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SA MARIE


ver le prince macédonien pour lui offrir tout le pays dont il avait la garde ; il lui amenait en même temps un corps de troupes de huit mille hommes levés en Samarie. Ces soldats, après avoir assisté Alexandre au siège de Tyr, le suivirent à Gaza, puis en Egypte où il leur confia la Thébaïde à garder. Ant. jud., XI, viii, 4, 6. Après la révolte de la Samarie et le massacre du gouverneur Andromach, Alexandre y envoya des colons macédoniens. Deux localités du pays portant des noms grecs, Fundiik (n.xvboA.dov) et Fendakûmîéh ([lvnâ/.u>(iiaç), leur doivent peut-être leur origine. À la mort d’Alexandre (323), la Samarie devint le partage du roi de Syrie. Ptolémée, fils de Lagus, roi d’Egypte, la conquit sur eux, en 320. Un grand nombre des habitants du pays furent alors transportés en Egypte. Ant. jud., XII, I. Les chefs de ces deux royaumes ne cessèrent de se la disputer, de même que le reste de la Palestine. Elle fit partie de la dot que Cléopâtre, fille d’Antiochus III, apporta à Ptolémée Épiphane (198). Ibid., XII, rv, 1. En ce temps, les Samaritains se jetèrent sur la Judée, dévastèrent ses campagnes et massacrèrent une multitude de Juifs. Ibid. Pour échapper à la persécution d’Antiochus Épiphane, ils adoptèrent spontanément les superstitions helléniques. Ibid., v, 5. C’est avec les troupes levées en Samarie qu’Appollonius, qui en était préfet, tenta de s’opposer aux succès de Judas Machabée. Son armée fut complètement défaite, lui-même tué dans le combat et son épée tomba entre les mains de Judas, qui s’en servit depuis contre les adversaires les Juifs. I Mach., iii, 10-12. Le héros macbabéen était en Samarie quand Nicanor vint lui offrir le combat prés de Capharsalama. Le général syrien perdit cinq mille hommes et se retira à Jérusalem. II Mach., xv, 1 ; cf. I Mach., vil, 31. D’après la Vulgate et les Septante, I Mach., v, 66, Juda aurait fait auparavant déjà une autre expédition en Samarie, après celle en Idumée et à Hébron ; mais Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 6, a lu Marissa au lieu de Samarie et de même l’ancienne italique. Le contexte indique d’ailleurs j l’expédition » dans « la terre des étrangers ». e ! ç yf, v à)XofJXuv, expression par laquelle la version grecque désigne constamment le paysdesPhilistins. — Jonathas s’empara des trois toparchiesdeLydda, Ramathaïin etÉphrem, c’est-à-dire de toute la partie méridionale de la Samarie, et les rois syriens durent reconnaître leur annexion à la Judée. I Mach., x, 30, 38 ; xi, 34. C( r Ant. jud., XIII, ii, 3 ; iv, 9. Profitant de la défaite par les Parthes d’Antiochus III et de sa mort (129), Jean Hyrcan pénétra en Samarie et s’empara de Sichem et du Garizim dont il renversa le temple. Ant. jud., XIII, IX, 1. Par la prise de la ville de Samarie (109), il soumit toute la province à la Judée.

3° Sous les Romains et la dynastie hérodienne (63 av.-70ap.J.-C). — Pompée enleva la Samarie aux Juifs pour la rattacher à la province romaine de Syrie (63). Ant. jud., XIV, iv, 4. Octave, vainqueur à Actium (31), la remît à Hérode avec la capitale du pays. Ibid., XV, vil, 3. Dans le partage du royaume d’Hérode à ses fils, Auguste la laissa à l’ethnarchie d’Archelaùs, tout en remettant aux habitants un quart de l’impôt parce qu’ils ne s’étaient pas révoltés avec les autres. Ibid., XVII, si, 4. À la déposition de ce prince, elle retourna à la Syrie (6 ap. J.-C). Ibid., xiii, 5. — Tandis que Ponce-Pilate exerçait la charge de procurateur, un grand nombre de Samaritains s’étaient réunis en armes à Tirathava (probablement Deir-Atab), sur la parole d’un imposteur qui promettait de les conduire au Garizlm où il leur découvrirait les vases sacrés qu’y avait cachés Moïse. Pilate leur tomba dessus avec sa cavalerie, en tua un grand nombre et mit les autres en fuite. Sur la plainte portée par les principaux du pays à Vitellius, légat de Syrie, celui-ci obligea Pilate à se rendre à Rome pour répondre devant l’empereur des I

accusations faites contre lui (37). Ibid., XVIII, iv, 1-2.

— La Samarie fut rendue par Claude à Agrippa I er, mais pour revenir, à sa mort, définitivement à la province de Syrie. Ibid., XIX, v, 1 ; viii, 2. — Les Juifs de la Galilée avaient coutume de passer par la Samarie pour se rendre à Jérusalem. Un groupe d’entre eux ayant été tué par les Samaritains de Ginéa, et le procurateur Cumanus, gagné par l’argent des Samaritains, n’ayant pas puni les coupables, il en résulta des désordres et des massacres qui ne finirent que par le bannissement de Cumanus. Ant. jud., XX, vi ; Bell, jud., II, xii, 2-7. — La Samarie paraît avoir été fatiguée, non moins que là Judée et la Galilée, des exactions des derniers procurateurs romains, en particulier de Florus, et avoir voulu se soulever avec les Juifs. Quoique les Romains eussent des postes militaires dans toute la Samarie, la population en armes se porta en masse au Garizim. Vespasien était alors occupé au siège de Jotapata(67) ; il envoya le chef delà Ve légion, Céréalis, avec un corps de 3000 fantassins et 600 cavaliers, pour étouffer le mouvement. Les troupes cernèrent la montagne. Comme les Samaritains n’avaient point d’eau, une partie se rendit aux Romains sans combat ; l’autre fut passée au fil de l’épée. Dix mille six cents périrent ainsi. Bell, jud., III, vii, 32.

4° Évangélisation de la Samarie. — Le Sauveur, de même que ses compatriotes juifs de la Galilée, dût souvent traverser la Samarie pour se rendre au Temple et à ses fêtes. Les Évangiles font allusion à deux passages de Jésus par ce pays pendant sa vie publique : au retour de la Judée, quatre mois avant la moisson, quand il s’arrêta au puits de Jacob, Joa., iv ; à son dernier passage avant sa passion, quand les Samaritains du village où il envoya ses disciples refusèrent de le recevoir. Luc, ix, 51-56. Quant aux dix lépreux qu’il guérit et dont l’un était Samaritain, il les rencontra probablement en Pérée, xvii, 11-19. Si dans ces voyages il instruit le peuple, comme à Sichar, Joa., iv, 40-42, c’est par occasion ; il s’était réservé aux brebis perdues de la maison d’Israël, Matth., xv. 24, et il avait interdit d’abord à ses Apôtres, en les envoyant évangéliser, d’entrer dans les villes de la Samarie. Matth., x, 5. L’évangélisation de cette province ne devaitcommencer qu’après l’Ascension. D’après l’ordre du Maître montant au ciel, elle devait venir en second lieu, après Jérusalem et la Judée, mais avant tous les pays de la gentilité. Act., i, 8. La persécution qui sévit à la mort d’Etienne, en obligeant les disciples à chercher un refuge en Samarie, donna au diacre Philippe l’occasion d’y annoncer le Christ et d’y répandre la parole de Dieu. Act., viii, 4-5. Les apôtres restés à Jérusalem, en apprenant la conversion de la Samarie, envoyèrent Pierre et Jean pour imposer les mains aux nouveaux fidèles. En retournant à Jérusalem, ils évangélisèrent personnellement une multitude de localités de la Samarie, ꝟ. 14, 25. L’église, revenue à la paix, en Samarie comme en Judée et en Galilée, te développa dans la crainte de Dieu et l’abondance des consolations de l’Esprit-Saint. Act., îx, 31. Saint Paul et saint Barnabe, en se rendant à Jérusalem pour y assister au concile, « passèrent par la Samarie, racontant la conversion des Gentils et remplirent de joie tous les frères. » Act., xv, 3. — La Samarie eut plusieurs sièges épiscopaux dont les deux principaux furent ceux de Sébaste et de Néapolis. Le célèbre apologiste du deuxième siècle, saint Justin, était originaire de cette dernière ville. Quoique les partisans de la secte samaritaine restassent nombreux, la population devenue chrétienne paraît avoir été la majorité à l’époque du triomphe du christianisme et quand les conquérants mahométans s’emparèrent du pays (636). — Toutefois c’est de la Samarie aussi que sortirent les premiers germes de l’hérésie et du schisme. Simon le magicien, rejeté de l’Église par saint Pierre, à Samarie, était de