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SÉDUCTION

SEGOR

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L’idolâtrie.

La Loi défendait formellement les unions avec des étrangères, qui auraient pu séduire les Israélites et les entraînera l’idolâtrie. Exod., xxiii, 33 ; xxxiv, 16 ; Deut., vii, 4. Il y avait des faux prophètes séducteurs qui entraînaient à l’dolâtrie. Deut., xiii, 13 ; Jer., xxiii, 16 ; Lam., ii, 14. Plusieurs rois sont accusés d’avoir exercé ce genre de séduction, Jéroboam, IV Reg., iii, 3 ; Nadab, III Reg., xv, 26 ; Amri, IIIReg., xvi, 26 ; Manassé. IY Reg., xxi, 9 ; II Par., xxxiii, 9.

L’erreur.

Les faux prophètes séduisaient le peuple pour lui persuader le contraire de ce que Dieu faisait annoncer. Jer., xiv, 14 ; xxiii, 26, 32 ; xxix, 8 ; L, 6 ; Ezech., xiii, 10. Les ennemis de Jésus-Christ le traitèrent de séducteur. Matth., xxvii, 63 ; Joa., vii, 12, 47. Les Apôtres furent traités de même. Il Cor., vi, 8. Simon le magicien fut un vrai séducteur des foules. Act., viii, 9. Les faux docteurs s’appliquèrent à séduire les premiers chrétiens. II Tim., iii, 13 ; Tit, , i, 10 ; I Joa., ii, 26. Les Apôtres recommandent de ne pas se laisser séduire par les discours de ces docteurs. Eph., v, 6 ; Col., ii, 18 ; II Thés., ii, 3 ; I Joa., iii, 7. Les séducteurs seront particulièrement nombreux et dangereux aux derniers temps du monde. Matth., xxiv, 4, 5, 11 ; Marc, xiii, 5, 6, 22 ; Luc, xxi, 8.

L’illusion.

Le rabsacès assyrien dit à Ézéchias de ne pas se séduire lui-même, en comptant sur son Dieu pour le protéger. IV Reg., xviii, 29 ; xix, 10 ; Is., xxxvi, 14. L’Idumée a été séduite par son propre orgueil. Jer., xlix, 16. Les chrétiens ne doivent pas se séduire eux-mêmes, en se faisant des illusions trompeuses. I Cor., iii, 18 ; xv, 33 ; Gal., vi, 3 ; Jacob., i, 26 ; I Joa., i, 8.

H. Lesêtre.

SEGOND Jean-Jacques-Louis, théologien protestant, Suisse, né, de parents français, à Plainpalais, banlieue de Genève, le 3 mai 1810, mort à Genève, le 18 juin 1885. Après avoir terminé ses études littéraires et théologiques dans cette ville, Segond suivit les cours de la faculté de théologie à l’université de Strasbourg où il prit les grades de bachelier, licencié et docteur (1834-1836). Aussitôt après, il professa un cours libre d’exégèse de l’Ancien Testament à la faculté de théologie de Genève (1836-1340). Nommé pasteur de ChênesBourgeries en 1840, il dirigea cette paroisse jusqu’en 1864. À cette date il fut rappelé à Genève pour y travailler à la version de l’Ancien Testament, à laquelle Segond doit sa notoriété. Pendant ce temps il devint professeur titulaire d’exégèse de l’Ancien Testament à la faculté de théologie de Genève. On a de lui : Rut ii, étude critique, 1834 ; L’Ecclésiaste, élude critique et exégétique, 1835 ; De voce Scheol et notione Orci apud Èebrseos, 1835 ; De la nature de l’inspiration, 1836 ; Traité élémentaire des accents hébreux, 2° édit., 1874 ; Chrestomathie biblique, 1864 ; Le prophète Isaîe, 1866 ; L’Ancien Testament, traduction nouvelle d’après le texte hébreu, 2 in-8°, 1874, plusieurs éditions ; Le Nouveau Testament, traduction nouvelle d’après le texte grec, 1880, plusieurs éditions. — Cf. Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, t. xiii, 1882, p. 196. O. Rey.

SEGOR (hébreu : Sô’ar, « petitesse » ; Septante : 2° lY(ip, Sdyopa, Soyôp), ville de la Pentapole.

I. Identifications.

Les opinions sont diverses.

1° Cl. R. Conder croit avoir retrouvé le nom de Ségor au tell es-Saghûr, à 12 kilomètres au nord-est de la mer Morte et à 2 à l’est de’er-Râméh. Handbook to the Bible, Londres, 1873, p. 38 ; Id., Heth and Moab, Londres, 1880, p. 154-155. Les explorateurs anglais ont généralement accepté cette identification. Cf. G. Armstrong, Names and Places in the Old Testament, 1887, p. 185 ; Pal. Expl. Fund, Quarterly Slatement, 1879, p. 15.

2° La plupart des auteurs modernes s’accor dent à chercher Ségor vers le sud de la mer Morte. Outre les arguments généraux déterminant à placer la Pentapole et par conséquent Ségor dans la partie la plus méridionale du Ghôr, il en est plusieurs de spéciaux pour cette ville.

1° Elle était « voisine » de Sodome, Gen., xix, 20, que l’on doit chercher à proximité du djebel’Esdoum. Et, en effet, parti de Sodome vers l’aurore, Lot arriva à Ségor au soleil levant, ꝟ. 15, 23. Rien que l’expression haS-sahar’aldh puisse s’entendre : « l’aurore approchait, » et avec assez d’ampleur, comme les crépuscules du pays atteignent à peine 1 heure, on ne peut guère attribuer plus de deux heures à la fuite de Lot.

2° Ségor sert à marquer la limite méridionale extrême de « la région du Jourdain » ou du Ghôr. Gen., xiii, 10 ; Deut., xxxiv, 3. Cf. Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 360.

3° Dans Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 4, Zoara d’Arabie (Ségor) marque l’extrémité méridionale du lac Asphaltite. Cf. Eusèbe, Onom., au mot 0a).a<T<rx t, à).uxr, édit. Larsow, p. 212.

Les modernes qui placent Ségor au sud, le cherchent les uns du côté occidental, les autres du côté oriental du Ghôr.

A). Les premiers le placent à éz-Zûeirat et-Tahtà ou à ez-Zûeirat el-Fôqd, le dernier à deux kilomètres environ au nord-ouestdud/e’6eJ’£'sdottm /l’autre à 6 ou 7 plus haut au nord-est, sur les hauteurs qui dominent à l’ouest, la partie inférieure de la mer Morte. Ed. Robinson, Bibl. Researches, Boston, 1841, t. ii, p. 480481, fait remarquer que Zûeirah, manquant du’aïn(’), n’est pas identique avec $ô"ar, qui d’ailleurs est indiqué au pays de Moab ou à l’Orient, Gen., xix, 30, 37 ; Is., xv, 5 ; Jér., xlviii, 34.

B) La plupart des savants modernes conviennent qu’il faut placer Ségor dans la partie méridionale de Moab et vers le sud de la mer Morte. Les uns la cherchent au Ghôr es-Sâfiéh. Burekhardt, Travelsin Syria and Roly Land, Londres, 1822. p. 391, semble l’avoir reconnu dans la localité d’es-Sâ/iéh. D’après Kitchener, P. E. F. Quarterly Statemenls, 1884, p. 126, on ne trouve point là des ruines anciennes ; le seul lieu de la région où se voient des restes importants est le Khirbet-Labrush, au pied de la montagne du même nom. Riehm propose Qal’at es-Çdftéh, Handiobrterbuch des bibl. Altertums, art. Zoar, 1844, p. 1874.M.Clermont-Ganneau aime mieux les Ta’ouahîn es-Sukkar, dont le nom peut s’interpréter « les moulins de Sughar » ou de Ségor. P. E. F., Quart. Stat., 1886, p. 19-22. Al. Musil s’arrête à el-Qarêiyé, ruine située non loin delà précédente, à l’issue du seil elQérdhi, qui termine e’ouâd’el-]}ésâ. Les Bédouins de l’endroit s’appellent, dans leur cri de guerre, « enfants de Zughar ». Arabia Petrsea, Moab, t. i, in-8°, Vienne, 1907, p. 70, 74, note 4.

D’autres cependant, parmi lesquels Raumer, Ritter, E. Robinson, Neubauer, croient que Ségor doit être cherché vers l’embouchure de l’ouadi Kérak-Derâ’a, ou au Lisdn actuel. La mer Morte des textes indiquant Ségor à son extrémité ne s’étendait pas au delà. Elle ne pouvait, au temps que subsistait au nord « la langue (lasôn) delà mer », Jos., xv, 5 ; xviii, 19, figurée encore sur la carte de Mâdaba et dont l’îlot aujourd’hui disparu était le reste, avoir franchi le seuil la séparant du territoire de la Pentapole décrit par ces textes. Le Ghôr e$-Sâfiéh est distant d’au moins 20 kilomètres de ce seuil. Dans l’étendue de 580 stades (= 108 kilomètres) attribuée par Josèphe, loc. cit., au lac Asphaltite, ses eaux se seraient avancées, il est vrai, au sud surtout, bien au delà des limites actuelles et elles auraient même submergé le Ghôr es-$àfiéh tout entier ; mais les chiffres de l’historien juif sont sujets à caution et souvent exagérés. Ils sont ici rectifiés par la description de la Sodomitide, ibid., identique au fond à celle de ces textes et ne pouvant s’appliquer qu’au territoire aujourd’hui inondé s’étendant au sud du Lisdn. Une carte du siv » siècle, conservée à Florence, ’représente Ségor à l’extrémité