Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/766

Cette page n’a pas encore été corrigée

1497

SATISFACTION — SATRAPE

leur pardon. Gen., iii, 14-19. Àaron et Moïse sont privés d’entrer dans la Terre Promise, à cause de leur manque de foi à Meriba. Num., xx, 12, 24 ; Deul., xxxii, 50, 51. Job, xlii, 6, se condamne et fait pénitence, à cause des paroles inconsidérées qu’il a prononcées. Les sacrifices pour le péché et pour le délit sont de véritables satisfactions offertes à Dieu, l’homme s’imposant ou subissant une peine et une privation pour compenser le plaisir illicite qu’il s’est permis en désobéissant à Dieu. Voir Sacrifice, col. 1319. David, pardonné de son péché, verra cependant mourir son fils, parce qu’il a fait mépriser Jéhovah par ses ennemis. II Reg., xii, 13, 14. À la suite du dénombrement, David se repent encore, mais il lui faut subir un fléau qui l’atteindra ainsi que son peuple. II Reg., xxiv, 10-14. Les iléaux particuliers ou généraux que Dieu envoie frappent à la fois ceux qui se repentent et ceux qui s’obstinent dans le mal. Pour les premiers, ils ont le caractère de satisfactions. II en a été ainsi de la captivité, à laquelle ont été soumis même des Israélites pieux ou repentants. La pénitence volontaire constitue une satisfaction dont Dieu se contente souvent. Joël., ii, 12-17. Voir Pénitence, col. 39. Enfin, les sacrifices pour les morts supposent que ceux-ci doivent encore des satisfactions à Dieu dans l’autre vie. II Mach., xii, 43-46. Voir Purgatoire, col. 874.

2° Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur dit que le coupable ne sortira pas de prison avant d’avoir payé jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire avant d’avoir donné toute satisfaction à son débiteur. Matth., v, 26 ; xvin, 30, 34. Lui-même a souffert et est mort afin de nous racheter, c’est-à-dire afin de fournir à Dieu, en notre nom, les satisfactions que nous étions incapables de lui offrir. Voir Rédemption, col. 1007. Néanmoins les salisfactions surabondantes du Christ ne dispensent pas le chrétien d’apporter les siennes. « Ce qui manque aux souffrancesdu Christen ma propre chair, je l’achève pourson corps, qui est l’Église », dit saint Paul. Col-, i, 24. Le chrétien unit ainsi ses satisfactions personnelles à celles du Christ, non que ces dernières soient insuffisantes, mais parce que le chrétien se les applique surtout en y prenant part, pour que le corps mystique du Christ, qui est l’Église, soit associé en tout au corps naturel que le Christ a pris dans l’incarnation. Or le corps mystique de l’Église ne se compose que de l’ensemble des chrétiens, dont chacun, par conséquent, comme membre de ce corps, doit partager le sort du corps tout entier. I Cor., xii, 30. Voir Mortification,

t. iv, col. 1313.

H. Lesêtre.
    1. SATRAPE##

SATRAPE (hébreu, aupluriel : ’âJfaSdarpenîm, ; chn]déen dans Daniel : ’âfiâsdarpenîn ; grec classique, t&zç. i 306. — Satrape perse Tissapherae.

Tète du satrape Tissapheroe, coiffé de la tiare perse. — fi). BAEI-AEQS. Le roi Artaxercès II Mnémon, en archer mélophore, à demi agenouillé, à droite ; derrière, mie galère avec un rang de rameurs. Le tout dans un carré creux.

îtTjc et o-oreporar, ?), gouverneur d’une province dans l’ancienne Perse (fig. 306). — 1° Étymologie. L’hébreu est la reproduction, avec Valeph prosthétique, du perse khSatrapâvan, par abrévation khsafrdpa, formé des deux mots khsatra, « c royaume, empire », et pâ, « protéger ». Satrape est donc l’équivalent de « protecteur de

l’empire ». Les dérivations qu’on donnait autrefois et qui rattachaient, par exemple, le mot satrape au sanscrit asatrapé, « guerrier de l’armée », etc., sont fausses. Voir Gesenius, Thésaurus, t. i, p. 73-74 ; A. F. Pott, Etymologische Forschungen, in-8°, Lemgo, 1859, p. 68 ; F. von Lagarde, Armenische Studien, in-4°, Gœttingue, 1877, n. 1667, 1856 ; F. Spiegel, Die altpersische Keilinschriften, in-8°, Leipzig, 2e édit., 1881, xxii, 26, p. 215 ; K. Marti, Grammatik der bibl. aram. Sprache, in-8°, Berlin, 1896, note de Andréas dans le glossaire, au mot’Ahasdarpan ; G. Rawlinson, The History of Herodotus, 4 in-8°, 2= édit., Londres, 1862, t. ii, p. 481. On trouve ce nom sur plusieurs anciennes inscriptions en langue perse ou mède, notamment dans celle de Béhistoun. Cf. J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879, p. 136, 178. — 2° Les satrapes et la Bible. Il est question des satrapes dans plusieurs passages de l’Ancien Testament : Esd., viii, 36 ; Esth., ni, 12 ; viii, 9 ; ix, 3 ; Dan., iii, 2, 3, 27 (Vulgate, 94) ; vi, 1, 2, 3, 4, 7. Mais le mot hébreu’ahaÇdarpan n’est pas toujours traduit de la même manière dans nos anciennes versions officielles. Les Septante le traduisent par 5101xr]Tai dans Esdras ; par o-tp<itïjyoî etap^ovreç téôv <Txcpa7rà>v dans Esther ; par ooecpâTC* : , ûua-roi et tonâp /ac dans Daniel. La Vulgate a le plus souvent satrapes ; principes pour Esth., viii, 9 ; duces pour Esth., IX, 3. — 3° Institution et nombre. Les satrapes furent institués par Darius I", fils d’Hystaspe (521-486 av. J : -C), lorsque, après son installation sur le trône de Perse, il divisa son vaste empire en provinces ou satrapies, qui correspondaient à un ou à plusieurs des royaumes conquis. À la tête de chacune de ces provinces il établit un satrape comme gouverneur. Hérodote, iii, 89. Sous les Achéménides, à l’époque la plus florissante de la Perse, il y avait vingt satrapies seulement, et il ne paraît pas que ce chiffre ait jamais été beaucoup dépassé. Hérodote, iii, 89 ; J. Oppert, loc. cit., p. 112-114. Si donc il est parlé de 120 satrapes au livre de Daniel, ce ne peut être que dans un sens large. « Dans ce chapitre (vi) les 120 satrapes ne sont évidemment pas des satrapes dans le sens strict de l’expression… C’est ainsi que le titre marzban, qui, sous la dynastie sassanienne, correspondait à l’ancien mot satrape, est parfois employé par les écrivains arabes postérieurs, pour désigner les officiers persans en général. » A. Bevan, À short Commentary on the Book of Daniel, in-8°, Cambridge, 1892, p. 109. Il faut expliquer de même II Esd., i, 1 ; viii, 9 et îx, 30, où il est question des 127 provinces de l’empire perse ; il s’agit là de districts d’un ordre inférieur. Voir aussi Esth., viii, 9. — 4° Les pouvoirs dont les satrapes étaient investis furent considérables dès l’origine. En réalité, ils exerçaient les fonctions de vicerois, au nom du monarque, qui s’était réservé la juridiction suprême. Cependant, tout en jouissant d’une large autonomie, ils n’étaient chargés que de l’administration civile et politique ; ils ne possédèrent pas d’abord l’autorité militaire, qui était confiée à un fonctionnaire spécial, lequel dépendait aussi directement du « grand roi ». Hérodote, iii, 89. Les satrapes étaient chargés de l’exécution des ordres royaux, du recouvrement des impôts, de l’entretien des routes, de divers travaux agricoles, etc. À côté d’eux, il y avait un scribe ou chancelier, également indépendant. Des inspecteurs officiels, qui se rendaient chaque année dans les provinces, et qu’on appelait « les yeux et les oreilles du roi », leur faisaient rendre compte de leur administration. Les moindres négligences étaient sévèrement punies. Hérodote, i, 114 ; Xénophon, Cyrop., VIII, yi, 17. Pour leurs communications directes avec le roi, ils employaient des messagers spéciaux, nommés a-j-fapoi, qui portaient les dépèches de station en station, montés sur des coursiers rapides. Hérodote, viii, 98 ; Xénophon, Cyrop., VIII, VI, 17. Ils étaient choisis parmi les descendants des anciennes