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SAMARIE


d’habitants israélites avaient été laissés dans le pays par Sargon après la prise de Samarie. Fastes de Sargon, t. xxvi, cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iii, p. 559. Pour combler les vides faits par l’extermination et la déportation, « le roi d’Assyrie envoya [d’autres prisonniers de guerre], de Babylone, de Cutha, d’Avah, d’Émath de Sépharnaim et les établit dans les villes de Samarie, à la place des enfants d’Israël ; ils possédèrent Samarie et ses villes. » IV Reg., xvii, 24. Outre ces colons, Sargon transporta, en 715, un groupe de captifs arabes des tribus de Taroud, des Ibadidi, des Marsimani et des Hayapa. Inscript, de Khorsabad, Salle 2, ii, lig. 3-6 ; cf. F. Vigouroux, loc. cit. p. 569-575. D’autres troupes de captifs de la Babylonie, de l’Elam ou de la Perse, , vinrent rejoindre les premiers, au temps d’Asarhaddon, fils et successeur de Sennachérib (681-668). I Esd., iv, 2, 9. Cf. Vigouroux, loc. cit., t. iv, p. 73-75. Un assez grand nombre de captifs ou de fugitifs israélites, un peu avant l’invasion d’Holoferne, étaient, semble-t-il, venus rejoindre le petit groupe de leurs frères laissés par Sargon, Judith, iv, 2 (grec), et v, 23 (grec, 19). Les 80 hommes de Sichem, Silo et Samarie qui se rendaient au Temple quand ils furent tués par ïsmahel à Maspha, Jer., xli, 5, démontrent qu’il restait en Samarie, au temps de la captivité de Babylone, un nombre assez considérable d’Israélites attachés au culte mosaïque légitime. Ils semblent tous, au retour des Juifs de Babylone, les avoir rejoints en Judée, tant pour pouvoir observer plus facilement la loi que pour fuir les vexations de leurs voisins aux cultes hybrides. Dans tous les cas, il ne paraît pas qu’il y ait eu encore un seul Israélite fidèle en Samarie, à l’époque des Machabées. Par contre, les prêtres, les lévites et les autres, unis à des femmes étrangères, qu’Esdras et Néhémie expulsèrent pour ce fait, se réfugièrent en Samarie. Cf. I Esd., x ; II Esd., xiii, 28 ; Ant. jud., XI, vii, 2-VÏII, 4. Du mélange de ces Juifs prévaricateurs et des Israélites que les observances de la loi inquiétaient peu avec la masse des déportés chaldéens, araméens, arabes, persans et autres se forma le peuple des Samaritains dont Ben Sira disait : Ce n’est pas un peuple… la nation insensée qui habite Sichem. Eccli., L, 27, 28. — À ces éléments s’adjoignit dans la suite la population des colonies grecques, romaines ou syriennes qu’établirent Alexandre, les rois grecs de Syrie et d’Egypte, Hérode et les Césars.

Dans le Nouveau Testament il est fait allusion aux villes et aux villages de la Samarie, Matth., x, 5 ; Luc, IX, 52, 56 ; Act., viii, 25 ; mais deux seulement y sont nommés : Sicliar, Joa., iv, 5, et Samarie, Act., viii, 5. Dans les limites de la Samarie du 1 er siècle, à coté d’un nombre au moins double de localités ruinées (Khirbel), on compte aujourd’hui environ 175 localités habitées.. Parmi les unes et les autres un assez grand nombre portent des noms bibliques ou historiques plus ou moins parfaitement conservés. Déjà nous en avons rencontré quelques-unes dans ce cas ; on peut leur en adjoindre plusieurs autres. Parmi les noms les plus illustres on remarque : Ta’anak = Thanach, ancienne ville chananéenne ; Djelbôn qui a donné son nom au mont de Gelboé ; Tûbâs = Thébès, ou Abimélech fut tué de la main d’une femme ; fallûza = Thersa, la première capitale du royaume septentrional d’Israël ; Fâr’a = Ephra, patrie de Gédéon ; Ta’ana= Thanathselo appelée Théna parPtolémée, Géogr., 1. V, c. xvi ; Fa’rata = Pharathon, résidence du juge Abdon, ’Askar, la Sichar de l’Évangile, suivant plusieurs. D’autres, comme Djeba’, Tammûn, Djett, Rdméh, ’Attdrah, Sànûr, Sàeikéh, etc., retiennent sans doute des noms anciens, mais qui n’ont pas été inscrits dans les fastes de l’histoire. — Un grand nombre des localités habitées ont une population inférieure à 200 âmes ; une

dizaine atteignent le chiffre de 2000 et trois ou quatre peuvent arriver à 3000. Naplouse (Sichem), capitale actuelle de la province, renferme environ 25 000 habitants ; Sébastiyéh (Samarie), n’en a pas même 300. La population totale de la région ne dépasse pas 100000 âmes ; elle devait être plus que quadruple au temps du Christ et de ses apôtres. — Alors comme aujourd’hui, elle était formée des débris de toutes les races qui ont passé sur le sol de la Samarie. La masse en est maintenant mahométane. Des Samaritains il n’y en a plus nulle part, en dehors du petit groupe de Nâblus.

III. Histoire. — 1° Sous les Assyriens et les Chai-, déens (721-537). — La Samarie devenue presque déserte par suite de la guerre dans laquelle succomba la capitale d’Israël et de la transmigration de son peuple, fut envahie par une multitude de lions qui tirent de nombreuses victimes parmi les colons transplantés par les Assyriens. Ce fléau fut regardé comme une vengeance du Dieu du pays méconnu par les nouveaux habitants. Pour s’instruire dans le culte de ce Dieu, ils réclamèrent un des anciens prêtres israélites, transportés en Assyrie. Celui-ci vint s’établir à Bélhel, . auparavant déjà le centre religieux de la contrée. Tout en adoptant le culte de Jéhovah, chacun des groupes ethniques continua à servir les dieux de son pays d’origine ; il y eut ainsi en Samarie une multitude de cultes, puisque chaque hauteur eut son dieu et chaque ville sa religion propre. IV Reg., xvii, 21-44. Cf. F. Vigouroux, loc. cit., p. 575-586. — Les Israélites restés ou retournés s’étaient ralliés à Jérusalem et acceptaient la direction de ses chefs. Ceux-ci, lors de l’invasion d’Holoferne, envoyèrent en Samarie, des hommes chargés de tout organiser pour arrêter la marche de l’envahisseuret fortifier les villes. Judith, iv. L’héroïsme de Judithsauva le pays. Judith, v-xvi. — Les rois de Ninive ne paraissent pas avoir tenté de rétablir sur la contrée leur autorité ébranlée par cet échec. Quelques années après, le roi Josias pouvait sans rencontrer d’obstacle la parcourir tout entière pour y exercer son zèle en y abattant les hauts-lieux, en y brisant les emblèmes idolâtriques et en y renversant les autels, après avoir égorgé leurs prêtres dessus. IV Reg., xxill, 15-20. Il contraignit en outre tous les Israélites à observer la loi de Moïse. II Par., xxxiv, 33.

— Avec toute l’Asie occidentale, la Samarie dut se soumettre à la puissance de Nabuchodonosor, à son passage, lors de sa campagne contre l’Egypte (C04). Un des gouverneurs de Samarie pendant cette période, Nabu-Achisu, est connu par les inscriptions cunéiformes. Cf. H. Rawlinson, Cuneiform Inscriptions ? t. iii, pi. 34, col. ii, p. 94.

2° Sous les Perses et les Grecs (536-63). — Les premières manifestations de l’hostilité du peuple de la Samarie à l’égard des Juifs retournés de la captivité apparaissent à l’occasion du refus de ceux-ci d’admettre leurs voisins à relever le Temple du Seigneur avec eux. Tous les chefs s’unirent pour empêcher l’œuvre de Zorobabel, par la ruse, par les dénonciations et même par la force. I Esd., iv. Sanaballat, gouverneur de la Samarie, emploie les mêmes moyens pour empêcher Néhémie de rebâtir les murs de Jérusalem. II Esd., ii, 9 ; iv, VI. Un des petits-fils du grand-prêtre Éliasib avait épousé une des filles de ce satrape et fut chassé par Néhémie. II Esd., un, 28. C’est vraisemblablement à cette époque qu’il faut faire remonter le culte du Garizim rival de Jérusalem, et au gendre de Sanaballat qu’il faut l’attribuer. Cf. Garizim, t. iii, col. 111. — Un siècle plus tard Alexandre, après avoir vaincu Darius III, à Issus, s’avançait à la conquête de la Syrie et de la Palestine et avait mis le siège devant Tyr (332). Le satrape de la Samarie, appelé par Joséphe Sanaballète, oublieux des serments de fidélité prêtés au roi de Perse par qui il avait été nommé, vint trou-