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SAMARITAINS


l’époque de Néhémia, selon les références fournies par Josèphe, Ant. jud., XI, vii, 2 ; viii, 2. Cf. II Esd., xiii, 28. — II est à remarquer que, laissés sans réponse par le grand-prêtre de Jérusalem, dont ils avaient réclamé l’intervention pour la reconstruction de leur temple détruit par les prêtres égyptiens, les Juifs d’Éléphantine s’adressèrent ensuite aux autorités de Samarie. Cf. Les nouveaux papyrus d’Éléphantine, dans la Revue biblique, 1908, p. 327, 346, 347. Ils n’ignoraient pas alors le schisme samaritain, mais ils escomptaient la rivalité qui divisait les fidèles des deux temples et, en tous cas, considéraient leur appel comme légitime. — Les conditions dans lesquelles s’établit la religion samaritaine expliquent naturelle des âmes et à la résurrection des corps. Ils attendaient le Messie, Joa., iv, 25, qu’ils nommaient Tahêq, « celui qui instruit ». Ils le considéraient en même temps comme roi et prêtre. Ils célébraient fidèlement le sabbat, cf. Nedarim, iii, 10, et les fêtes prescrites par la Loi. Lev., xxiii, 4-43. Cf. Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 6. Ils pratiquaient la circoncision au huitième jour, admettaient les secondes noces quand le premier mariage n’avait pas eu d’enfant, mais jamais les troisièmes, et ne recouraient que rarement au divorce. En somme, tout en admettant ce qu’il y avait d’essentiel dans les croyances et les pratiques du judaïsme, ils méconnaissaient tout le développement apporté à la Loi religieuse par les prophètes, occupant ainsi vis-à-vis

291. - Plan de l’église du Puits de Jacob. D’après Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1900, vis-à-vis Le puits est situé dans l’abside du milieu. On avait placé au-dessus le maitre-autel.

delaP’62’ment son caractère. Il est évident que le prêtre envoyé par le roi d’Assyrie ne put enseigner que ce qu’il savait. Or, dans l’ancien royaume de Samarie, le Pentateuque était resté le code religieux par excellence, malgré les innombrables infractions auxquelles les Israélites s’étaient livrés. Par suite de l’antagonisme qui divisait les deux royaumes depuis Jéroboam, les livres sacrés postérieurs au schisme avaient été non avenus en Israël. Aussi les Samaritains n’admet-taient-ils que le Penlaleuque, à l’exclusion de toutes les autres Écritures. À plus forte raison ne tenaient-ils aucun compte de tous les développements doctrinaux ou législatifs ajoutés à la Loi par les docteurs pharisiens. Ils croyaient au Dieu unique, dont ils n’admettaient aucune représentation sensible, rompant ainsi avec la tradition des veaux d’or-de Jéroboam. Ils excluaient même soigneusement tout anthropomorphisme dans leur manière de parler de Dieu. Ils tenaient Moïse pour le prophète de Dieu et révéraient la sainteté de la Loi, qu’ils se piquaient de mieux observer que les Juifs. Ils croyaient aux bons et aux mauvais anges, au ciel et à l’enfer, au jugement

de la religion juive une position analogue à celle de l’Église grecque vis-à-vis du catholicisme. Par-dessus tout, ils se séparaient des Juifs pour la pratique du culte liturgique, qu’ils célébraient dans leur temple de Garizim. Apres la destruction de cet édifice, ils continuèrent à regarder la montagne comme leur lieu saint. Joa., IV, 19. Cf. J. C. Friedrich, Discussionum de christologia Samaritanorum liber, Leipzig, 1821 ; Gesenius, De Samaritanorum theologia ex fontibus ineditis conimentalio, Halle, 1822, p. 41-46 ; Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 16-18.

2° Leur état religieux aux yeux des Juifs. — L’Ecclésiastique, l, 27, 28, traite sévèrement les Samaritains :

Il y a deux peuples que condamne mcn âme, Et un troisième qui n’est même pas un peuple : Les habitants de Séir, les Philistins Et le peuple insensé de la montagne de Sichem.

Les Septante remplacent même Séir par Samarie. Les Samaritains sont ainsi mis au même rang que les Iduméens et les Philistins idolâtres. Les contemporains de Notre-Seigneur croyaient lui adresser une