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SAMARITAINS — SAMBUQUE


suprême injure en l’appelant « samaritain ». Joa., viii, 48. Par mépris, on appelait les Samaritains, du nom d’undes peuples idolâtres qui avaient colonisé Samarie, Cu’théens, IV Reg., xvii, 24, Kûlîm, Berachoth, vil, 1 ; vm, 8 ; Pea, ii, 7 ; Rosch haschana, II, 2 ; Nidda, IV, 1, 2 ; vii, 3, 4, 5 ; etc., Xo-jôaïoi, Josèphe, Ant. jud., IX, xiv, 3 ; XI, iv, 4 ; vii, 2 ; XIII, IX, 1. À certains moments d’exaspération, les Samaritains se vengeaient en jouant des mauvais tours aux Juifs. Comme ceux-ci allumaient des feux sur les montagnes pour annoncer la néoménie, les Samaritains en allumaient avant la date officielle pour tromper leurs adversaires. Cf. Rosch haschana, ii, 2, 4 ; Gem. Betza, 4, 2. Un jour, ils jetèrent des ossemenls humains dans le Temple, pour interrompre les solennités de la Pâque. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 2. La traversée de leur pays par les Israélites qui se rendaient à Jérusalem exposait ces derniers à toutes sortes d’avanies. Luc, ix, 52, 53. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, vi, 1 ; Bull, jud., II, LU, 3. Aussiles Galiléens préféraient-ils faire le tour par la Pérée. En général, les Juifs s’abstenaient de tout rapport avec les Samaritains. Joa., iv, 9. On en vint même à dire que manger une bouchée reçue des Samaritains équivalait à manger de la chair de porc. Cf. Schebiith, viii, 10 ; Tanchuma, fol. 43, 1. — Néanmoins, les docteurs juifs apportaient plus de modération dans leurs jugements sur les Samaritains. La. Samarie était regardée comme faisant partie de la Terre-Sainte. Cf. Mikvaolh, viii, 1. Josèphe, Bell, jud., 111, iii, 1, le suppose sans hésitation. Tout était pur en Samarie, la terre, l’eau, les maisons, les chemins. Cf. Jer. Aboda sara, fol. 44, 4. On pouvait faire la Pâque avec les azymes des Samaritains. Bab. Kidduschin, fol. 76, 1. La nourriture des Cuthéens était permise aux Juifs, pourvu qn’elle ne contint ni viii, ni vinaigre. Jer. Aboda sara, fol. 44, 4. Trois Samaritains devaient faire la prière avant le repas, aussi bien que trois Israélites. BeracJioth, vii, 1 ; viii, 8. L’indemnité de séjour était de droit pour la jeune fille samaritaine aussi bien que pour l’israélite. Kelhubolh, iii, l. Cependant on ne recevait de sacrifices liturgiques ni des Gentils, ni des Samaritains. Schekalim, i, 5. On doutait que ces derniers appartinssent réellement à la communauté d’Israël. Kidduschin, iv, 3. Mais on les distinguait très formellement des idolâtres. Berachoth, vu, 1 ; Déniai, iii, 4 ; v, 9 ; vi, 1 ; Tcmmoth, iii, 9. On les assimilait plus volontiers aux Sadduçéens : il Les Sadducéennes qui suivent les senlimenls de leurs pères sont semblables à des Samaritaines. » Nidda, iv, 2. En somme, les Samaritains étaient moins regardés comme des étrangers, que comme un peuple de race mélangée et de religion incomplète. 3 « Leur rôle dans l’Evangile. — Au début de son ministère évangélique, Notre-Seigneur se rendit en Samarie, au puits de Jacob. Le récit sacré.met en lumière, à cette occasion, les principaux traits qui caractérisent les Samaritains, l’antagonisme qui existé entre eux et les Juifs, leur persuasion qu’ils descendent de Jacob, leur culte pour le Garizini en opposition avec la préférence que les Juifs donnent à Jérusalem, leur attente du Messie qui doit instruire de toutes choses. Joa., iv, 9-25. Les disciples ne font aucune difficulté d’aller acheter des vivres dans une ville samaritaine et ils en rapportent. Joa., iv, 8, 31. Enfin, non seulement la Samaritaine croit en Jésus, mais les habitants de Sichar l’accueillent, beaucoup croient eux aussi et, sur leur demande, le Sauveur demeure deux jours avec eux. Joa., iv, 28-42. Plus tard, dans une ville du nord de la Samarie, Notre-Seigneur ne fut pas reçu par les habitants. Loin de les en châtier, il réprimanda sévèrement Jacques et Jean qui voulaient appeler le feu du ciel sur le bourg inhospitalier. Luc, îx, 51-56. Traité de Sama ritain et de possédé du démon, il ne releva pas le premier qualificatif et se contenta de repousser le second. Joa., viii, 48, 49. Il fit plus. Dans une de ses plus touchantes paraboles, il mit en’scène un pauvre Juif blessé, auquel un prêtre et un lévite qui passaient ne portèrent pas secours, tandis qu’un Samaritain en voyage s’arrêta, le soigna et le conduisit dans une hôtellerie. Quand le Sauveur demanda ensuite au docteur de la loi lequel des trois était le prochain du blessé, celui-ci, au lieu de répondre : « le Samaritain », s’abstint de prononcer ce nom abhorré et dit seulement : « Celui qui a pratiqué la miséricorde. » Luc, x, 30-37. Une autre fois, quand Notre-Seigneur eut guéri dix lépreux, un seul revint pour lui rendre grâces, tandis que les autres allaient se montrer aux prêtres. Ce lépreux reconnaissant était un Samaritain qui, sans doute, n’avait pas à se montrer aux prêtres juifs, mais seulement à ceux de son pays. Notre-Seigneur lit remarquer la démarche de ce lépreux, qu’ilappelaàXXoYEvik, alienigena, un étranger, c’est-à-dire un homme que les Juifs ne regardaient pas comme de la même race qu’eux et qui pourtant rendait mieux gloire à Dieu. Luc, xvii, 11-19. La manière dont Notre-Seigneur traite les Samaritains contraste donc, par sa sympathie, avec la rigueur habituelle des Juifs. — En envoyant ses Apôtres à leur mission d’essai, le Sauveur leur interdit le territoire des Gentils et les villes des Samaritains. Les difficultés qu’ils y auraient rencontrées eussent été trop considérables pour eux. Matth., x, 5. Mais ensuite ils reçurent l’ordre d’aller prêcher, après la réception du Saint-Esprit, dans la Judée, la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Act., i, 8. La Samarie est mentionnée expressément, aussitôt après la Judée, pour montrer que la grâce appelle les Samarilains aussi bien que les Juifs. Simon le magicien s’était attaché les gens de ce pays par ses prestiges. Mais la prédication et les miracles de Philippe convertirent un bon nombre de Samarilains et, entre autres, le magicien lui-même, si bien que Pierre et Jean vinrent de Jérusalem pour leur donner le Saint-Esprit. Act., viii, 4-17, 25. L’Église ne fit ensuite que se développer dans ce pays, tout comme en Judée et en Galilée. Act., ix, 31. Plus tard, Paul et Barnabe traversèrent la Samarie et y encouragèrent les chrétiens. Act., xv, 3.

H. Lesêtre.
    1. SAMBUQUE##

SAMBUQUE (chaldéen : sabëkâ et sabëkâ ; Septante : aa|j. ?jx/i), instrument à cordes de la famille des harpes. Le nom grec de la sambuque, (japLëj-zr, dans les Septante, Çajji.ë-Jxr, dans Théodotion, n’est que le nom sémitique transformé. Le pi est une lettre de liaison qui remplace le renforcement ou redoublement de la labiale. La racine est : rpo, « entremêler, entrelacer, disposer obliquement (les cordes) ». À la première forme sabëkâ, Dan., iii, 5, les copistes ont substitué trois fois èabëkà, f.l, 10, ô. Sous ces deux orthographes, la sambuque fait partie de la nomenclature des instruments babyloniens mentionnée dans le récit de l’inauguration de la statue d’or de Nabuchodonosor. Voir Symphonie, Syringe.

Cet instrument affectait la même forme triangulaire que les petites harpes primitives. Voir Harpe, t. iii, col. 431. Comme le trigone, ibid., il comptait quatre ou cinq cordes, courtes, donnant par conséquent des sons aigus (voir Musique des Hébreux, t. iv, col. 1352), c’est-à-dire l’octave supérieure des instruments à ton normal, propres àaecompagner les voixde femme s. C’estd’ailleurs aux mains des femmes que les représentations anciennes mettent ces petites harpes. G. Weiss, Die musikalischen Instrumente in den heiligen Schriften des A. T., Graz, 1895, p. 67. Les auteurs anciens indiquent des joueuse » de sambuque, sambucistrix, parmi les musiciennes employées à Rome dans les festins. Weiss, p. 65, noie 4.