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SCRIBE — SCULPTURE


ce qui arriva. Le Sauveur commença par signifier que, pour faire partie du nouveau royaume qu’il venait fonder, il fallait une justice supérieure à celle des scribes et des pharisiens. Matth, , v, 20. Les deux sont mentionnés ensemble parce que, si les pharisiens ne pouvaient tous être des scribes, ces derniers du moins étaient pharisiens, et que la justice des uns et des autres consistait surtout dans l’observance de leurs traditions humaines, au détriment de la loi divine et morale. Matth., xv, - 3. L’enseignement du Sauveur, parlant de sa propre autorité et toujours d’accord avec le bon sens et les sentiments de la conscience, contrastait avec celui des scribes, qui se référaient constamment à l’opinion de leurs devanciers et qui en tiraient des conséquences parfois révoltantes. Le peuple ne tarda pas à en faire la remarque. Matth., vii, 29 ; Marc., i, 22. Les scribes se pressèrent dès lors sur les pas du Sauveur. Il en venait de Jérusalem, delà Judée et de toutes les parties de la Galilée. Marc, iii, 22 ; vii, 1 ; Luc, x, 17. Bien que la juridiction du sanhédrin ne s’étendît pas en Galilée, les scribes de cette assemblée croyaient utile de surveiller le nouveau docteur et au besoin de combattre son influence. Ils témoignaient d’ailleurs des sentiments les plus divers. Quelques-uns venaient avec un sincère désir de s’instruire et se laissaient gagner. Un jour l’un d’eux demanda à suivre Notre-Seigneur. Matth., viii, 19. En lui opposant son propre dénûment, le divin Maître sembla dresser devant le scribe un obstacle que celui-ci n’eut pas le courage de franchir. Plus tard, saint Paul recommandera à Tite un docteur de la loi, Zénas, devenu chrétien. Tit., iii, 13. D’autres scribes interrogeaient Notre-Seigneur. Ils lui demandaient ce qu’il faut faire pour posséder la vie éternelle, Luc, x, 25, quel est le premier commandement de la loi. Matth., xxii, 35 ; Marc, XII, 28. Ils l’approuvaient d’avoir bien réfuté les sadducéens. Luc, xx, 39. Mais, la plupart du temps, ils cherchaient à le prendre en défaut, en lui posant hypocritement des questions captieuses, comme celle delà femme adultère, Joa., viii, 3, du tribut à César. Luc, xx, 20-26. Ils réclamaient un signe dans le ciel. Matth., xii, 38. Ils jetaient les hauts cris quand il remettait les péchés, Matth., ix, 3 ; Marc, , ii, 6 ; Luc, v, 21, quand il allait avec ceux qu’ils appelaient les pécheurs, Marc, ii, 16 ; Luc, v, 30 ; xv, 2, quand il guérissait le jour du sabbat, Luc, vi, 7 ; xiv, 3, quand il laissait ses disciples transgresser leurs traditions, Matth., xv, 1 ; Marc, vii, 1, 5, quand on l’acclamait à son entrée à Jérusalem sans qu’il l’empêchât. Matth., xxi, 15. Ils attribuaient ses miracles à la puissance du démon. Marc, iii, 22. Quand ils trouvaient les apôtres seuls, ils discutaient avec eux pour les mettre dans l’embarras aux yeux de la foule. Marc, ix, 13.

3° Condamnation des scribes. — Les scribes s’étaient abstenus du baptême de Jean. Luc, vii, 30. Ils se montrèrent finalement encore plus hostiles à Notre-Seigneur. Après l’avoir interpellé violemment dans le Temple, Marc, xi, 27, ils poussèrent énergiquement à sa condamnation et vinrent se moquer de lui au pied même de sa croix. Marc, xv, 31. Il était donc nécessaire qu’avant de quitter ce monde Notre-Seigneur prémunit ses disciples contre l’influence néfaste des scribes. Il les traite d’hypocrites, Marc, vii, 5, et un jour adresse au peuple de sévères conseils à leur sujet. Il reconnaît qu’ils sont assis dans la chaire de Moïse et qu’il faut leur obéir, en tant qu’ils interprètent véritablement Moïse. Mais, en même temps, il leur reproche de ne pas faire eux-mêmes ce qu’ils commandent aux autres, d’accabler ceux-ci de fardeaux qu’ils dédaignent de toucher du doigt, de tout faire par ostentation, de rechercher pour eux tous les honneurs, de ne pas vouloir entrer dans le royaume des cieux et d’en interdire l’accès aux autres, de dévorer les maisons des veuves sous prétexte de piété, de se donner mille peines

pour faire un prosélyte qu’ils mènent à la damnation, d’être pour le peuple des guides aveugles, de s’attacher à des minuties tout en négligeant les préceptes les plus graves de la loi divine, de n’avoir au fond du cœur que rapine et intempérance, de ressembler ainsi à des sépulcres blanchis pleins de pourriture, enfin de continuer l’œuvre homicide de leurs pères qui ont mis à mort les prophètes. « Serpents, race de vipères, conclut-il, comment éviterez-vous d’être condamnés à la géhenne ? » Matth., xxiii, 2-36 ; Luc, xi, 45-53. « Gardez-vous des scribes ! » dit-il encore. Marc, xii, 38 ; Luc, xx, 46. Cf. Rom., Il, 19-24 ; I Cor., i, 19-20. Ce réquisitoire vise à la fois les scribes et les pharisiens, mais surtout les premiers, parce qu’ils ont la direction morale de la nation et égarent les pauvres âmes dont ils sont les guides. Le Sauveur n’a pas pu exagérer. Il en faut conclure qu’on est obligé de porter au compte des scribes l’hypocrisie, l’orgueil, la dureté, la cupidité, la Violence. Notre-Seigneur leur oppose « le scribe versé dans ce qui regarde le royaume des cieux, » c’est-à-dire celui qui possède la science et l’esprit de l’Évangile. Celui-là « ressemble au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Matth., xin, 52. Il tient compte des traditions dans la mesure nécessaire, puisque la loi nouvelle ne fait qu’accomplir et perfectionner l’ancienne ; mais il ne se fait pas l’esclave de ces traditions, surtout dans ce qu’elles ont de provisoire et de purement humain, et il ne craint pas d’y adjoindre ce que l’Évangile apporte aux hommes de vérités et de grâces.

VI. Les docteursde la loi nouvelle. — Les chrétiens n’ont qu’un docteur, le Christ, leur seul maître, SiSi<7xa>.o ; , xoe9ïiyï)Tvi ; . Matth., XXHI, 8, 10. Sous son inspiration et en conformité parfaite avec sa doctrine, d’autres sont docteurs dans l’Église. Il y en avait dans l’église d’Antioche. Act., xiii, 1. Saint Paul fut particu- * lièrement établi prédicateur, apôtre et docteur des gentils. II Tim., i, 11. Après les apôtres et les prophètes, Dieu a institué des docteurs, et c’est là un don particulier que tous ne peuvent avoir. I Cor., xii, 28, 29 ; Eph., iv, 11. L’évêque doit posséder ce don.

I Tim., iii, 2 ; Tit., i, 9. Quelques nouveaux chrétiens, venus du judaïsme, avaient la prétention d’être des docteurs de la loi, sans rien comprendre de ce qu’ils affirmaient. I Tim., i, 7. Il y eut même beaucoup de faux docteurs dans la primitive Église. II Tim., iv, 3, 4

II Pet., ii, 1-3. Les Apôtres mettent les vrais disciples en garde contre leurs enseignements et leurs exemples. Voir Judaïsants, t. iii, col. 1778. H. Lesètbe.

    1. SCULPTURE##

SCULPTURE, art de tailler des objets en relief dans une matière dure, pierre, bois, etc. La sculpture est appelée par saint Paul xâpocyna tt-/iyit, sculptura artis. Act., XVII, 29. Les objets sculptés prennent les noms de miqla’at, de gala’  « tailler », et pi((ûal.i, de pdfal}, « ouvrir », au pihel « sculpter ». Les versions rendent ces mots par xoXaTmî, éyxaXaTtxâ, cœlatura, qui conviennent surtout à la gravure. Voir Gravure, t. iii, col. 308. Le mot sculptile, employé souvent par la Yulgate, désigne ordinairement l’idole, qui est un ouvrage de sculpture exécuté plus ou moins artistiquement. — 1 « La Loi défendait de faire des images taillées représentant des êtres vivants pour leur rendre un culte. Exod., xx, 4 ; Lev., xxvi, 1 ; Deut., iv, 16, 23 ; v, 8 ; xxvii, 15. Elle ne prohibait donc la sculpture que quand celle-ci avait un but idolâtrique. Le Seigneur lui-même commanda de sculpter les chérubins de l’Arche. Exod., xxv, 18. Voir Chérubin, t. iii, col. 660. Plus tard, Salomon introduisit dans son Temple différentes représentations sculpturales. Bien que la sculpture en elle-même ne fut pas prohibée, les Hébreux, soit au désert, soit dans les premiers temps de leur établissement en Chanaan, n’eurent pas à s’y exercer. La ciselure