Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/782

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1529
1530
SCHEGG — SCHISME

Voir la notice bibliographique placée en tête de la Biblische Archeologie, 1. 1, p. v-xvii ; Allgäuer Geschichtsfreund, t. viii, 1895, p. 3842 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2° édit., t. x, col. 1768-1770 ; H. Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, t. iii, 2e édit., Inspruck, 1895, p. 1282-1283 ; Schanz, dans les Histor.-politische Blätter, t. XC, p. 794-798 ; Schœfer, dans le Literarischer Handweiser, 1885, col.. 629.

L. Fillion.

SCHEMINITH (hébreu : Šemînîṭ). Ps. vi, 1 ; xii(xi), l ; I Par., xv, 21. Voir Octave, t. iv, col. 1785.


SCHEOL (hébreu : Še’ôl), nom donné au séjour des morts dans l’Ancien Testament. Voir Enfer, t. ii, col. 1702 ; Hadès, t. iii, col. 394.

SCHIBBOLETH (hébreu : šibbôléṭ). Voir Sibboleth.


SCHIGGAYON (hébreu : šiggayôn ; Septante : ψαλμὸς… μετα ῴδῆς ; Vulgate : Psalmus), terme obscur dans le titre du Ps. vii. On le trouve aussi au pluriel dans Habacuc, iii, 1. Comme ce mot dérive de Sâgâh, « errer », beaucoup de modernes entendent par ce terme un poème ou chant dithyrambique, caractérisé par la variété du rythme, mais la vraie signification est douteuse. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1362 ; J. Fürst, Hebräisches Wörterbuch, t. ii, 1876, p. 410.


SCHILÔH (hébreu : Šilôh). Dans sa bénédiction prophétique, Jacob dit de son fils Juda :

Le sceptre ne sera point ôté à Juda,
Le législateur à sa race
Jusqu’à ce que vienne Schilôh.

Gen., xlix, 10.

Tous les anciens exégètes, juifs et chrétiens, ont entendu le troisième vers du Messie, quoiqu’ils aient traduit le mot Silôh de façons diverses. Septante : ἕως ἐὰν ἐλθῃ τὰ ἀποκείμενα αὐτῷ, donec veniant quœ reposita sunt ei ; Vulgate : donec veniat qui mittendus est. Saint Jérôme a lu שילוח, avec un ḥeth, au lieu de שילוה, avec un . Mais, quoique les traductions soient différentes, tous les anciens ont entendu le mot Šilôh du Messie. Les Septante, comme le Targum, Aquila, Symmaque, les versions syriaque et arabe ont divisé le mot שילה en deux et l’ont lu še, « qui, que », et lôh ou , « à lui », entendant ainsi le troisième vers : « jusqu’à ce que vienne celui que à lui (le sceptre). » Cette explication est confirmée, d’après beaucoup de commentateurs, par Ézéchiel, xxi, 27, qui paraphrase ainsi ce passage du Pentateuque : ʾad bʾôʾăšér lô ham-mišpât, « jusqu’à ce que vienne celui à qui appartient le jugement. » Les exégètes modernes, qui croient à l’existence des prophéties dans l’Ancien Testament, expliquent en général le mot Schilôh par « Pacifique », titre qui désigne le Messie, appelé par Isaïe, IX, 6, « prince de la paix ». Voir F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., 1906, 1. 1, p. 733-738. Les rationalistes soutiennent à tort qu’il faut entendre par Schilôh la ville de Silo où fut dressé le Tabernacle du temps de Josué, xviii, 1.


SCHISME (grec σχίσμα ; Vulgate : schisma, scissura), division qui sépare les membres d’une même société.

Dans l’Ancien Testament. — 1. La première division de ce genre fut celle qui mit en lutte tout Israël contre la tribu de Benjamin et faillit amener la destruction de cette dernière. Jud., xx-xxi. — 2. Durant sept ans, David, sacré roi par Samuel, ne fut reconnu que par Juda et eut Israël contre lui. II Reg., ii, 1-v, 1. — 3. Après la révolte d’Absalom, qui avait causé un schisme momentané dans le royaume, Séba en tenta un autre en disant : « Nous n’avons point de part avec David… Chacun à sa tente, Israël ! » II Reg., xx, 1, 2. Cette tentative fut bientôt réprimée par Joab. II Reg., xx, 14-22. — 4. Le schisme le plus grave et le plus durable fut celui qui suivit la mort de Salomon. Il avait pour cause lointaine les antiques prétentions d’Éphraïm à l’hégémonie de la nation. Les services éminents rendus par Joseph, père de cette tribu, le rôle joué par Josué, qui était Ëphraïmite, l’arrogance de cette tribu, fière de sa puissance, et de son magnifique territoire, Jud., viii, 1-3 ; x, 9 ; xii, 1-6, la longue présence sur son sol de l’Arche et du Tabernacle, à Silo, l’influence prépondérante exercée par elle sur les autres tribus du nord, lui firent supporter avec impatience les règnes de Saül, de la tribu de Benjamin, de David et de Sâlomon, de la tribu de Juda. Les Éphraïmites n’attendaient donc que l’occasion favorable pour se séparer d’une monarchie dont ils étaient jaloux. — La cause prochaine est indiquée par le texte sacré : ce furent les infidélités de Salomon. III Reg., xi, 11-13. Sur l’ordre du Seigneur, le prophète Ahias fit savoir à Jéroboam, un Éphraïmite, que Dieu lui destinait dix tribus, pour n’en laisser qu’une au successeur de Salomon. III Reg., xi, 26-32. Dans le plan divin, la rupture de l’unité nationale ne devait aucunement entraîner l’abandon de la loi religieuse formulée par Moïse. Car il était promis à Jéroboam que, s’il était fidèle à cette loi, Dieu lui bâtirait une maison stable, comme il avait fait pour David. III Reg., xi, 38, 39. La fréquentation du Temple eût parfaitement pu être rendue possible par une entente entre les deux rois d’Israël et de Juda. — Quand Roboam eut manifesté sa volonté d’aggraver encore le régime paternel, l’ancien cri de révolte retentit à nouveau : « Quelle part avons-nous avec David ? Nous n’avons point d’héritage avec le fils d’Isaï ! À tes tentes, Israël ! Quant à toi, pourvois à ta maison, David ! » III Reg., xii, 16. Le schisme fut alors consommé : d’un côté le royaume de Juda, comprenant la tribu de Juda et ce qui, de la tribu de Benjamin, n’en pouvait être séparé, avec Jérusalem pour capitale ; de l’autre, tout le reste des tribus, avec un roi siégeant à Samarie à partir du règne d’Amri. — Au point de vue politique, le schisme affaiblit les deux royaumes, en les mettant souvent en lutte l’un contre l’autre, parfois avec appel au concours des étrangers, et en les rendant incapables de résister efficacement aux invasions de ces derniers. Au point de vue religieux, les conséquences furent plus graves encore. Jéroboam prit tous les moyens pour empêcher ses sujets de se rendre à Jérusalem. Le culte qu’il installa en Israël, en opposition avec la loi mosaïque, céda bientôt presque complètement la place aux cultes idolâtriques. Voir Jéroboam, t. iii, col. 1301. Le royaume schismatique d’Israël compta dix-neuf ro13, appartenant à neuf dynasties différentes, et tous infidèles à Jéhovah ; après 254 ans d’existence, il tomba sous les coups des Assyriens. Les rois de Juda, tous de la dynastie de David, ne furent pas non plus toujours fidèles, et leur royaume tomba sous les coups des Chaldéens, 134 ans après le premier. — 5. Après le retour de la captivité, les traces du schisme disparurent ; tous les descendants des anciennes tribus ne firent plus qu’un seul peuple. Toutefois, à raison de leur origine, les Samaritains formèrent une sorte de schisme irréductible à côté des Juifs. Voir Samaritains, col. 421. Les Juifs eux-mêmes se divisèrent entre eux et donnèrent naissance à deux partis opposés, qui tenaient plus ou moins du schisme par rapport au judaïsme pur, les Pharisiens et les Sadducéens. Voir Pharisiens, t. v, col. 205 ; Sadducéens, col. 1337.

Dans le Nouveau Testament. — 1. Saint Jean, ix, 16, appelle « schisme » la division qui régnait au sanhédrin, composé d’ailleurs de Pharisiens et de Saddu-