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SAMSON — SAMUEL


compatriotes et à être ainsi remis aux Philistins. Arrivé à Léchi (voir Léchi, t. iv, col. 145), il brisa ses liens, s’empara d’une mâchoire d’âne qu’il rencontra en cet endroit et avec cette arme improvisée, il battit mille Philistins. Voir Mâchoire, t. iv, fig. 102, col. 512. Jud., xv. 4° Plus tard, Samson s’étant rendu à Gaza, les Philistins, sachant qu’il était chez une femme de mauvaise vie, fermèrent la nuit les portes de la ville, afin de le mettre à mort le lendemain. Il se leva au milieu de la nuit, enleva les portes de la ville et les emporta. Mais son incontinence devait lui être fatale. Une femme de la vallée de Sorec au pied de Saraa, Dalila, pour laquelle il éprouvait une passion coupable, lui arracha le secret de sa force, lui fît couper les cheveux et le livra aux mains des Philistins qui lui crevèrent les yeux. Voir Dalila, t. ii, col. 1208. Ils le conduisirent à Gaza, le lièrent avec deux chaînes d’airain et l’obligèrent à tourner la meule pour moudre le grain, comme une femme. Cependant ses forces lui revinrent avec ses cheveux et, un jour de fête, les Philistins, offrant un sacrifice à Dagon, le firent venir pour le tourner en dérision. Le temple était soutenu par deux colonnes, qui portaient la toiture en terrasse, couverte de Philistins. Samson les renversa, le temple s’écroula ; le héros aveugle fut enseveli sous ses ruines, mais il fit périr plus de Philistins par sa mort que pendant sa vie entière. Ses parents recueillirent son corps et l’ensevelirent dans le tombeau de Manué son père. Jud., XVI. On n’a voulu voir de nos jours que des mythes dans l’histoire de ce héros extraordinaire et l’imagination s’est donné à son sujet libre carrière, mais le livre des Juges ne raconte point sa vie comme une vie ordinaire, la force dont il est doué est une force miraculeuse et surnaturelle, fruit de sa foi, comme le dit saint Paul. Heb., XI, 32. Voir I. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 172-220.

    1. SAMUA##

SAMUA (Sammû’a), nom de deux Israélites dans la Vulgate. Voir Sammua, col. 1431.

1. SAMUA (Septante : E>t|jiai), le premier nommé parmi les fils du roi David qui lui naquirent à Jérusalem. II Reg. (Sam.), v, 14 ; I Par., xiv, 4. Il est aussi nommé le premier, I Par., iii, 5, sous la forme Simmaa, parmi les quatre fils de David et de Bethsabée. Dans ces trois passages, Salomon est nommé le quatrième parmi les fils de Bethsabée. Voir Salomon, i, col. 1382.

2. SAMUA (Septante : 2a(j.ou), lévite, père d’Âbda. II Esd., xi, 17. Son nom est écrit Séméias et celui de son fils, Obdia, dans I Par., ix, 16. Voir Abda 2, t. i, col. 19.

    1. SAMUEL##

SAMUEL (hébreu : Semû’êl, « exaucé par Dieu » ), nom de trois Israélites.

1. SAMUEL (Septante : EaXaiioyr, }.), fils d’Ammiud, de la tribu de Siméon, chef de cette tribu, qui fut chargé par Moïse avec les autres chefs des tribus du partage de la Terre Promise. Num., xxxiv, 20. Il faudrait peut-être lire Salamiel, comme Num., i, 6 ; ii, 12 ; vii, 36, 41 ; x, 19.

2. SAMUEL (hébreu : Semû’êl ; Septante : Siiao-jt)/), prophète et dernier juge d’Israël. — 1. Son enfance. — l°30° nom. — La signification de ce nom est indiquée par le texte sacré. La mère de Samuel l’appela ainsi parce que, dit-elle, mêyehôvdh se’ilfîv, « je l’ai demandé à Jéhovah ». I Reg., i, 20. Samuel veut donc dire « obtenu de Dieu », du verbe sdmâ, , « écouter, exaucer, accorder ». Josèphe, Ant. jud., V, X, 3, suppose que Samuel équivaut à Œaituyro ; , « demandé à Dieu ». L’étymologie qui le fait venir de semû’el, « nom de

Dieu », doit être écartée comme ne répondant pas à l’idée formulée par la mère du prophète.

2° Sa naissance. — L’enfant fut, pendant de longues années, demandé à Dieu par Anne, sa mère. Voir Anne, t. i, col. 627. Celle-ci eut enfin le bonheur de lui donner naissance. I Reg., i, 10-20. D’après I Par., vi, 22, Elcana, père de Samuel, était un Lévite de la famille de Caath ; Il n’était point prêtre, ne descendant pas de la famille d’Aaron. D’autre part, I Reg., 1, 1, il est appelé Éphratéen ! Ce terme est parfois synonyme d’Éphraïmite ; mais il peut aussi désigner celui qui est d’Éphrata, dans la tribu de Benjamin, ou celui qui réside dans la tribu d’Éphraïm. Voir Elcana, t. ii, col. 1646 ; Éphratéen, col. 1882. Ce dernier sens convient ici, puisqu’il est à la fois certain qu’Elcana était Lévite et qu’il habitait dans la montagne d’Éphraïm.

3° Sa consécration. — Anne, avait prorais de consacrer à Jéhovah le fils qu’il lui accorderait. I Reg., i, 11. Quand l’enfant fut venu au monde, elle le garda jusqu’à son sevrage, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de trois ans environ, voir Sevrage, et elle le mena à Silo, au grand-prêtre Héli. Puis, ayant offert son sacrifice avec Elcana, elle donna le jeune Samuel à Jéhovah pour tous les jours de sa vie. C’était le vouer à la vie de nazaréen. Voir Nazaréat, t. iv, col. 1515. L’enfant fut alors laissé par ses parents, malgré son jeune âge, au service de Jéhovah devant le grand-prêtre Héli. I Reg., ii, ll.

4° Sa vocation. — Le grand-prêtre Héli était vieux, et ses fils pervers rendaient odieux le culte de Jéhovah par leur cupidité, sans que leur père songeât à les corriger. Voir Héli, t. iii, col. 567. De son côté, Samuel grandissant faisait le service devant Jéhovah, revêtu d’un éphod de lin. Voir Éphod, t. ii, col. 1868. Tous les ans, Anne venait à Silo avec Elcana pour offrir son sacrilice ; elle apportait à l’enfant une robe neuve qu’elle avait faite, et elle s’en retournait en emportant les bénédictions d’Héli. Celui-ci s’émut enfin des débauches de ses fils ; mais comme il ne réussit pas à les amender, un homme de Dieu vint lui annoncer le sort terrible qui l’attendait. Il est à croire que cet avertissement ne produisit pas sur le vieillard tout l’effet voulu, car Dieu le lui fit renouveler par le jeune Samuel. Une nuit, l’enfant reposait auprès de l’Arche, quand il s’entendit appeler. Aussitôt debout, il courut vers Héli qui le renvoya en lui disant qu’il ne l’avait pas appelé. Le même phénomène s’étant produit une seconde fois, le grand-prêlre commanda à Samuel, si la même voix se faisait entendre encore, de répondre : « Parlez, Jéhovah, car votre serviteur vous écoute. » Au troisième appel, l’enfant fit la réponse indiquée, et aussitôt Jéhovah lui annnonça que le châtiment naguère prédit par son envoyé contre Héli et sa maison allait s’exécuter, sans expiation possible. La prophétie précédente était ainsi authentiquée d’une manière indiscutable, car il n’était plus possible au grand-prêtre de douter que Jéhovah lui-même eût parlé. Le lendemain matin, Héli obligea Samuel à lui raconter tout ce qui s’était passé. I Reg., ii, 12-iu, 18. L’événement ne tarda pas à justifier la redoutable annonce. Les Philistins battirent Israël près d’Ében-Ézer, l’Arche fut prise par eux et les deux fils d’Héli périrent avec 30000 hommes de pied. À cette nouvelle, le grand-prêtre tomba à la renverse et se tua dans sa chute. I Reg., iv, 1-18.

II. Sa judicature. — 1° Le juge d’Israël. — Samuel était devenu grand. À Silo, Jéhovah continuait à lui parler, et ce que le prophète déclarait en son nom s’accomplissait. Aussi, dans tout le pays, reconnaissait-on en Samuel le « prophète de Jéhovah », c’est-à-direl’homme choisi pour parler et commander au nom de Dieu. Cette réputation, commencée au moment où Samuel fit connaître à Héli sa première révélation, ne fit que s’accentuer et se fortifier par la suite. I Reg., .