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SAMUEL


cliner de plus en plus après la mort du prophète. Menacé par les Philistins et effrayé à la vue de leur camp, Saûl consulta Jéhovah, pour savoir quel parti prendre. Il n’en obtint aucune réponse. Il eut alors l’idée d’aller interroger une nécromancienne, à Endor, et lui demanda d'évoquer Samuel. Par une permission de Dieu, le prophète parut et annonça à Saül sa défaite et sa mort. I Reg., xxviii, 3-25. Voir Évocation des morts, t. ii, col. 2129.

V. La mission de Samuel. — 1° Mission politique. — A l'époque où naquit Samuel, la situation des Israélites « tait devenue des plus précaires. Sans chef qui commandât à toute la nation, ils vivaient à l'état anarchique et dans l’isolement de leurs villes et de leurs bourgs sans défense, au milieu de nations plus centralisées, mieux entraînées à la guerre et commandées par un chef ou un roi. Le grand-prêtre n’avait pas qualité pour exercer autre chose qu’une influence officieuse, et, quand il était faible et âgé, comme Héli, cette influence devenait nulle, et elle laissait libre carrière aux pires abus. Samuel eut mission de restaurer une situation qui se faisait de plus en plus compromettante pour l’avenir de la nation. Il obligea les anciens et le peuple à se réunir pour un effort commun. Pendant le temps de sa judicature, il veilla à l’intérêt général et fit régner la justice. Cependant le pouvoir qu’il exerçait n’avait pas le caractère d’une institution régulière et durable. Les Israélites le sentirent eux-mêmes. La conduite des fils de Samuel fut pour eux une occasion favorable à la manifestation de leurs désirs. Le plan de la Providence était d’ailleurs que la royauté se fit en Israël, puisqu’elle avait été l’objet de dispositions spéciales dans la législation mosaïque et que Jéhovah luimême ordonna au prophète d’accéder aux vœux du peuple. Samuel fut donc chargé de présider à la transformation de la nationalité israélite en royaume, et, s’il ne le fit pas de son plein gré, l’intervention de la volonté divine n’en fut que plus manifeste. Dieu choisit les deux premiers rois et Samuel les oignit. Ainsi s’accusait la persistance de la théocratie en Israël. Samuel fut ensuite comme le tuteur de la royauté naissante : il eut mission de dicter à Saül la conduite qu’il devait tenir, de lui reprocher ses écarts, de lui signifier sa réprobation et de lui préparer un successeur. Il fut donc, pour la constitution du royaume, ce que Moïse avait été, quelques siècles auparavant, pour la constitution de la nationalité.

2° Mission prophétique. — Samuel a été « aimé du Seigneur son Dieu et prophète du Seigneur… Par sa véracité il se montra prophète ; à la sûreté de ses oracles, on reconnut un voyant digne de foi. » Eccli., xlvi, 13, 15. Tout ce qu’il annonça s’accomplit, la prise de l’Arche, la mort d’Héli, la victoire sur les Philistins, la réprobation et la mort de Saûl, et plusieurs autres faits racontés dans son histoire. Il fut prophète dans l’acception la plus large de ce mot, c’est-à-dire qu’il parla « t agit au nom de Dieu, pendant sa judicature, pour veiller sur son peuple, et sous le règne de Saûl, pour être auprès de la royauté le représentant et l’organe de l’autorité supérieure de Dieu. Après la période de théocratie directe qui avait commencé avec Moïse, il inaugura la théocratie exercée par un double pouvoir, celui du roi et celui du prophète travaillant à maintenir le roi et le peuple dans la soumission aux volontés divines. Pour établir cetordre de choses et faire comprendre -à tous que l’institution d’un roi ne diminuait en rien les droits du gouvernement divin, il fallait à Samuel une haute autorité. Aussi les interventions surnaturelles sont-elles fréquentes dans sa vie, sous forme de communications directes avec Dieu, de prophéties ou de miracles. Samuel occupe ainsi une place importante au début d’une nouvelle étape de l’histoire d’Israël. Aussi Dieu l’accrédite-t-il comme il accrédita Moïse, et

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comme il accréditera plus tard, à des moments décisifs pour l’avenir d’Israël et pour la préparation de la rédemption, d’autres prophètes, tels qu'Élie et Elisée, Isaïe, Jérémie, Daniel, etc. Act., iii, 24 ; xiii, 20 ; Heb., xi, 32. — D’après I Par., xxix, 29, Samuel aurait été l’historien de la transformation dans laquelle il a joué un rôle si important. Il est question, en effet, d’un livre sur David écrit par Samuel, Nathan et Gad. Dès lors qu’il a écrit le début de l’histoire de David, nul doute que Samuel ait été aussi l’historiographe de sa propre administration et du règne de Saûl.

3° Mission liturgique. — Il est certain que Samuel était de la descendance de Caath par Coré, I Par., VI, 22, 28, voir Caath, t. ii, col. 1, mais non de celle des quatre fils d’Aaron. Exod., xxviii, 1. Il n'était donc pas de race sacerdotale. Cependant on le voit conférer des onctions, I Reg., x, 1 ; xvi, 13, ce qui, il est vrai, ne suppose nullement la dignité sacerdotale, III Reg., ix, 6, et surtout offrir des sacrifices. I Reg., vii, 9 ; ix, 13 ; x, 8, etc. Or l’offrande des. sacrifices était considérée comme une fonction réservée aux prêtres. Exod., xxix, 38-46. Saint Cyprien, Epist., lxv, 1, t. iv, col.395, et saint Ambroise, In Ps. cxviii, xviii, 24, t. xv, col. 1460, résolvent la difficulté en supposant que Samuel était prêlre. Saint Augustin, Relract., ii, 43, 55, t. xxxii, col. 648, 652, dit que Samuel était fils d’Aaron de même façon que lous les Israélites sont fils d’Israël, et qu’il succéda au grand-prètre Héli, bien qu’il ne fût pas fils d’un prêtre, mais seulement des fils, c’est-à-, dire des descendants d’Aaron. Cette allégation n’est pas exacte, parce que, de tous les Caathites, les descendants d’Aaron possédaient seuls le sacerdoce, tandis que les membres des autres branches, de celle de Coré en particulier, n'étaient que de simples lévites. Pour expliquer les sacrifices de Samuel, il faut donc recourir à l’une de ces deux hypothèses, la Bible ne fournissant aucune explication à ce sujet. Ou bien Samuel n’offrait de sacrifices que par l’intermédiaire des prêtres, comme dut le faire Saûl, bien que le texte sacré s’exprime comme s’il avait agi directement, I Reg., xiii, 9 ; ou bien Samuel avait reçu de Dieu un pouvoir spécial pour sacrifier légitimement, comme l’avait jadis fait Moïse. Exod., xxix, 1-37 ; Lev., viii, 1-30. La Sainte Écriture, il est vrai, ne mentionne pas cette délégation particulière ; mais on peut la supposer d’autant plus probablement que les textes s’expriment comme si Samuel offrait lui-même les sacrifices et qu’aucune remarque n’est faite à cet égard. L’auteur du Psaume xcix (xcviii), 6, dit :

Moïse et Aaron, parmi ses prêtres,

Et Samuel, parmi ceux qui invoquent son nom,

Invoquaient Jéhovah, et il les exauçait.

Les trois personnages sont mis en parallèle et traités comme prêtres, alors que, seul, Aaron était revêtu du sacerdoce. D’autres passages attribuent à Samuel une initiative importante au point de vue de la détermination des fonctions liturgiques. I Par., ix, 22 ; xxvi, 28. Les fêtes de la Pâque auxquelles il présidait n’auraient pas eu de semblables jusqu'à l'époque de Josias. II Par., xxxv, 18. Cf. J. C. Ortlob, Samuel judex et propheta, non pontifex aut sacerdos, sacrificans, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, 1. 1, p. 587-594.

H. Lesêtre.

3. SAMUEL (Septante : SafiouYJX), fils de Thola, de la tribu d’Issachar et chef de famille dans cette tribu du temps de David. I Par., vii, 2.

4. SAMUEL BEN MEIR, appelé aussi RASCHBAM (lettres initiales de Rabbi Samuel ben Meir), célèbre rabbin juif, né vers 1065, mort en 1154. Il eut pour mère une fille de Raschi (voir col. 988), Il compléta quelques-uns des commentaires sur le Talmud que son

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