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SAUTERELLE


ophiomachus, sauterelle comestible, Lev., xi, 22, peut-être le truœalis (fig. 314). Les versions en font un insecte qui « combat les serpents ». Le truxalis est herbivore, comme les autres sauterelles. — 7. Yélêq, PpoOxo ? » bruchus, la sauterelle qui peut s’envoler. Nah., iii, 16 ; Jer., ii, 27 ; Ps. cv, 34 ; Jo., i, 4 ; ii, 25.

— 8. Sâl’dm, àrréxTK, attacus, sauterelle comestible, Lev., xi, 22, probablement du genre truxalis, très commun en Palestine. — 9. i$elâsal, « bourdonnant », le même que l’assyrien sarsaru, sauterelle ravageuse. Deut., xxviii, 42. Les versions l’identifient avec la nielle ou rouille du blé, èpiaûëiri, rubigo. 2° La huitième plaie d’Egypte. — Moïse annonça

314. — Truxalis.

la plaie des sauterelles (fig. 315) au pharaon en ces termes : « Elles couvriront la face de la terre et l’on ne pourra plus voir la terre ; elles dévoreront le reste qui a échappé, ce que vous a laissé la grêle, et tous les arbres qui croissent dans vos champs ; elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et celles de tous les égyptiens. » Exod., x, 5, 6. Ces sauterelles vinrent en effet, amenées par le vent d’est, et bientôt il ne resta plus trace de verdure ni dans les champs ni sur les arbres. Ps. lxxviii (lxxvii), 46 ; cv (civ), 34 ; Sap., xvi, 9. Ensuite un violent vent d’ouest les rejeta dans la mer Rouge. Les invasions de sauterelles ne sont ni très fréquentes ni très désastreuses en Egypte. Cependant elles n’y sont pas étrangères.

315. — La sauterelle sur les monuments égyptiens.

D’après Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient

Egyptians, t. ii, p. 113, fig. 369, n. 21.

Les anciens monuments prévoient que « les sauterelles aient organisé le pillage, » et les voyageurs ont souvent signalé leur apparition dans la vallée du Nil. Cf. Vigouroux, La Bible, t. ii, p. 339, 340. Les insectes, portés par les vents, passent aisément les mers. Cf. Tite Live, xlii, 10. « Vingt-quatre heures d’un vent violent venant d’est sont plus que suffisantes pour faire lever les sauterelles des déserts qui s’étendent derrière les montagnes de Djedda et les pousser pardessus l’étroite mer Rouge. Ce vent les jette dans les plaines de l’Egypte, et surtout dans celles de la Basse Egypte et dans les environs de Memphis. » L. de Laborde, Comment, géogr. de l’Exode, Paris, 1841, p. 44. Le caractère surnaturel de l’invasion ressort de ce fait qu’elle se produisit et disparut sur l’ordre de Moïse, parlant au nom de Jéhovah ; il faut ajouter que le désastre dépassa de beaucoup les limites ordinaires. Exod., x, 12-19. Le pharaon demanda à être débarrassé

de « cette mort », ham-mâvëf hazzéh, c’est-à-dire de cette infection pest-ilentielle qu’apportent avec elles les sauterelles, surtout quand elles meurent sur place. Exod., x, 17. On peut juger de l’effet produit au dehors et dans les maisons mêmes par la description citée plus haut d’une invasion dans le Sahel, et par ces remarques de Pline, H. N., xi, 35 : « Devenues grandes, elles volent avec un tel bruit d’ailes qu’on les prendrait pour des oiseaux ; elles voilent le soleil, pendant que les populations regardent avec inquiétude, craignant

316. — Sauterelles et grenades

offertes en tribut au roi d’Assyrie. Bas-relief de Koyoundjik.

D’après Layard, Discoveries in the Ruins

of Nineveh and Babylon, 1853, p. 339.

qu’elles ne recouvrent leurs terres. Elles le peuvent en effet, et comme si c’était peu pour elles de franchir les mers, elles traversent d’immenses espaces, les couvrant d’une nuée fatale aux moissons, brûlant tout ce qu’elles touchent et rongeant de leur morsure tout ce qu’elles rencontrent, même les portes des maisons. » Les Arabes appellent les sauterelles danahsah, « qui cachent le soleil ».

3° Les sauterelles comestibles. — La Loi permet de mangerquatre espèces de sauterelles, ’arbéh, hdgâb, har gôl et sdl’dm.Lev., xi, 22. On ne peut dire si cette énuméralion est exclusive ou si elle comprend les autres sauterelles désignées par des noms différents. Il est probable qu’on ne les mangeait que quand elles avaient atteint leur plein développement. La nourriture de saint Jean-Baptiste au désert se composait de sauterelles et de miel sauvage. Matth., iii, 4 ; Marc, i, 6. Plusieurs