Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/741

Cette page n’a pas encore été corrigée
1447
1448
SANCTUAIRE


pour un sacrifice analogue. I Reg., xx, 29. Le Tabernacle se trouvait alors àNobé.I Reg., xx, 1, 6 ; xxii, 10, 13. L’Arche, restée à Cariathiarim ou Baala, fut d’abord transportée à Geth, puis dans la cité de David, II Reg., vi, 11, 16, où le roi offrit devant elle des sacrifices.

II Reg., vi, 17, 18. Enfin, il en offrit d’autres sur l’aire d’Areuna, consacrée par l’apparition d’un ange. II Reg., xxiv, 22-25. Durant cette période, l’Arche était donc séparée du Tabernacle et, par conséquent, la pratique du culte officiel n’était plus conforme au rituel mosaïque. Non seulement Samuel toléra cet état de choses, mais encore il donna lui même l’exemple de sacrifices offerts sur les hauts-lieux et sur des autels multiples. De ces pratiques, on n’a pas le droit de conclure à la non-existence de la loi mosaïque. Cette loi avait été interprétée très largement pendant la période des Juges, ainsi d’ailleurs que beaucoup d’autres. Samuel ne jugea pas à propos, dans l’état d’indépendance politique où vivaient encore les tribus, de les obliger à adopter un centre unique de culte, qu’il était d’ailleurs assez difficile de fixer définitivement. Il préféra combattre l’idolâtrie, en opposant à ses multiples manifestations cultuelles les sacrifices offerts à Jéhovah dans des sanctuaires variés et dans les hauts-lieux. Prophète du Seigneur, il agit pour le mieux et certainement avec l’approbation divine. Du reste, il semblait conforme au plan providentiel de ne pas fixer encore le centre religieux dans un sanctuaire immuable. Jérusalem devait être un jour la capitale politique et religieuse de la nation, et l’on sait qu’il y eut quelque peine à faire prévaloir le sanctuaire de Sion sur celui de Silo, à l’ombre duquel Éphraïm abritait ses prétentions. Cf. Ps. lxxviii (lxxv il), 59-69. L’opposition eût été bien plus dangereuse si le sanctuaire de Silo ou quelque autre avait été en possession d’un long et unique privilège. En transportant l’Arche à Sion et en prenant des dispositions pour l’organisation du culte, David ne fit que préparer la fondation du sanctuaire unique, conforme de tous points à la législation mosaïque. En attendant que le projet fût réalisé, le culte se continua, d’une part devant l’Arche, à Sion, et d’autre part, à Gabaon, où le Tabernacle était resté. I Par., xvi, 39, 40 ; xxi, 29. C’est en ce dernier lieu que Salomon offrit de solennels sacrifices au début de son règne. III Reg., m, 4 ; II Par., i, 3-6.

2° Après l’érection du Temple. — La construction du Temple, " l’installation dans le nouvel édifice de tout le matériel du culte, la consécration à son service d’un très nombreux personnel de prêtres et la splendeur des cérémonies qui s’y accomplirent réalisèrent aussi parfaitement que possible l’idéal mosaïque. En accordant sa bénédiction au Temple et. en le remplissant de sa gloire, III Reg., viii, 10, 11, Jéhovah signifia qu’il l’adoptait comme le Jieu’dé son culte par excellence. Les sanctuaires secondaires et lès hautslieux ne pouvaient en rien rivaliser avec’le splendide monument de Jérusalem. Ils subsistèrent néanmoins. Les hauts-lieux gardèrent une grande partie de leur vogue ; ils la devaient à la facilité de leur accès, aux traditions locales et antiques qui s’y rattachaient et à cette sorte de légitimité dont ils avaient joui pendant plusieurs siècles. Les meilleurs d’entre les rois ne purent ou ne voulurent pas les supprimer, tant ces sanctuaires locaux tenaient de place dans les habitudes et dans l’affection du peuple. Ainsi s’abstinrent Asa,

III Reg., XV, 14, Josaphat, III Reg., xxii, 44, Joas,

IV Reg., xii, 3, Amasias, IV Reg., xiv, 4, Ozias, IV Reg., xv, 4, Joalham. IV Reg., xv, 35. Voir Hauts-Lieux, t. iii, col. 449. — Pour détourner de Jérusalem les habitants de son royaume, Jéroboam établit deux sanctuaires schismatiques et illégitimes à Béthel et à Dan. III Reg., xii, 29. En même temps se multiplièrent en Israël les hauts-lieux, non pas consacrés à

Jéhovah, comme ceux que les rois de Juda laissaient subsister dans leur royaume, mais destinés au culte des idoles. L’émigration des prêtres de race lévitique dans le royaume de Juda fut cependant caractéristique, II Par., xi, 13-17 ; elle proclamait qu’un seul culte était légitime, celui de Jéhovah, tel qu’il se pratiquait au Temple. — Les prophètes maudissent les hauts-lieux idolâtriques. Ose., x, 8, 9 ; Am., vii, 9. Michée, I, 5, constate que les hauts-lieux de Juda et Jérusalem même, sont lamentablement adonnés à l’idolâtrie et aux crimes. Cf. Jer., xvii, 3 ; Ezech., vi, 3-6. Les hauts-lieux consacrés à Jéhovah se défendaient eux-mêmes sans succès contre l’invasion des pratiques idolâtriques. Les prêtres qui les desservaient ne pouvaient être efficacement surveillés par les autorités religieuses, et ils se laissaient entraîner à satisfaire les caprices populaires, de sorte que des sanctuaires tolérés pour maintenir le culte de Jéhovah dans les différentes localités et l’opposer à celui des idoles, finirent par procurer un résultat tout contraire. Il en fut ainsi en Israël depuis le schisme, et la même tendance s’accentua de plus en plus en Juda. C’est ce qui décida Ézéchias, probablement sous l’influence de Michée et d’Isaïe, à faire disparaître complètement les hauts-lieux. IV Reg., xviii, 4. k N’est-ce pas lui (Jéhovah) dont Ézéchias a fait disparaître les hauts-lieux et les autels, en disant à Juda et à Jérusalem : « Vous vous prosternerez devant cet autel « à Jérusalem ? » IV Reg., iv, 22. Rabsacès, qui parle ainsi, exploitait le mécontentement que la réforme avait pu exciter chez certains Israélites. L’unité absolue du sanctuaire, prévue par la Loi comme la forme normale du culte de Jéhovah, était rigoureusement imposée. — La réaction idolâtrique, qui triompha sous Manassé et Amon, détruisit l’effet de la réforme d’Ézéchias. Mais l’œuvre de ce dernier fut reprise énergiquement par Josias, surtout après la découverte et la lecture du Deutéronome. Ce roi procéda à la destruction de tous les hauts-lieux qui avaient été rétablis, de Gabaa jusqu’à Bersabée. Les prêtres lévitiques qui les avaient desservis, quelques-uns peut-être en l’honneur de Jéhovah, mais la plupart en l’honneur des idoles, furent appelés à Jérusalem et admis à vivre des offrandes, mais sans monter à l’autel de Jéhovah. IV Reg., xxiii, 5-9 ; II Par., xxxiv, 3-7, 32-33. Privés de leurs prêtres, les Israélites de Juda étaient bien obligés de renoncer aux cérémonies des hauts-lieux, même en l’honneur de Jéhovah. On ne saurait prétendre que la réforme opérée par Josias supposait une loi nouvelle sur l’unité du sanctuaire, loi dontla formule aurait été trouvée ou insérée dans le Deutéronome récemment découvert. Josias avait pris ses mesures réformatrices dès lahuitième année de sonrègne, tandis que le livre ne fut découvert que dix ans après. IV Reg., xxxiv, 3, 8. Cette découverte activa sans nul doute le zèle du roi, mais elle ne lui révéla pas une loi qu’il appliquait déjà précédemment, qu’Ézéchias avait appliquée avant lui, et au triomphe de laquelle David et Salomon avaient travaillé par l’érection du Temple.

3° Après la captivité. — Au retour de la captivité, Zorobabel bâtit le second Temple, sanctuaire unique de Jéhovah, qui ne connut plus en Palestine la concurrence des hauts-lieux. Mais deux faitsimportants viennent à l’encontre d’une théorie trop absolue. Les Juifs d’Egypte ne purent se résigner à se passer de temple.

— Les fouilles récemment pratiquées à Éléphantine d’Egypte ont révélé l’existence dans cette ville d’une communauté juive pourvue d’un lieu de culte. Cette communauté remontait à une époque antérieure à la domination des Perses en Egypte (525 avant J.-C). Les Juifs se plaignirent à Bagohi, gouverneur de Judée et probablement juif lui-même, de la destruction de leur temple par les prêtres de Knoum. L’attentat avait été commis en l’absence d’Arsam, gouverneur perse