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SAUTERELLE — SCANDALE


Le froid de la nuit engourdit les sauterelles ; elles cherchent un abri dans les buissons, puis, réchauffées par les rayons du soleil, prennent leur vol et disparaissent. Cf. S. Jérôme, In Naum, iii, t. xxv, col. 1268, 1269. « Les bandes d’acridiens voyagent ainsi, tout le jour, à la surface du sol, dévorant la végétation qu’ils rencontrent. Ils s’arrêtent le soir, pour reprendre leur course au matin, dès que les rayons du soleil ont recommencé à réchauffer la terre. » Dastre, Les sauterelles, p. 705. Le malheureux est « emporté comme la sauterelle » que le vent pourchasse d’un lieu à un autre. Ps. ctx (cvin), 23. — La sauterelle ravage tout ; ainsi sera ravagé tout ce que possède Assur :

Votre butin sera ramassé comme ramasse la sauterelle, On se précipitera dessus comme un essaim de sauterelles.

Is., xxxiii, 4.

— Dans l’Écclésiaste, xii, 5, la sauterelle qui devient pesante, qui s’engraisse et ne peut plus beaucoup se mouvoir, figure le vieillard qui s’alourdit avec le temps. — Le cheval bondit comme la sauterelle. Job, xxxix, 20. Jéhovah doit remplir Babylone d’ennemis comme de sauterelles et lancer contre elle les chevaux comme des sauterelles hérissées. Jer., li, 14, 27. Saint Jean voit sortir du puits de l’abîme des sauterelles qui ressemblent à des chevaux. Apoc, ix, 3, 7. Le prophète Joël, décrivant les ennemis sous la figure de sauterelles envahissantes, en fait cette autre peinture qui résume tous les traits précédents :

Le pays est comme un jardin d’Éden devant lui,

Et derrière lui c’est un désert affreux.

Rien ne lui échappe ; on les prendrait pour des chevaux

Et ils courent comme des cavaliers.

On entend comme un bruit de chars

Quand ils bondissent sur le sommet des montagnes,

C’est comme le bruit de la flamme qui dévore le chaume ;

C’est comme un peuple robuste rangé en bataille…

Ils escaladent la muraille comme des hommes de guerre,

Ils marchent chacun devant soi, sans s’écarter de la route.

Ils ne se poussent point les uns les autres,

Chacun suit son chemin,

Ils se précipitent au travers des traits

Et ne rompent point leurs rangs.

Ils se répandent dans la ville,

S’élancent sur les murs, entrent dans les maisons,

Pénètrent par les fenêtres, comme le voleur. Jo., ii, 3-9.

La comparaison de la sauterelle avec le cheval est doublement justifiée, par la vive allure des deux animaux et par la similitude que présentent leurs têtes. Saint Jérôme, In Joël., Il, t. xxx, col. 964, dit à propos de cette description : « Nous avons vu cela récemment dans cette province. Quand arrivent les bataillons de sauterelles, occupant l’atmosphère entre le ciel et la terre, elles volent dans un tel ordre, par la volonté de Dieu qui leur commande, que, pareilles à ces petites pierres dont les artisans font des pavages, elles se tiennent à leur place sans s’écarter de l’épaisseur d’un ongle, pour ainsi dire… Rien n’est impraticable aux sauterelles : champs, guérets, arbres, villes, maisons, chambres retirées, elles pénètrent partout. »

6° Béhémoth et les sauterelles. — On sait que les anciens commentateurs n’ont pas pu identifier lebehêmô { de Job, XL, 10-19. Voir Béhémoth, t. i, col. 1551. Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1793, t. ir, p. 754, fut le premier, au XVIIe siècle, à y reconnaître l’hippopotame et son identification a été adoptée depuis lors par les interprètes de Job. Les commentateurs égyptiens, qui connaissaient les hippopotames, n’avaient pas eu l’idée de ce rapprochement. Cf. Origéne, Cont. Cels., t. xii, col. 1048 ; S. Athanase, Fragm. in Job, t. xxvii, col. 1348 ; Olympiodore, t. xciii, col. 42L Les commentateurs syriens, Jacques d’Édesse, au vir siècle, Jacques Bar Salibi, au XIe, et Bar-Hébræus, au xiie, ont identifié à tort béhémôt et la sauterelle. Voir E. Nau, t Béhé moth » ou « la sauterelle » dans la tradition syriaque dans la Revue sémitique, Paris, 1903, p. 73-74.

H. Lesêtre.

1. SAUVEUR (grec : Eoir/iç.), celui qui sauve. Le nom de Jésus signifie « sauveur ». Voir Jésus, t. iii, col. 1424. Le Nouveau Testament l’appelle souvent o-wTïjp. Le latin classique n’avait pas de terme correspondant. Hoc quantum est ? dit Cicéron, In Verr., ii, 63. lia magnum ut latino uno verbo exprimi non possit. Is est nimirum o-u>tï)P, qui salutem dédit. Les premiers chrétiens traduisirent le mot par Salvator. Les Grecs l’appliquaient aux dieux, aux rois, aux grands hommes qui avaient été les bienfaiteurs, de leur patrie. Les Apôtres l’appliquèrent à Dieu, Luc, i, 47, etc., et spécialement à Notre-Seigneur, l’auteur de notre salut par la rédemption. Luc, ii, 11 ; Joa., iv, 42 ; Act., v, 31 ; xin, 23 ; II Tim., i, 10 ; Tit., i, 4 ; ii, 13 ; iii, 6 ; I Joa., iv, 14 ; II Pet., i, 11 ; ii, 20 ; iii, 2 ; iv ; Phil., iii, 20 ; Eph., iii, 23. Voir Rédemption, col. 1007.

2. SAUVEUR DU MONDE, titre donné par le pharaon â Joseph, fils de Jacob, en Egypte, Safenat pa’enêah. Gen., xii, 45. Voir Joseph 1, t. iii, col. 1868. La Vulgate a traduit Salvator mundi. Le titre égyptien signifie littéralement « celui qui approvisionne (soutient) la vie ».

SAVÉ [VALLÉE DE] (hébreu : ’éméq Sâvêh ; Septante : -cr, v xoiXâStx toû Saêû), partie supérieure de la vallée orientale de Salem ou Jérusalem, appelée aussi « vallée du roi s.Gen., xiv, 17. Voir Salem 1, col. 1371. On retrouve ce dernier nom de « vallée du roi » dans II Sam. (Reg.), xviii, 18, où il est raconté qu’Absalom s’y fit élever un yad (Vulgate : titulus). D’après Josèphe, Ant. jud., VII, X, 3, ce yad était à deux stades de Jérusalem. Le tombeau connu aujourd’hui sous le nom de tombeau d’Absalom, voir t. i, col. 98, n’est pas authentique. Voir Main d’Absalom, t. iv, col. 585.

    1. SAVÉ CARIATHAÏM##

SAVÉ CARIATHAÏM (hébreu : Èavêh KiryâÇaïm ; Septante : èv Socuyi t7 rcoXei), localité où Chodorlahomor battit les Émim. Gen., xiv, 5. D’après plusieurs, ces mots désignent une plaine qui tirait son nom de la ville de Cariathaïm, dans le pays de Moab. Jer., xlviii, 1, 2, 3 ; Ezech., xxv, 9. On l’identifie avec el-Kareiyat, entre Dibon et Madaba. Voir Cariathaïm 1, t. ii, col. 270, 271.

    1. SAVEUR##

SAVEUR (hébreu : ta’am ; Septante : y^^a ; Vulgate : sapor), impression produite sur le palais par les substances que l’on mange ou que lion boit. — Le jus d’une herbe insipide n’a pas de saveur. Job, vi, 6. — La manne avait la saveur d’un gâteau à l’huile. Num., XI, 8. Elle était appropriée à tous les goûts, feOuiç, soit qu’elle eût des saveurs différentes selon les goûts de chacun, soit plutôt parce que sa saveur tenait lieu de toutes celles qu’on aurait pu souhaiter. Sap., xvi, 20. — Moab a gardé sa saveur, comme un vin resté sur sa lie, c’est-à-dire il n’a pas émigré de son pays primitif et a toujours conservé son caractère originel. Jer.,

xLvm, 11.

H. Lesêtre.

1. SCANDALE (hébreu imiksôl, négéf ; Seplante : oxâvSaÀov, Vulgate : offendiculum, scandalum), obstacle pouvant causer la chute de quelqu’un.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Au sens physique, la loi défend de mettre devant l’aveugle le scandale, la petite pierre qui le ferait tomber. Lev., xix, 14. De là vient qu’au sens moral on appelle « pierre de scandale » tout acte propre à faire tomber le prochain dans le mal. Voir Pierre, col. 418. — Les fils de Béan plaçaient sur le chemin de# obstacles et des embûches