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SAMARIE — SAMARITAIN (PENTATEUQUE)


Gilles, àizo Tt’-Ttov, aujourd’hui Qariet-Djelt, à 8 kilomètres au sud de Séhastyéh ; et Ménandre du village de Kapparetaia, probablement Kefr-’Atâya, à moins de 3 kilomètres au sud-ouest de Aqràbêh. S. Justin, Apol., ii, t. vi, col. 368 ; Eusèbe, H. E., ii, 1, 3, col. 138 et 167 ; S. Épiphane, Adv. hser., xxx, t. xli, col, 286 et 296.

IV. Bibliographie. — V. Guérin, Description de, la Palestine, Samarie, 2 in-8°, Paris, 1874-1875 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, in-4°, Londres, t. ii, 1883 ; Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, 1. I, c. iii, La Samarie, in-8°, Paris, 1868, p. 165-175 ; Cl.Gralz, Schauplatz der heiligen Schrift, nouv. édit., in-8°, Ratisbonne (1858), p. 371-392 ; K. Ritter, Erdekunde, in-18, Berlin, 1862, t. i, p. 620-674 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1878, t. i, p. 80-109. L. Heidet.

SAMARITAIN. — 1° Dans l’Ancien Testament (hébreu : haS-Somrônim ; Septante : oi Sapiapeîrat ; Vulgate : Samarilse), nom donné aux déportés que les rois d’Assyrie établirent dans le royaume d’Israël après la prise de Samarie. IV Reg., xvii, 29. Dans II Esd., iv, 2, où l’hébreu, iii, 34, porte Somrôn, la Vulgate a traduit Samaritani. — 2° Dans le Nouveau Testament, les descendants des étrangers établis en Samarie et pratiquant un judaïsme altéré sont appelés SaiiocpesTrç, Samaritanus, Matlh., x, 5 ; Luc, IX, 52 ; x, 33 ; xvii, 16 ; Joa., iv, 9, 39, etc. ; viii, 48 ; Act., viii, 25. Voir Samarie, Samaritains. Notre-Seigneur, dans une de ses paraboles, Luc, x, 25, 37, représente le Bon Samaritain comme un modèle de charité. Voir Adommim, 1. 1, col. 222.

    1. SAMARITAIN##

SAMARITAIN (PENTATEUQUE), texte hébreu du Pentateuque, en usage dans la secte des Samaritains. Il est écrit en anciens caractères hébreux et se distingue par diverses particularités du texte ordinaire des Bibles hébraïques. Origène, sur Num., xiii, 1, Bexapl., t. xv, col, 739, note (tô t<3v Ea[AapEtTwy’E6paï7.<5v) ; saint Jérôme, Prsef. in lib. Samuel., t. xxviii, col. 549, et plusieurs autres auteurs ecclésiastiques, de même que le Talmud, Jer. Solah, 21 6, cf. 17 ; Babli, 38 6 ; Jer. Meg., 6, 2 ; Jer. Yebam., 3, 2, etc., l’ont cité ou y ont fait allusion.

I. Manuscrits du Pentateuque samaritain. — Cependant, comme le texte du Pentateuque samaritain était resté inconnu, en dehors de ces antiques citations, les critiques en étaient venus à nier l’existence d’une édition samaritaine du Pentateuque, lorsque le célèbre voyageur Pietro délia Valle en trouva et en acheta un exemplaire complet à Damas en 1616. Achille Harlay de Sancy, ambassadeur de France à Constantinople, l’envoya en 1623 à l’Oratoire de Paris. J. Morin en fit la description, dans la préface de son édition des Septante, 1628, voir Morin, t. iv, col. 1283, et il le publia avec une Iraduction dans la Polyglotte de Le Jay, en 1615, t. vi ; Walton le reproduisit à son tour, 1657, avec quelques améliorations, dans le t. I de la Polyglotte de Londres. Entre 1623 et 1630, Ussher s’en procura six autres exemplaires, les uns complets, les autres incomplets, dont cinq furent déposés dans des bibliothèques d’Angleterre. Le sixième, envoyé à Louis de Dieu, est perdu. La Bibliothèque ambrosienne de Milan possède un exemplaire qui fut apporté en Italie en 1621. Peiresc acquit, de son côté, deux exemplaires, dont l’un entra à la Bibliothèque royale de Paris, l’autre à la bibliothèque Barberini à Rome (aujourd’hui au Vatican). Ces deux derniers contiennent le texte hébreu et samaritain avec une version arabe en caractères samaritains. Quelques autres exemplaires, les uns complets, les autres fragmentaires, sont parvenus depuis en Europe. L’âge de ces divers manuscrits « st difficile à déterminer, quoique plusieurs soient

datés. Ces dates ne sont pas toujours sûres, et l’écriture samaritaine est telle qu’elle ne permet pas de préciser d’époque. On admet qu’aucun des manuscrits parvenus en Europe n’est antérieur au Xe siècle de notre ère. Les uns sont en parchemin, les autres en papier de lin ou de coton, et de formats divers. %

Le Pentateuque conservé par les Samaritains de Naplouse est plus ancien. Beaucoup de pèlerins de Terre-Sainte ont pu le voir, mais non l’étudier. Le grand-prêtre des Samaritains vous en montre une page ouverte sans difficulté, mais pas davantage. Le manuscrit est en forme de rouleau et composé de 21 peaux parcheminées, de grandeur inégale, la plupart divisées en six colonnes, quelques-unes seulement en cinq. Chaque colonne contient de 70 à 72 lignes ; le rouleau entier renferme 110 colonnes ; il n’y a plus que la moitié environ du manuscrit qui soit encore lisible. Les Samaritains prétendent qu’il renferme cette inscription : « Moi, Abisâh, fils de Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, le prêtre, — sur eux soit la miséricorde de Jéhovah. — En son honneur, j’ai écrit cette loi sainte à la porte du Tabernacle du témoignage, sur le mont Garizim, Beth El, la treizième année de la prise de possession de la terre de Chanaan et de toutes les frontières environnantes par les enfants d’Israël. Louange à Jéhovah. » Le texte de cette inscription est reproduit par Rosen, Aile Handschriften des samarit. Pentateuch, dans la Zeitschrifl der deutschen morgenlandischen Gesellschaft, r. xviii, 1864, p. 584. — Quoique cette date soit fabuleuse, il est certain que le manuscrit est très ancien. Il est écrit en lettres d’or. Les autres manuscrits connus sont écrits à l’encre noire. Les manuscrits samaritains n’ont ni pointsvoyelles ni accents, mais chaque mot est séparé par un point et les membres de phrase sont distingués les uns des autres par deux points. Le Pentateuque est divisé en 966 qasin ou sections. Voir Hupfeld, dans la Zeitschrifl der deutschen morgenlândischen Gesellschaft, t. xxi, 1867, p. 20.

II. Importance du Pentateuque samaritain. — La valeur, et l’autorité du texte samaritain du Pentateuque comparé au texte massorétique furent exagérées par J. Morin et il en résulta une controverse fort vive entre les savants contemporains. Morin, Exercitaliones ecclesiasticee inutruntque Samaritanorum Pentateuchum, in-4°, Paris, 1631 (cf. A.lngold, Essai de bibliographie oratorienne, in-8°, Paris, 1880-1882, p. 113), soutint que le texte samaritain était très supérieur au texte des Massorètes et que le premier devait servir à corriger le second, parce que le Samaritain était d’accord en beaucoup de cas avec les Septante et qu’il l’emportait par la clarté et l’harmonie dans divers passages sur l’hébreu juif. Il se fit une arme de ce texte contre les protestants et, s’il fut soutenu dans cette campagne critique par quelques savants, il fut vivement attaqué par d’autres, de Muys, Holtinger, Buxtorf, Leusden, etc. Moriniens et antimoriniens discutèrent d’abord sans grand profit, en faisant d’une question critique une question personnelle. En 1755, Ravius dans ses Exercitaliones philologicx in C. F. Hubiganlii Prolegomena in S. S., Leyde, 1761, réussit à établir et à faire admettre généralement que le texte massorétique mé-. ritait la préférence, quoique le samaritain pût fournir un certain nombre de bonnes leçons. On s’en tint à cette conclusion jusqu’à l’époque où Gesenius publia sa célèbre dissertation, De Pentateuchi Samaritani origine, indole et auclorilate commentalio philologica critica, in-4°, Halle, 1815, Bibliothèque nationale, A. 3999, qui diminua encore le crédit du texte samaritain, C’était la première étude véritablement scientifique publiée sur ce sujet, quoique un travail complet reste encore à faire sur la critique de ce texte. Sur tous les travaux antérieurs, voir Gesenius, ibid., p. 22-24.