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SAMARITAIN (PENTATEUQUE) — SAMARITAINS


III. Comparaison du texte samaritain avec le texte massorétique. — Gesenius, p. 26-61, rapporte à huit classes les variantes du Pentateuque samaritain.

— I. Variantes grammaticales. Elles consistent. — i » En additions de lettres quiescentes : arv^N pour uuha. — 2° Changement de formes rares ou poétiques

en formes communes : nb « n pour btin. — 3° Suppres " T

sion fréquente des lettres paragogiques i et > à la fin des mots : ri m pour in>n, etc. — II. Addition de gloses etd’interprétalionsdans le texte, lesquelles se trouvent fréquemment dans les Septante et doivent provenir en plusieurs cas de quelque ancien Targum : nap : i i ; t, « mâle et femelle », Gen., vii, 2 (dit des animaux), pour nuïNi ut>n. — III. Corrections souvent peu heureuses du texte : Gen., xli, 32 ; « parce que le songe a été redoublé » devient : surrexit iterum somnium.

— IV. Corrections ou additions tirées de passages parallèles : lorsque l’hébreu nomme seulement quelques-uns des peuples chananéens, le samaritain en complète la liste, Gen., xv, 21 ; Exod., iii, 8 ; xiii, 5 ; xxiii, 28, etc. — V. Additions plus considérables. J. Morin avait reconnu lui-même que le Samaritain avait ajouté au texte primitif des textes parallèles. Ainsi Exode, v, 6, 9 ; cf. xiv, 12 ; Exod., xx, 17 ; cf. Deut., xxvii, 2. — VI. Corrections de passages chronologiques et autres, en particulier dans l’âge des patriarches antédiluviens et postdiluviens. — VII. Corrections verbales et grammaticales, substituant des idiotismes samaritains aux formes hébraïques, en particulier substituant des gutturales les unes aux autres ; de même pour les quiescentes. — VIII. Passages modifiés pour les rendre conformes aux croyances et au culte des Samaritains. Ainsi les anthropomorphismes et les anthropopathismes sont éliminés ; le mont Garizim est substitué au mont Hébal, Deut., xxvii, 4. Voir aussi l’addilion à Exod., xx, 17, et Deut., v, 21. — Zach. Frankel, Veber den Einjluss der palàslinischen Exégèse auf die alexandrinische Rermeneutik, in-8°, Leipzig, 1851, et quelques autres ont ajouté de nouvelles remarques à celles de Gesenius. On compte plus de 6000 variantes entre le texte massorétique et le texte samaritain. L’opinion qui prévaut aujourd’hui, comme résultat des travaux publiés, c’est que le texte samaritain est inférieur au texte massorétique et que les changements qu’on constate dans le premier sont souvent systématiques et sans autorité réelle.

IV. De la date du Pentateuque samaritain. — Une partie des variantes qui viennent d’être signalées ne semble pas indiquer une époque très ancienne. La date du Pentateuque samaritain est obscure et l’étude du texte ne permet pas de la déterminer aisément. Jean Morin, Wallon, Kennicott, Jahn, admettent que le Pentateuque existait parmi les dix tribus d’Israël, de même qu’en Juda, à l’époque du schisme sous Roboam. Les Samaritains l’auraient donc trouvé dans le pays lorsqu’ils y furent déportés et ils en auraient fait une édition à leur usage. Naturellement les critiques qui nient l’origine mosaïque du Pentateuque rejettent cette opinion. Il faut reconnaître, qu’on ne peut alléguer aucun témoignage décisif en sa faveur et qu’on ne peut l’appuyer que sur des probabilités, les documents faisant défaut. — D’autres supposent que le Pentateuque fut apporté aux Samaritains vers 409 avant J.-C, par le prêtre juif, Manassé, gendre de Sanaballat, gouverneur de Samarie. Voir Garizim, iii, 20, t. iii, col. 111-112. On objecte contre cette hypothèse la parenté qui existe entre le Pentateuque samaritain et la version des Septante, laquelle n’existait pas encore du temps de Sanaballat, mais s’il y a des points communs entre les Septante et le Samaritain, il y a aussi beaucoup de différences et l’on peut soutenir que pour les deux textes les ressemblances provien nent d’une source antérieure. — Il existe un Targum samaritain du Pentateuque qui a éié imprimé, mais d’une manière défectueuse, dans la Polyglotte de Paris et dans celle de Londres.

Voir H. Petermann-C. Vollers, renlateuchus samaritanus, in-8°, Berlin, 1872-1891 (cf. S. Kohn, Die samarilanische Pentateuch-V ebersetzung, dmg, t. xlvii, 1893, p. 626-697) ; Ad. Brûll, Das samaritanische Targum (en caractères hébreux carrés), in-8°, Francfortsur-le-Main, 1873-1876. La tradition l’attribue au prêtre Nathanæl, au i or siècle de notre ère. D’autres, au ii « siècle. — Cf. sur la littérature samaritaine, J. Rosenberg, Argarizim, Lehrbuch der samaritanischen Sprache und Lileratur (dans Die Kunst der Polygïottie, Th., lxxi), in-16, Vienne, Pest, Leipzig, 1901, p. 77-89 ; E. Kautsch, Samaritaner, dans J. Hertzog, Realencyklopâdie, 3e édit., par A. Hauck, t. xvii, 1906, p. 440-445 ; P. Kahle, Texlkrilische und lexikalische Bemerkungen zum samaritan. Pentateuchtargum, in-8°, Leipzig, 1898.

    1. SAMARITAINE##

SAMARITAINE (grec : Satiapar-riç ; Vulgate : Samaritana), femme de Sichar convertie par Notre-Seigneur sur les bords du puits de Jacob. Voir t. iii, , col. 1075. Joa., iv. Les Grecs viennent de rebâtirl’ancienne église qui s’élevait autrefois en cet endroit (fig. 291). Ils l’appellent Pholine, col. 331, à cause de la lumière céleste dont Notre-Seigneur l’éclaira si admirablement, el ils lui ont dédié sous ce nom nombre d’églises. — Saint Jean, iv, 5-42, raconte dans un récit admirable de naturel et de simplicité, comment le Sauveur, assis auprès du puits, voyant cette pauvre femme du peuple, chargée de péchés, qui venait là chercher l’eau nécessaire à ses besoins domestiques, l’amena peu à peu à désirer une eau surnaturelle, autrement nécessaire à son âme, éleva cette intelligence simple jusqu’aux plus hautes vérités et lit ainsi d’elle la première convertie parmi les Samaritains, en même temps qu’unapôtre parmi les siens. Voir Acla sanctorum, martii t. m (20 mars), p. 80.

    1. SAMARITAINS##

SAMARITAINS (hébreu : Sômronîm, II (IV) Reg., xvii, 29 ; Septante : Sa(iapîïrai ; Vulgate : Samaritani), habitants de la Samarie. Leur origine et leur histoire ont été traitées dans l’article Samarie, col. 1418. Il s’agit maintenant de les considérer au point de vue de » croyances et des pratiques religieuses.

1° Leurs croyances. — Quand Sargon eut transporté en Samarie des populations tirées de Babylonie, il leur envoya un des prêtres exilés pour leur apprendre le culte de Jéhovah. IV Reg., xvii, 28. Ce prêtre, appartenant a l’ancien royaume de Samarie. Ti’élait probablement ni d’une origine sacerdotale ni d’une orthodoxie très régulière. On comprend néanmoins, que les malheurs qui avaient accablé la nation, aient fait réfléchir, et qu’une réaction sensible en faveur du vrai culte de Jéhovah en ait été la conséquence. D’autrepart, un bon nombre des anciens habitants du pays étaient restés au moment de la déportation ; les vieilles croyances survivaient chez eux, et elles n’eurent pas de peine à dominer peu à peu les idées idolâtriquesdes nouveaux colons. Après le retour des captifs de-Juda, les Samaritains prétendirent faire partie intégrante de la nationalité israélite et de la communauté religieuse, et ils demandèrent à être admis à partager les travaux de la reconstruction du Temple-I Esd., IV, 2. Us appuyèrent leur prétention sur le culte qu’ils rendaient au vrai Dieu et sur les sacrifices, qu’ils lui offraient. Éconduits par les Juifs, ils se construisirent un temple sur le mont Garizim, consacréjadis par les bénédictions mosaïques. Deut., xxvii, 12. Voir Garizim, t. iii, col. 106. Cette construction se fit, non pas du temps d’Alexandre le Grand, mais dès