Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/724

Cette page n’a pas encore été corrigée
1413
1414
SAMARIE


287. Ishak Chelo, en 1334, ne trouvait plus à Sébaste que des ruines, parmi lesquelles s’élaient établis quelques pauvres pasteurs. Dans Carmoly, Itinéraires de la T. S., Bruxelles, 1847, p. 252. — Le village ainsi formé n’occupe pas la quinzième partie de l’emplacement de l’antique Sébaste, vers son extrémité orientale, dans le voisinage de l’église des Croisés. Il se compose d’une trentaine de maisons à toits plats, grossièrement construites avec des débris de ruines. La population n’y est guère que de deux cents habitants, tous cultivateurs et mahométans, à l’exception d’une famille de chrétiens arabes, schismatiques, qui s’y est établie depuis peu. De l’église du XIIe siècle (fig. 290), il reste les murs extérieurs avec leurs trois absides à l’orient et deux ou trois arcades en ogive. Elle mesure 50 mètres en longueur et 23 en largeur et était à trois nefs. Elle parait avoir été, après le Saint-Sépulcre, la plus importante des basiliques chrétiennes relevées par les Francs en Terre-Sainte. L’écusson des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean qui se voit sur les murs et dont la croix a été martelée, semble indiquer qu’elle était leur œuvre. Dans le transept, les musulmans se sont fait une mosquée. Au milieu de la grande nef s’élève un petit édifice carré surmonté d’une petite coupole arabe blanchie à la chaux : c’est le monument sépulcral de saint Jean-Baptiste. Vingt et un degrés conduisent à une chambre inférieure ou crypte taillée dans le roc. Dans la paroi méridionale, trois ouvertures ovales laissent voir trois loges funéraires cinlrées, juxtaposées et construites avec de belles pierres de taille. Dans leur état actuel, elles paraissent remonter aux premiers siècles de l’ère chrétienne. C’est dans ces sépulcres qu’étaient déposés, au témoignage de tous les pèlerins, les restes vénérés du saint Précurseur, du prophète Elisée et d’Abdias. Les fragments de l’ancienne porte, en basalte, dont les caractères annoncent une haute antiquité, gisent sur le sol de la chambre. Près dé l’église, au nord, sont les restes d’assez vastes bâtiments avec de grandes tours croisées. C’était peut-être la résidence des chevaliers de Saint-Jean et celle de l’évêque latin du XIIe siècle. À l’exception de l’espace occupé par ces ruines, par le village et l’aire voisine où les paysans battent leur blé, tout le reste de la colline de Samarie est couvert de belles plantations d’oliviers, entre lesquels se trouvent quelques figuiers. C’est parmi ces arbres ou sous la terre qui les recouvre qu’il faut chercher les débris de l’antique Samarie et de Sébaste.

Bibliographie. — F. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, in-8°, Paris, 1863, t. ii, p. 390-398 ; V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 188-209 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. iii, p. 138149 ; The Survey of Western Palestine, Memoirs, in-4°, Londres 188-2, t. ii, p. 160-161, 211-214 ; Fr. Liévin de Hamme, Guide indicateur de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, t. iii, p. 54 65. L. Heidet.

3. SAMARIE, une des trois provinces de la Palestine occidentale au temps du Sauveur. — I. Nom. — Avant la chute du royaume des dix tribus séparées de Juda, le nom de Samarie avait souvent servi à- le désigner, en même temps que ceux d’Israël et d’Ephraïm. Cf. III Reg., xiii, 32 ; Ose., viii, x, xiv ; Amos, iii, iv, vi, vin. Après sa destruction, il devint l’appellation exclusive de la province, puis du simple district dont la ville resta la capitale ou le chef-lieu. Dans le texte hébreu (et dans la Vulgate par suite du défaut d’article dans le latin), le nom du pays ne se distingue point de celui de la ville d’où il le prend et parfois il est difficile de discerner s’il s’agit de l’un ou de l’autre. Ordinairement on le comprend par le contexte. Dans la version grecque, l’article, fi Sapapi’a, détermine la contrée. Am., IV, 1 ; I Esd n IY, 10, 1 Mach., v, 66. Celte

forme est fréquemment employée dans le Nouveau Testament. Joa., iv, 4, 5, 7 ; Act., viii, 5, 9, 14. I* formé de nom local « la Samaritide », fi Sajvapsîttfe se trouve I Mach., x, 30 ; xi, 28, 34 ; Matth., x, 5 ; Luc, IX, 52 ; Act., viii, 25.

II. Géographie. — 1° Limites et étendue. — À 1° chute du royaume d’Israël, son territoire ne comprenait plus guère que celui des deux tribus d’Ephraïm et de Manassé occidental, probablement réduit à 1* partie montagneuse. La province formée de ce territoire conquis par les Assyriens s’étendait primitivement de Béthel, la dernière ville marquant la frontière méridionale d’Israël, à la plaine d’Ësdrelon au nord, qui commence au pied des monts de la tribu de Manassé, et semble dès lors avoir appartenu tout entière à la Galilée. Ce sont les frontières que paraît lui tracer le livre de Judith, parlant de la Samarie antérieurement à la captivité de Babylone. Béthoron et Jéricho sont comprises dans son territoire, v, 4 (grec), et la plaine d’Ësdrelon y est attribuée à la Galilée ou du moins distinguée de la Samarie, i, 8, qui est restreinte, de ce côté, aux montagnes, IV, 4. Le Jourdain et la Péréo bornaient la province à l’est, cf. i, 9, et elle s’étendait sans doute encore jusqu’à la mer à l’ouest. Voir Éphraïm 2, t. ii, col. 1874 ; Manassé 7, t. lv, col. 674. La Samarie primitive se développait ainsi, tant en longueur qu’en largeur, sur une étendue d’environ 60 kilomètres. Ce territoire devait, dans la suite, s’amoindrir, surtout du côté du sud, au profit de la Judée. La chute de l’empire ninivite en aura vraisemblablement été la première occasion. Les Juifs reprenant, en vertu de l’édit de Cyrus, leur territoire d’avant la captivité, occupèrent en effet Béthel, toutes les localités en dépendant et plusieurs autres qu’avaient possédées les rois de Samarie. IIEsd., xi, 31, 34 ; cf. vii, 32, 36, 37 ; I Esd., ii, 28, 33-34. Les succès des Asmonéens lui coûtèrent d’autres portions plus considérables encore. Cf. I Mach., x, 30, 39 ; xi, 28, 31. « Le territoire de la Samarie », que ceux-ci avaient laissé tel qu’il était au temps du Sauveur, d’après la description de Josèphe, « compris entre la Judée et la Galilée, commençait au bourg de Ginœa, situé dans la Grande Plaine et se terminait à la toparchie d’Acrabathène… Près de la frontière commune [de la Judée et de la Samarie] était le village, le dernier de la Judée, appelé Anuath-Borcéos, » ou Borcéos-d’Anuath, fi’Avouàôou Bôpxoio ; , d’après les éditions de Niese. Bell, jud., III, iii, 4-5. En venant de Scythopolis, ville de la Décapole, au nordest on trouvait la frontière près de « Corœa qui commençait la Judée. » Ant. jud., XIV, iii, 4 ; Bell. jud., I, VI, 5. Du côté de l’occident, le territoire de la Samarie s’arrêtait à la plaine ; car « tout le littoral jusqu’à Ptolémaïde était à la Judée, » Bell, jud., IJJ, iii, 5. C’est ce que confirme Strabon donnant aux Juifs tout le pays appelé par lui, Géogr., xvi, 2, Apy(j.ô ; , c’est-à-dire vraisemblablement la plaine de Saron.Cf. Reland, Palmstina, Utrecht, 1714, p. 188 et 190. La Mischna, Gitlin., vii, 8, indique pour frontière de la Judée et de la Samarie « le village de’Utânê ». Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1862, p. 56-57. Tout le pays entre cette localité et Antipatride était à la Judée. Talmud Bab., Gittin, 76 a ; cf. ibid. Archélaïde est encore classée par P tolémée, Geogr., V, xvi, parmi les villes de la Judée. Cet auteur l’indique plus au nord que Phasaëlide. La carte de Peutinger ht marque à XXIV milles au nord de Jéricho. — De ces indications il apparaît que la frontière septentrionale de la Samarie était l’extrémité du Merdj ibn-’Amer actuel, la Grande Plaine de l’historien juif et l’Esdrelon du livre de Judith, sur la lisière duquel se trouve la petite ville de Djenin, dans laquelle on reconnaît la Ginéa de Josèphe et l’Engannim biblique. Elle franchissait ensuite la petite chaîne de collines au sud du