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SCORPION — SCRIBE


viron 12 millimètres de diamètre. Par ces ouvertures, ils tiennent leurs pinces ouvertes, prêtes à saisir la proie qui se présente. La multitude de ces ouvertures indique la présence des scorpions de plaine. Ils ne sortent pas en plein jour, restent blottis dans leurs galeries et chassent la nuit de préférence. Le jour, ils ne prennent guère que les insectes qui s’aventurent à l’entrée de leur retraite. Cf. R. P. Féderlin, dans La Terre sainte, 15 novembre 1903, p. 343, 344. — Dans le poème de GiJgamès, il est question d’hommes-scorpions, aqrabamêlu (fig. 325), qui gardent, au mont Mâschou, l’entrée du passage ténébreux qui conduit au séjour des dieux infernaux. Cf. Haupt, Dus babylonische Nimrodepos, p.59-61 ; Sauveplane, Une épopée babylonienne, tabl. ix, col. ii, p. 34, 35 ; Dhorme, Choix de textes religieux, Paris. 1907, p. 16, 23, 35, 39, 271, 273.

2° Dans la Bible. — Le désert du Sinaï était un pays de serpents brûlants et de scorpions. Deut., viii, 15. Les Israélites méchants et impies sont comparés à des scorpions ; Dieu dit à son prophète de ne pas les redouter. Ezech., ii, 6. Qui possède une méchante épouse, a mis la main sur un scorpion, F.ccli., xxvi, 10. Les bêtes féroces, le scorpion et la vipère ont été créés

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325. — Les hommes-scorpions.

D’après Lajard, Culte de Mithra, pi. xxviii, n. il.

pour le châtiment des hommes. Eccli., xxxix, 36. — Noire-Seigneur donne à ses disciples le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, figures de Satan et des ennemis de l’Évangile. Luc, X, 19. Il demande si un père serait assez dénaturé pour donner un scorpion à son iils qui lui demande un œuf. Luc, xi, 12. Quand un scorpion de couleur claire se replie sur lui-même, il peut avoir quelque ressemblance avec un œuf. Cf. Bochart, Hierozoicàn, Francfort-s.-M., 1675, II, iv, 29, p. 636, 641. Dans une de ses visions, saint Jean voit des saulerelles ressemblant à des scorpions, qui, sans causer la mort, tourmentent par les piqûres faites avec l’aiguillon’de leur queue. Apoc, ix, 3, 5, 10.

II. Scorpion, espèce de fouet. — À l’instigation de ses jeunes conseillers, Roboam dit aux Israélites que, si son père les a châtiés avec des fouets, lui les châtiera avec des scorpions. III Reg., xii, 11, 14 ; II Par., x, 11, 14. Il s’agit ici de fouets ou de verges armés de piquants ou de pointes de fer, pour rendre les coups plus douloureux. Ces scorpions pourraient être aussi des branches épineuses.

III. Scorpion, <rxop7ti’o’iov, machine à lancer des traits.

— Le roi Antiochus V, assiégeant le Temple de Jérusalem, avait dans son attirail de guerre « des scorpions pour lancer des flèches. » I Mach., vi, 5l. Le scorpion servait à lancer des pierres, des balles de plomb et des flèches. C’était une espèce d’arbalète maniée par un seul homme et dont la forme rappelait celle de l’animal. Cf. Végèce, Mil., iv, 22 ; Ammien, xxiii, 4 ; Vitruve, x, 1,

3 ; César, Bell, gall., VII, xxv, 2, 3.

H. Lesêtre.
    1. SCRIBE##

SCRIBE, Juif qui se consacrait spécialement à l’étude de la Loi.

I. Le nom. — 1° Celui qui était versé dans la connaissance de la loi mosaïque s’appelait primitivement sôfêr, de sâfar, « écrire ». Le sôfêr fut tout d’abord un secrétaire, II Reg., viii, 17 ; xx, 25 ; IV Reg., xii, 11 ; xrx, 2 ; xxii, 3, etc., ou même un chef militaire « inscrivant » et enrôlant des soldats. Jud., v, 14 ; IV Reg., xxv, 19 ; Jer., xxxvii, 15 ; lii, 25, etc. Ce fut ensuite un légiste. Le nom de sôfêr, ctwetô ; , lilteratus, est attribué à Jonathan, oncle de David. I Par., xxvii, 32. Esdras surtout est désigné sous le nom de sôfêr, Ypaji[Ji.oT£j{, scriba, 1 Esd., v », 6, 11 : « scribe instruit dans les paroles et les préceptes du Seigneur et dans ses cérémonies en Israël, » vii, 12, 21 ; II Esd., vin, 1 ; xii, 26, 36. Esdras était à la fois prêtre et scribe. Mais, avec le temps, des Juifs qui n’étaient pas prêtres s’appliquèrent de plus en plus nombreux à l’étude de la Loi et devinrent ainsi capables d’enseigner le peuple. — 2° À l’époque évangélique, le scribe porte habituellement le nom de ypa[i[jiaTEj ; , scriba, qui correspond à l’hébreu sôfêr. À côté de ce nom, plus communément usité, se rencontrent ceux de vou.tx6ç, legis doctor, Matth., xxii, 35, legisperitus, Luc, vii, 30 ; x, 25 ; xi, 45 ; xiv, 3, et de vo[io518à(rz.a), oç, legis doctor. Luc, v, 17 ; Act., v, 34. Josèphe appelle les scribes iracp ! o)v élt-(rTci : vôfiwv, « ceux qui expliquent les lois des pères », Ant. jud., XVII, vi, 2, a-oiptoraL, « les sages », Bell, jud., i, xxxii, 2 ; II, xvii, 8, 9, et UpoypaiJiiJ.aTefç, « ceux qui s’occupent des Saintes Lettres ». Bell, jud., VI, v, 3. La Mischna réserve le nom de sôfrim aux anciens scribes qui faisaient encore autorité de son temps et appelle hakâmim, i sages », les contemporains. Vebamoth, ii, 4 ; IX, 3 ; Sanhédrin, xi, 3 ; Kelim, xxii, 7, etc. — 3° On donnait aux scribes, au moins à l’époque de Jésus-Christ, le nom de rabbbi, « mon maitre ». Matth., xxiii, 7. Le Sauveur fut souventappelé de ce nom par ses disciples, Matth., xxvi, 25, 49 ; Marc, ix, 4 ; xi, 21 ; xiv, 45 ; Joa., IV, 31 ; IX, 2 ; xi, 8, et même par d’autres. Joa., i, 38, 49 ; iii, 2 ; vi, 25. Saint Jean-Baptiste était aussi appelé rabbi par ses disciples. Joa., iii, 26. Rabbi devenait quelquefois poc6ëouvi, rabboni, de rabbôn ou rabbûn, forme araméenne renforçant rabbi. Marc, x, 51 ; Joa., xx, 16. Ce dernier mot, avec son suffixe personnel, ne s’emploie dans le Nouveau Testament que quand on s’adresse à une personne. Plus tard, il devint un titre dont on faisait précéder le nom d’un docteur, Rabbi Éliézer, Rabbi Akiba, etc., de la même manière que nous mettons les mots « monsieur, monseigneur », devant le nom d’une personne, même sans s’adresser directement à elle. Dansle NouveauTestament, le mot rabbi est souvent remplacé par d’autres : Kûpie, Domine, « Seigneur », Matth., viii, 2, etc. ; SiSiirxaXe, magisler, « maître », Matth., viii, 19, etc. ; ë7titrnïTa, prseceptor, « maître », Luc, v, 5, etc. ; y.a9r,-f » )Tiriç, magister, « maître », correspondant à l’hébreu môréh, « docteur », Matth., xxiii, 10, et itoct^p, pater, « père », Matth., xxiii, 9, correspondant à l’araméen’abbd’, « père », dont la Mischna fait souvent précéder le nom des docteurs, Abba Saul, Pea, vm, 5 ; Abba José, Middoth, ii, 6, etc.

II. Rôle des scribes. — 1° Constitution du droit. — Les scribes travaillaient tout d’abord au développement théorique du droit. La loi mosaïque formulait les préceptes, mais elle n’entrait pas dans le détail. Les scribes examinaient les différents cas qui pouvaient se présenter dans son application et ils les résolvaient en conformité avec l’esprit de la loi. Leur science devenait donc de plus en plus compliquée, à mesure que les solutions s’ajoutaient aux solutions et que les circonstances provoquaient de nouvelles difficultés. Ils transmettaient ces solutions oralement, et non encore par