; presque toujours employé par les anciens

écrivains arabes pour désigner la ville de Lot, paraît bien avoir été le nom usité dans le pays, comme le montre le cri de guerre traditionnel des gens d’ei-Qereiyé. Le fait que ces habitants du Ghôr n’appliquent point ce nom à cet endroit ni à aucun autre du Ghôr es-Sâfîeh n’est-il pas l’indice qu’ils l’ont apporté d’une émigration et comme on ne le retrouve nulle part ailleurs, ne doit-on pas induire de là qu’ils ont dû émigrer devant les eaux envahissantes de la mer Morte qui, après avoir franchi le seuil séparant le bassin du lac des terres de l’ancienne Pentapole, ont fini par gagner le territoire de Ségor et la ville elle-même ? Comprendrait-on autrement comment une ville toujours en vue dans l’histoire et jusqu’après les croisades, et dont le nom s’est perpétué dans le souvenir des Ghoârnéh, a pu tout d’un coup disparaître, au point que l’on ne sache même plus où retrouver son site ? Il nous semble donc inutile de la rechercher au Ghôr es-ipâfîeh pas plus qu’au Lisân : elle devait plus probablement, semble-t-il, se trouver au sud de ce dernier territoire. II. Description et histoire. — « Bala qui est Ségor », nommée la dernière parmi les villes de la Pentapole et dont le nom du roi n’est pas prononcé, Gen., xiv, 2, était sans doute la moindre, « la petite », Gen., xix, 20, tô àll-fo-/, Josèphe, Ant. jud., i, xi, 4, selon l’expression par laquelle Lot la désigna et qui resta son nom. C’est à la prière de Lot demandant aux anges de lui permettre de s’y réfugier, qu’elle dut d’échapper au cataclysme qui frappa ses voisines. Gen., xix, 19-23, 29. Il craignit cependant de s’y arrêter et se retira dans la montagne voisine où il donna naissance à Moab à qui Ségor resta en partage, 30, 37. Son territoire avait paru à Lot, l’observant des montagnes, pareil à celui de l’Egypte. Gen., xiii, "10. N’ayant point été bouleversé avec les régions voisines et étant arrosé par les courants descendant des montagnes de l’Est, le pays de Ségor conserva ses avantages. C’est sans doute à cet état de prospérité et à la vie commode que menaient les habitants de Ségor que font allusion les prophètes, Is., XV, 5 ; Jer., xlviii, 34, quand ils l’appellent « une génisse de trois ans » ; mais c’est aussi aux vices qui en sont souvent la conséquence et qui étaient déjà ceux des anciens habitants de la Pentapole, l’orgueil, la paresse, les excès de table et la débauche. Ils lui annoncent, comme aux autres villes de Moab, la douleur et la désolation qui en seront le châtiment. — Ségor fut enlevée aux Arabes et soumise aux Juifs par Alexandre Jannée. Ant. jud., XIII, xv, 4. Elle est une des douzes villes qu’Hyrcan II promit au roi de Pétra, Arétas, de lui rendre, s’il l’assistait contre son frère Aristobule. Ibid., XIV, 1, 4. — Elle dut être évangélisée dès les premiers temps et devint un siège épiscopal dépendant de Pétra, qui paraît s’être maintenu jusque vers l’époque des croisades. Cf. Lequien, Oriens chritianus, Paris, 1740, t. iii, Ségor, p. 738-746. — Les Romains avaient placé à Ségor une garnison. Onomasticon, au mot Bala, p. 94, 95. Ségor est figurée sur la carte de Madaba (fig. 337), comme une forteresse à tours nombreuses et élevées, au bord de la mer, dans une plaine plantée d’arbres, parmi lesquels domine le palmier. À l’entrée de la montagne voisine, à l’est, une église près de laquelle un grand bâtiment représente sans doute un monastère, était dédiée

à un saint dont il reste seulement l’initiale L (A.). On a supposé qu’elle consacrait la mémoire de Lot. Cf. E. Stevenson, Di un insigne pavimento in musaico, dans Kuovo Bulletino di Arch. Crist., 3e année, n. 1 et 2, tirage à part, Rome, 1897, p. 56. Le monument renfermait vraisemblablement la grotte où Lot s’était retiré, Gen., six, 30, et que sainte Paule paraît avoir visitée, en 383. S. Jérôme, Ep. cviii, t. xxil, col. 887. Le culte de Lot, dans les églises orientales, est attesté par les anciens ménologes.Cf. Actasanct., t. ivoctobris, p. 565. Le baume était cultivé à Ségor, Onomasticon, loc. cit. Mais son principal produit était la datte, poma palmarum. Ibid., p. 97. Elle est appelée « la ville des Palmiers », dans la Mischna, Yebamoth, xvi, 10, et les

337. — Ségor. D’après la carte mosaïque de Madaba. Au-dessus le monastère en l’bonneur de L[ot].

Talmuds, Schebiith, vu. Il était permis, lîinnée sabbatique, de manger des dattes jusqu’à ce qu’il n’en restât plus à $ô’ar. Talmud Bab., Pesahim, 53 a. — Le nom de « mer de Zughar » était un de ceux usités chez les Arabes pour désigner la mer Morte. Elle ne cessait d’être sillonnée par les barques qui transportaient les dattes de Sughar. Edrisi, Geogr., édit. Gildemeister, Bonn, 1855, p. 3. Le commerce de la substance sucrée de ce fruit appelée par les Arabes suqan ou sugar, et particulier à Ségor, avait depuis longtemps répandu au loin son nom, qui devait demeurer aux produits similaires. Cf. Moab, t. iv, col. 1155. — Au xir » et au xme siècle, les Croisés admiraient encore les plantations de palmiers de Ségor et l’appelaient aussi « la ville, le pays des Palmiers », Palmer, Paumier. Cf. Foulques de Chartres, Guillaume de Tyr, Jacques de Vitry, dans Bongars, Gesta Dei per Francns, Hanau, 1611, p. 306, 307, 405, 1041, 1076. Le roi Baudouin I », en 1100, parcourant les régions au sud de son royaume, parait avoir trouvé encore Ségor à l’extrémité de la mer. C’est au xive siècle ou au XVe qu’il semble avoir disparu. Voir Ed. Robinson, Zoar, dans Biblical Researches in