Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/770

Cette page n’a pas encore été corrigée
1505
1506
SAÛL


dans le Codex Vaticanus. Ils ont été sans doute insérés à une place gui ne convenait pas.

2° Les attentats. — Le lendemain de la victoire sur les Philistins, Saül fut saisi d’un accès, et, pendant que David lui jouait de la harpe, il chercha à le percer de sa lance. David esquiva le coup par deux fois. Alors Saûl prit peur ; il l’éloigna de lui, le mit à la tête de mille hommes et l’envoya guerroyer contre divers ennemis. David réussissait partout, le peuple l’aimait, et Jonathas en vint à le chérir « comme son âme » et à lui en donner la preuve. N’ayant pu réussir à le faire périr, Saül l’engagea contre les Philistins, dans l’espoir qu’il y trouverait la mort. Au lieu de lui donner pour épouse sa fille ainée, Mérob, il avait accordé celle-ci à un autre. David était aimé de Michol, autre fille du roi. Saûl la lui promit, s’il lui rapportait en dot les dépouilles de mille Philistins. David le fit heureusement et Saül fut obligé. d’exécuter sa promesse. Mais ceci ne l’empêcha pas de renouveler ses attentats. Il chercha encore à percer David de sa lance. Puis il envoya des gens dans sa maison pour le tuer. Grâce à une ruse de Michol, David échappa et se réfugia auprès de Samuel. Saûl se rendit en personne à Rama, et là, l’Esprit de Dieu le saisit, de sorte que, pendant un jour et une nuit, il fut incapable d’agir par lui-même, ce qui permit à David de se mettre à l’abri. I Reg., xviii, 10-xix, 24. De retour chez lui, Saül s’irrita de l’absence de David et voulut percer de sa lance Jonathas lui-même, à cause de son amitié pour le persécuté et des excuses qu’il faisait valoir en sa faveur. I Reg., xx, 24-34. Peu après, ayant appris que David se trouvait dans le pays de Juda, Saül reprocha à ses compatriotes de Benjamin de laisser son fils soulever son serviteur contre lui. David chercha un refuge auprès du grand-prêtre Achimélech, à Nobé. Doëg l’Iduméen le dit au roi qui, faisant venir Achimélech et les prêtres de Nobé, mit à mort le grand-prêtre et quatre-vingt-cinq prêtres. Doëg fut l’exécuteur, car les officiers royaux se refusèrent à porter la main sur les ministres du Seigneur. De plus, tout ce qui se trouvait dans Nobé, hommes et animaux, fut passé au fil de l’épée. I Reg : , xx, 21-xxir, 23. La folie de Saül devenait de plus en plus furieuse.

3° La campagne contre David. — David ayant pris la ville de Ceïla aux Philistins, Saül partit en guerre pour l’y assiéger. David quitta la ville, afin de ne pas l’exposer à la vengeance du roi, et se retira au désert de Ziph. Les Ziphiens le dénoncèrent à son persécuteur qui chercha à s’emparer de lui ; mais le fugitif passa dans le désert de Maon, où Saül le serrait de près, quand une incursion des Philistins l’obligea à se tourner ailleurs. Au retour de l’expédition, Saül se remit à sa poursuite à travers les rochers d’Engaddi, à la têle de trois mille hommes. Obligé d’entrer dans une caverne, il fut magnanimement épargné par David, qui se trouvait au fond avec ses hommes. Il rentra alors en lui-même, reconnut l’innocence de celui auquel il en voulait tant, et, se rendant compte qu’un jour David serait roi, il le conjura d’épargner sa postérité. La promesse en fut faite, Saül retourna chez lui et David alla en lieu sûr. I Reg., xxiii, 1-xxiv, 23. Samuel mourut sur ces entrefaites. — La paix ne pouvait être définitive de la part de Saûl. Contre tout droit, il donna sa fille Michol, déjà femme de David, à Phalti. I Reg., xxvii, 43, 44. Sur une nouvelle dénonciation des Ziphiens, Saül revint avec trois mille hommes pour s’emparer de sa victime. David s’approcha de son camp, y pénétra la nuit avec un seul compagnon, trouva Saûl endormi dans le parc des chars au milieu des siens, et se contenta d’emporter la lance et la cruche d’eau qui étaient à son chevet. Saül fut encore obligé de rendre justice à la générosité et à l’innocence de David, et il retourna dans sa maison. I Reg., xxvi, 1-25. Il est évident que tous ces événements ont dû s’espa

cer notablement dans le cours du règne de Saûl, dont ils occupent une grande partie. Saül devait avoir d’assez longues périodes de lucidité, durant lesquelles il s’occupait de guerres ou d’administration, dans des conditions passées sous silence par l’écrivain sacré. Voir David, t. ii, col. 1311-1314. Cf. Meignan, David, Paris, 1889, p. 6-27.

V. La fin de Saûl. — 1° L’évocation d’Endor. — Pour tenter un effort plus décisif contre Israël, les Philistins réunirent toutes leurs forces en une seule armée. Saül vint camper à Gelboé avec l’armée israélite. Mais, à la vue du camp des Philistins, le cœur lui manqua. Il consulta en vain Jéhovah : ni songes, ni Urim, ni prophètes ne lui donnèrent de réponse. Il se déguisa alors pour aller trouver à Endor une évocatrice des morts et la pria de lui faire apparaître Samuel. L’apparition se produisit. Voir Évocation des morts, t. ii, col. 2129. Condamné par le prophète, Saül partit la nuit même pour retournera son camp. Il n’ignorait pas combien sa démarche était criminelle, puisque lui-même il avait sévi contre les devins et les nécromanciens. I Reg., xxviii, 9.

2° La dernière bataille. —Les Philistins attaquèrent les Israélites et en tuèrent un grand nombre à Gelboé. Ils s’acharnèrent spécialement à la poursuite de Saûl et de ses fils. Jonathas et ses deux frères périrent. Le roi, serré de près par les archers, commanda à son écuyer de prendre son épée et de l’en percer. Celui-ci n’osa ; Saül se saisit alors de l’épée et se jeta dessus. D’après un récit inséré plus loin, un Amalécite prétendit avoir donné la mort à Saül sur sa demande. II Reg., i, 2-10. Il se vantait de ce qu’il n’avait pas fait, dans l’espoir, qui fut trompé, de gagner la faveur de David. Josèphe, Ant. jud., VI, xiv, 7, combine ensemble les deux récits. Tous les Israélites s’enfuirent, ce qui permit aux Philistins d’occuper le territoire et les villes qu’ils abandonnaient. Le lendemain de la bataille, les Philistins trouvèrent le roi et ses trois fils parmi les morts. Ils coupèrentla tête de Saûl, prirent ses armes pour les déposer dans le temple d’Astarté et suspendirent son cadavre aux murs de Bethsan. Les habitants de Jabès en Galaad, reconnaissants de ce que Saül avait fait jadis pour leur délivrance, vinrent prendre son corps et celui de ses fils, les rapportèrent dans leur ville, les y brûlèrent, enterrèrent les restes et jeûnèrent pendant sept jours. I Reg., xxxi, 1-13 ; I Par., x, 1-14.

8° Après la mort de Saûl. — David avait toujours eu de grands égards pour son persécuteur, parce qu’il était « l’oint du Seigneur ». Trois jours après le désastre, il mit à mort l’Amalécite qui venait se vanter d’avoir donné à Saûl, sur sa demande, le coup fatal. Puis il célébra un grand deuil et composa le « chant de l’Arc », élégie funèbre sur la mort de Saül et de Jonathas, son ami si cher et si dévoué. II Reg., i, 1-27. Il envoya ensuite féliciter les habitants de Jabès de leur acte d’humanité. II Reg., ii, 5-7. La maison de Saûl, soutenue par Abner, ne laissa pas que de lui causer encore de graves difficultés. Pendant qu’il régnait sur Juda, Isboseth, autre fils de Saûl, régna sur le reste d’Israël durant deux ans. C’était comme un essai du schisme définitif qui divisa le pays en deux après la mort de Salomon. Abner, mécontenté par Isboseth, travailla ensuite à ramener tous les Israélites à la cause de David. Isboseth tomba bientôt après sous le fer de deux assassins, et tous se rallièrent au roi de Juda. II Reg., ii, 8-iv, 12. David se montra plein de bienveillance pour le fils de Jonathas, Miphiboseth. II Reg., ix, 1-12. Mais, par la suite, il fut obligé de céder aux instances des Gabaonites, qui se plaignaient du grand mal que leur avait fait Saûl, au mépris de la foi jurée. Jos., ix, 15. Sauvegardant Miphiboseth, il leur livra, comme ils le réclamaient, deux fils que Saül avait eus

V. - 48