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SANG — SANGLIER


4° Le sang dans les prodiges. — Sur l’eau du Nil changée en sang, Exod., iv, 9 ; vii, 17-21 ; Ps. lxxviii (lxxvii), 44 ; cv (civ), 29 ; Sap., xi, 7, voir Eau, t. ii, col. 1520. Parmi les signes précurseurs de la grande manifestation divine, Joël, ii, 80, 31, voit du sang et spécialement la lune changée en sang, c’est-à-dire prenant une couleur rougeâlre et lugubre. Saint Pierre applique cette prophétie à la manifestation divine de la Pentecôte. Act., Il, 19, 20. Saint Jean voit aussi la lune comme du sang, Apoc, vi, 12, le tiers de la mer changée en sang, Apoc, viii, 8, et les deux envoyés de Dieu qui ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang. Apoc, xi, 6.

5° Le sang de la vigne. — Le jus du raisin rouge prend métaphoriquement le nom de sang. Juda lave son vêtement dans le sang de la grappe, c’est-à-dire possède de beaux vignobles sur son territoire. Gen., xlix, 11. Du reste, tout Israël peut boire le sang de la grappe. Deut., xxxii, 14. Dans les. libations liturgiques, le grand-prêtre répandait le sang de la grappe. Eccli., l, 16. — Potr exciter les éléphants au combat, on leur montrait du sang de raisin et de mûres, c’est-à-dire du jus rouge de ces deux fruits. I Mach., VI, 34.

VI. Le sang de Jésus-Christ. — 1° Le Sauveur promet de donner son sang comme breuvage pour communiquer la vie. Joa., vi, 54-57. La veille de sa mort, il change en effet le vin en son sang. Matth., xxvi, 28 ; Marc, xiv, 24 ; Luc., xxii, 20 ; I Cor., xi, 25. Ainsi le chrétien communie au vrai sang de Jésus-Christ. I Cor., x, 16 ; xi, 27. — 2° Ce sang, versé sur la croix, opère la rédemption et la purification des hommes. Par son sang, Jésus-Christ s’est acquis son Église. Act., xx, 28. Il s’est fait victime propitiatoire par son sang. Rom., m, 25. Par ce sang divin, nous sommes rachetés, Eph., 1, 7 ; Col., i, 14 ; Apoc, v, 9, purifiés, Heb., ix, 14 ; I Joa., i, 7 ; Apoc, i, 5 ; vii, 14 ; xxii, 14, justifiés, Rom., v, 9, sanctifiés, Heb., xiii, 12, affranchis, I Pet., i, 19, rapprochés de Dieu, Eph., ii, 13, victorieux de Satan, Apoc, xii, 11, et en possession de la paix. Col., i, 20.

H. Lesêtre.
    1. SANGALLENSIS##

SANGALLENSIS (CODEX), manuscrit de la bible préhiéronymienne, dont il reste dix-sept feuillets ou fragments de feuillets, recueillis dans un porte-, feuille (cod. 1394), à la suite des restes célèbres du Virgile, à la bibliothèque de l’ancienne abbaye de SaintGall. Le manuscrit auquel ces feuillets ont appartenu a été écrit au Ve siècle. Ils contiennent des fragments de Matthieu, de Marc et de Jean. Le texte est un « texte européen ». Ces feuillets sont désignés dans l’appareil critique du Nouveau Testament par le sigle n. Là bibliothèque urbaine, de Saint-Gall ou Bibliotheca Vadiana possède un feuillet provenant de ce même manuscrit du Ve siècle et contenant Joa., xix, 28-42. On l’unit à n. Enfin le musée de l'évêque, à Coire, possède deux feuillets qui proviennent du même manuscrit et contenant Luc, xi, 11-29, et xiii, 16-34. Ces feuillets sont désignés dans l’appareil critique par le sigle o 2. Voir sur ces fragments Gregory, Prolegomena, p. 953, 961962.Wordsworth, Old latin biblical Texts, n. ii, Oxford, 1886. J’ai signalé le premier que a 2 et n faisaient partie du même manuscrit, Noie sur un évangile de SaintGall, Paris, 1884, et publié le premier a-, dans la Revue archéologique, 1885, p. 305-321.

P. Batiffol.

    1. SANGERMANENSIS##

SANGERMANENSIS (CODEX). - I. Ce manuscrit, l’un des manuscrits importants de la Bible préhiéronymienne, appartient à la Bibliothèque nationale, à Paris, où il est coté ms. latin H553. Il provient de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, où il portait (depuis 1744) le numéro 86, et antérieurement, lors des travaux des bénédictins qui le firent connaître, le numéro 15. De là vient qu’il est souvent dénommé Sangermanensis 15. Il mesure 390°"" x 320 et compte

189 feuillets, à deux colonnes. Il fut collationné pour la première fois par Robert Estienne, pour son édition de 1540. L'écriture du manuscrit paraît être de la première moitié du ix a siècle. Le manuscrit est d’origine française, peut-être de la région de Lyon.

Le Sangermanensis n’est que le second tome d’une Bible Jatine complète. Robert Estienne, au xvie siècle, avait entre les mains le tome i er, qu’il a collationné, et qui a été perdu depuis. — Le manuscrit s’ouvre par les « xantiques », celui de Moïse (Exod., xv, 7-19), celui d’Habacuc (Hab., iii), celui d’Anne (I Reg., ii, 1-10), celui d’Isaïe (Is., xxvi, 9-19), celui des trois enfants dans la fournaise (Dan., iii, 26-90), ces cantiques reproduits d’après le texte du psautier dit « romain ». Puis vient le livre des Proverbes, interrompu par la perte d’un cahier du manuscrit, qui reprend au chapitre x de la Sagesse. À la suite l’Ecclésiastique, les Chroniques, Esdras et Néhémie, Esther, Judith, ïobie, ce dernier incomplet de la fin, puis les Machabées, dont le premier livre est mutilé de ses treize premiers chapitres. Là finit l’Ancien Testament. M. Berger écrit de ces textes : « Tout ce que nous en avons vu est absolument espagnol, et dans le courant des textes qui viennent de Tolède et qui ont pénétré en France par la marche d’Espagne, la Septimanie et la vallée du Rhône. » Histoire de la Vulgate, Paris, 1893, p. 68.

Le Nouveau Teslament comprend les quatre Évangiles, les Actes, les épîtres catholiques, l’Apocalypse, les quatorze épîtres paulines, enfin le Pasteur d’Hermas qusqu'à Vis., iii, 8). On ne sait à quel moment le manuscrit a perdu ses dernières pages. Le. texte des évangiles est un texte mélangé sous l’influence d’un texte ancien en partie « européen », en partie « italien » : mais certaines leçons rappellent les textes « irlandais ». Berger, op. cit., p. 69. Au contraire, le texte des épîtres catholiques est un texte de caractère espagnol ou languedocien. lbid., p.'10. — Sur le Codex Sangermanensis 15, ou gr 1, on consultera J. Wordsworth, Old latinbiblicat Texts, n. j, Oxford, 1883 ; S. Berger, op. cit., p. 65-72, 408 ; Gregory, Prolegomena, p. 958-959.

IL Un autre manuscrit de Saint-Germain, g 2, est le manuscrit latin 13169 de la Bibliothèque nationale. Il portait à Saint-Germain le numéro 2. Il ne contient que les quatre Évangiles. Il mesure 215 mm X 140 et compte 166 feuillets. Il est écrit en minuscule du ixe siècle. Le texte est un texte « irlandais ». S. Berger a établi que ce manuscrit était au Mans dès le milieu du XIe siècle. Berger, op. cit., p. 48, 408 ; Gregory, op. cit., p. 959.

P. Batiffol.

    1. SANGLIER##

SANGLIER (hébreu : liâzir ; Septante : jjiovipç ; Vulgate : singularis), mammifère de l’ordre des bisulques ou fourchus et du sous-ordre des porcins. Le sanglier (fig. 294) diffère du porc, dont il partage lenom en hébreu, par une tête plus allongée, des oreilles plus courtes, des défenses plus développées, des soies plus grosses, raides et d’un brun noirâtre. À l'âge de trois ou quatre ans, le sanglier va ordinairement seul, d’où son nom de solitaire en grec, en latin et en français. Il choisit pour bauges des endroits boisés et numides. Il s’y confine le jour et n’en sort que la nuit pour chercher sa nourriture. Celle-ci consiste en fruits, en graines, enracines, et au besoin, en petits animaux, jeunes lapins, levrauts, perdrix, etc. Le sanglier fouille le sol, comme le porc, mais en droite ligne et profondément. II est très farouche et très hardi dans le danger ; aussi la chasse en est-elle particulièrement périlleuse. — Le sanglier n’est mentionné qu’une seule fois dans la Sainte Écriture. Israël, châtié par le Seigneur, est comparé à une vigne que dévastent les passants, et « le sanglier de la forêt la dévore. » Ps. lxxx (lxxix), 14. Le sanglier se rencontre bien plus fréquemment en Palestine que cette unique allusion ne le donnerait à penser. Il gite à proximité des rivières et des lacs, dans