Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/768

Cette page n’a pas encore été corrigée

1501

SAtlL

1502

Cet acte pouvait à bon droit étonner Saûl. Pour lui montrer qu’il agissait en connaissance de cause, Samuel lui révéla certains incidents qui allaient lui arriver : deux hommes le rencontreraient près du Tombeau de Rachel (voir col. 925) et lui annonceraient que ses ânesses étaient retrouvées ; près du chêne de Thabor, trois hommes munis de provisions lui offriraient deux pains ; à Gabaa, il verrait une troupe de prophètes et, saisi de l’esprit de Dieu, il se mettrait à prophétiser avec eux. Enfin, il aurait ensuite à se rendre à Galgala et à y attendre Samuel durant sept jours avant d’offrir les sacrifices. Les signes indiqués par Samuel se réalisèrent exactement. Quand Saul fut de retour chez lui, son oncle lui demanda ce qui lui était arrivé avec le prophète. Saùl répondit simplement qu’il lui avait donné des nouvelles de ses ânesses, mais il ne dit rien de l’onction reçue. I Reg., ix, 20-x, 16.

3° Son élection. — Il fallait que le choix du nouveau roi, arrêté par Dieu, fût notifié au peuple. Samuel convoqua les tribus à Masphath et tira au sort pour le désigner. Voir Sort. La désignation porta successivement sur la Iribu de Benjamin, la famillede Métri et Saûl, fils de Cis. Saül s’était dissimulé parmi les bagages du campement. Sur l’indication de Jéhovah, on l’en tira. Samuel lit remarquer au peuple les avantages de sa personne et tous s’écrièrent : « Vive le roi ! » Quand le droit de la royauté eut été lu par Samuel, Saùl s’en retourna dans sa maison, à Gabaa, accompagné d’une troupe d’hommes marquants dont Dieu avait incliné le cœur vers le nouveau roi. Il y eut cependant des opposants qui dirent : « Est-ce celui-là qui nous sauvera ? » Pour témoigner de leur mépris, ils s’abstinrent d’offrir des présents à Saûl. Celui-ci eut la sagesse de fermer les yeux sur cet incident.’I Reg., x, 18-27.

IL La première faute. — 1° La victoire sur les Ammonites. — L’historien sacré se préoccupe surtout de mettre en relief les causes qui ont motivé la réprobation de Saùl. Il ne donne que des détails assez brefs sur ses guerres. Il indiquait l’âge du roi et la durée de son règne ; mais les chiffres ont péri.

I Reg., xiii, 1. On sait par saint Paul que Saùl régna quarante ans. Act., xiii, 21. Josèphe, Ant. jud., VI, XIV, 8, divise ce total en deux parties, dix-huit ans du vivant de Samuel, et vingt-deux après la mort du prophète. Comme, dès le début du règne, le fils de Saûl, Jonathas, est déjà à la têle de mille hommes, ce qui suppose un âge de dix-huit à vingt ans, on conjecture que Saùl avait de trente-cinq à quarante ans quand il fut élu roi, ce qui le ferait vivre jusqu’à près de quatrevingts ans. — Il semble que, dans les premiers temps qui suivirent son élection, Saùl traita la royauté plutôt comme une fonction que comme une dignité. Il était retourné à ses champs et labourait, quand on apporta à Gabaa la nouvelle des insolentes provocations de Naas l’Ammonite, campé devant Jabès en Galaad. Les habitants de Jabès avaient demandé à Naas sept jours de répit, promettant de se rendre s’ils n’étaient secourus. Informé de la situation, Saùl prit aussitôt deux de ses bœufs, les mit en pièces et en envoya les morceaux dans tout Israël, en disant : « Ainsi seront traités les bœufs de quiconque ne marchera pas à la suite de Saùl et de Samuel. » Les hommes vinrent en foule à Rézec, sur la rive droite du Jourdain. Voir Bézec, 1. 1, col. 1774.

II y aurait eu 300000 hommes d’Israël et 30000 de Juda. Josèphe, Ant. jud., VI, v, 3, en compte 700000 et 70000. Les chiffres bibliques paraissent déjà fort élevés, étant donné surtout le peu de temps dont on disposait pour la convocation et le rassemblement. On sait d’ailleurs avec quelle facilité les nombres pouvaient être altérés par les copistes. Les messagers de Jabès furent chargés d’annoncer le secours pour le lendemain. Saül passa le Jourdain avec ses troupes, et les disposant en trois

corps, il pénétra dans le camp des Ammonites dès la veille du matin, continua la lutte jusqu’à la chaleur du jour, et dispersa tous ceux des ennemis qui échappèrent à la mort. Voir Naas, t. iv, col. 1429. — Cette victoire, qui justifiait si brillamment le choix du nouveau roi, fut le signal d’une réaction violente contre ceux qui lui avaient manqué de respect au jour de son élection. Saùl voulut qu’aucune rigueur ne fût exercée contre eux, et, sous la conduite de Samuel, tous se rendirent à Galgala pour acclamer à nouveau la royauté de Saùl, désormais acceptée de tous, y offrir des sacrifices d’actions de grâces et se livrer à de grandes réjouissances. I Reg., xi, 1-15.

2° Le sacrifice de Galgala. — Assuré que Saül remplirait dignement sa charge de défenseur du pays, Samuel abdiqua publiquement sa judicature. I Reg., XII, 1-25. Dès lors, Saül s’occupa d’organiser les forces militaires qui lui étaient nécessaires. Il choisit 30000 hommes d’Israël, parmi lesquels 2000 demeurèrent avec lui à Machmas et sur la montagne de Bethel, et 1000 furent sous les ordres de son fils Jonathas à Gabaa. Il renvoya les autres chez eux. Il est probable que les 30000 hommes devaient fournir, par dixièmes successifs, l’effectif de 3000 combattants toujours prêts à marcher. — Jonathas ne tarda pas à se signaler en battant un poste de Philistins en résidence à Gabée. Comprenant que les Philistins ne demanderaient qu’à se venger, Saùl signala le fait à son peuple. Bientôt après, les ennemis étaient sur pied avec 1000 chars (et non 30000), 6000 cavaliers et d’innombrables soldats, et ils vinrent camper à Machmas. Parmi les Hébreux, beaucoup se cachèrent, d’autres passèrent le Jourdain, le reste tremblait derrière Saùl à Galgala, sur le bord du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de Machmas-Conformément à l’ordre précédemment reçu, Saùl attendit Samuel pendant sept jours pour l’offrande des sacrifices qui devaient appeler le secours de Jéhovah. Le septième jour, voyant que Samuel n’arrivait pas et que le peuple se dispersait de plus en plus, Saùl fit procéder à l’offrande des sacrifices. À peine avait-on terminé que Samuel parut. Le roi chercha à s’excuser sur la nécessité imposée par les circonstances ; mais le prophète lui fit savoir que, pour avoir transgressé l’ordre de Jéhovah, son règne serait éphémère et ne serait pas affermi pour toujours, c’est-à-dire pour sa descendance. I Reg., xiii, 2-14. La faute commise par Saùl était évidemment grave pour mériter une telle sanction. Consista-t-elle en ce qu’il prit sur lui d’offrir les sacrifices comme s’il était prêtre ? Josèphe, Ant. jud., VI, VI, 2, semble le penser. Mais le texte sacré peut s’entendre en ce sens que le roi commanda d’offrir les sacrifices, et d’ailleurs Samuel ne lui reproche pas une ingérence dans les fonctions sacerdotales, mais seulement une décision prématurément prise avant son arrivée. Saùl s’est rendu coupable en oubliant que son pouvoir royal restait subordonné au pouvoir théocratique représenté par le prophète de Jéhovah, et en manquant de la confiance nécessaire en Dieu qui connaissait mieux que lui l’urgence du péril et se réservait de l’écarter à son heure. De plus, même en s’abstenant d’offrir en personne les sacrifices, le roi s’était permis une intervention abusive dans les choses religieuses, et la volonté manifeste de Dieu était qu’en Israël, à rencontre de ce qui se passait chez les autres peuples, le pouvoir sacerdotal demeurât absolument distinct du pouvoir royal. Ces vérités devaient être fortement inculquées dès l’origine de la royauté en Israël.

3° La guerre contre les Philistins. — Saùl, abandonné par Samuel qui s’était retiré à Gabaa, ne trouva plus avec lui que 600 hommes. Il se posta avec eux à Gabée, à quatre kilomètres au sud-ouest de Machmas. De leur côté, les Philistins envoyèrent trois troupes en différentes directions pour ravager le pays. La situation