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SALOMON — SALPHAAD


avait profané sa race, en épousant des étrangères, dont Naama l’Ammonite, mère de Roboam, et par sa folie, que l’auteur sacré ne fait pas aller cependant jusqu’à l’idolâtrie, il fut la cause du partage du royaume. Eccli., xlvii, 20, 21.

3° La mort de Sàlomon. — L’historien des Rois mentionne un livre des Actes de Salomon où il était parlé de ses actions et de sa sagesse. Il relate ensuite en un mot la mort de Salomon, après un règne de quarante ans à Jérusalem, et son inhumation dans la cité de David. III Reg., xi, 41-43 ; II Par., 29-31. D’après ce second livre, les Actes de Salomon avaient été écrits par Nathan le prophète, Ahias de Silo et Addo le voyant.

— Aucune mention n’est faite d’un retour de Salomon à de meilleurs sentiments. S. Jérôme, InEzech., xiii, 43, t. xxv, col. 419, affirme sa pénitence, en s’appuyant sur Prov., xxiv, 32 : « À la finj’ai fait pénitence et ai regardé à choisir la discipline. » Rien ne prouve que ce texte soit de Salomon. D’ailleurs, il ne reproduit que les Septante. La Vulgate traduit : « Quand j’eus vu cela, je le plaçai dans mon cœur et par cet exemple j’appris la discipline. » Dans le texte hébreu, il n’est pas question non plus de pénitence. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., H, 13, t. xxxiii, col. 400, avait déjà pris le texte des Proverbes dans le sens adopté par saint Jérôme. Ailleurs Epist. lxxxix, 7, t. xxii, col. 729, ce dernier semble assimiler David et Salomon au point de vue de la chute et de la pénitence. Saint Hilaire, In Ps., lii, 12, t. ix, col. 330, croitau pardon d’Aaron, de David et de Salomon. On ne peut cependant rien conclure en ce sens de II Reg., vu, 14, 15 ; car la faveur que Dieu promet de ne pas retirer au fils de David, c’est le royaume paternel, et nullement son amitié personnelle. Saint Irénée, Cont. liserés., iv, 27, 1, t. vii, col. 1057, s’en tient au texte biblique sans prendre parti. Tertullien, Adv. Marcion., n, 23, t. ii, col. 311, et saint Cyprien, De unit. Eccles., ï0, t. iv, col. 515, ne sont pas favorables au repentir de Salomon. Saint Ambroise, Apol. 1 David, iii, 13, t. xiv, col. 857, dit que Dieu a permis le péché du roi afin qu’on ne le prit pas pour le Christ, mais il ne suppose pas la pénitence de Salomon. Saint Augustin, Cont. Faust., xxii. 88, t. xlii, col. 459, se contente de poser cetle question : « Que dire de Salomon, que la Sainte Écriture reprend et condamne sévèrement, en gardant un silence complet sur sa pénitence et sur l’indulgence de Dieu à son égard ? » Il dit ailleurs, De Civ. Dei., xvii, 20, t. xli, col. 554 : « Les prospérités, qui fatiguent les esprits des sages, lui furent plus nuisibles que ne lui profita sa sagesse. » L’impression dernière resle donc défavorable et la conversion douteuse ; les dons divins avaient été si magnifiques et la chute si profonde ! — Le règne de Salomon marqua à la fois l’apogée et le déclin de la puissance israélite. Les causes de sa prospérité devinrent celles de sa faiblesse. Une monarchie si subitement élevée ne pouvait se maintenir qu’en s’appuyant sur ce qui constituait sa seule base solide, le respect du statut théocratique et la fidélité à Jéhovah. Cette condition essentielle une fois disparue, la monarchie israélite devenait un grand corps sans âme, parce que Dieu n’était plus là pour la maintenir. L’étendue territoriale du royaume n’eût pu être sauvegardée que par un pouvoir militaire très fort, en face de puissantes nations ; les contrées occupées tout autour de la Palestine proprement dite échappèrent vite aux faibles successeurs de Salomon. L’unité nationale, récente encore à l’avènement de Salomon, n’eût pu-être consolidée que par un gouvernement juste, ferme et paternel ; celui du fils de David pesa lourdement sur le peuple auquel ne profita que médiocrement le prestige acquis par le prince. Il avait reçu de David un royaume puissamment constitué dont il fallait entretenir la vivante unité ; il laissa à son successeur un royaume irrémédiablement divisé par le schisme, affaibli pour toute la suite de

sa durée et incapable de résister aux invasions des empires voisins. Salomon fut à peu près seul à jouir de sa richesse, avec un entourage de courtisans et de femmes. Le pays n’en profita guère et ce qui en resta après la mort du prince devint la proie des envahisseurs étrangers. Enfin, les exemples laissés par Salomon furent souverainement pernicieux pour ses successeurs. Ils lirent dévier beaucoup d’entre eux, et, à part quelques rois de Juda, comme Josaphat, Ézéchias, Josias, les autres et tous les rois d’Israël s’adonnèrent plus ou moins complètement à l’idolâtrie. — Voir J. de Pineda, De rébus Salom., Cologne, 1686 ; H. G. Reime, Harnwnia vitse Salom., Iéna, 1711 ; Hess, Geschichte Salomons, Zurich, 1785 ; Miller, Lectures on Solomon, Londres, 1838 ; Meignan, Salomon, Paris, 1890 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.,

t. iii, p. 253-405.

H. Lesêtre.

2. SALOMON (PORTIQUE DE) (grec : ffiià [ ; où] So).wu.ovtoç), galerie couverte, à l’est du Temple, dont elle formait le côté oriental de l’enceinte. Elle s’étendait parallèlement à la vallée de Josaphat. Voir Temple. Notre-Seigneur, Joa., x, 23, et les Apôtres, Act., iii, 11 ; v, 12, s’y tenaient volontiers, parce qu’on y était à l’abri du soleil et des mauvais temps et que l’accès en était ouvert à tout le monde, Juifs et Gentils.

3. SALOMON (PSAUMES ET CANTIQUES DE). Voir

Psaumes, t. v, col. 840.

    1. SALOMON IBN-MÉLECH##

SALOMON IBN-MÉLECH, rabbin juif, né à Fez en Afrique, mais établi à Constantinople, où il publia en 1554 un commentaire hébreu, grammatical et littéral de tout l’Ancien Testament juif, intitulé Miklal yôfî, Perfection de beauté, et tiré des anciens commentateurs de sa nation, en particulier de David Kimchi. Il a étç réimprimé avec les notes de Jacob Abendana à Amsterdam, in-f°, 1661, 1685. II a été aussi très estimé parmi les chrétiens et en partie traduit en latin : Josué et Malachie, par Nie. Kôppen, Greifswald, 1708, 1709 ; Ruth, par J.-B. Carpzov, réimprimé dans son Collegium Rabbinico Biblicum, Leipzig, 1705 ; le Cantique des Cantiques, par C. Molitor, Altdorꝟ. 1659 ; Abdias, par Brodberg, Upsal, 1711 ; Jonas, par G. Chr. Burcklin, Francfortsur-le-Main, 1697 ; Jean Leusden, Francfort-sur-le-Main, 1692 ; E. Chr. Fabricius, Gœltingue, 1792, etc. Voir De Rossi, Dizionario storico degli autori Ebrei, 2 in-8°, Parme, 1802, t. ii, p. 48 ; Fûrst, Bibliotheca judaica, in-8°, Leipzig, 1863, t. ii, p. 350.

SALON1US (Saint), écrivain ecclésiastique, né vers l’an 400. La date de sa mort est inconnue. Il était -Gis de saint Eucher qui devint évêque de Lyon, et il fut élevé à l’abbaye de Lérins. Il devint évêque de Genève. L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, i, Paris, 1894, p. 222. On a de lui Expositio mystica in Parabolas Salomonis, … in Ecclesiasten, P. L., t. Lin, col. 967-1012. C’est un dialogue dans lequel Salonius répond aux questions de son frère Veranus. Voir Rivet, Histoire littéraire de la France, t. ii, Paris, 1735, p. 433-437.

    1. SALPHAAD##

SALPHAAD (hébreu : Selofhad ; Septante : S « ).naaS), fils d’Hépher de la tribu de Manassé. Il n’eut que des filles : Maala, Noa, Hègla, Melcha et Thersa. Num., xxvi, 33 ; Jos., xvii, 3 ; I Par., vii, 15. Après la mort de leur père, ses filles réclamèrent leur part d’héritage dans la Terre Promise, puisqu’elles n’avaient point de frèrej. Moïse ayant consulté Dieu, il fut établi en loi que les Israélites qui mourraient sans enfants mâles auraient leurs filles pour héritières. Num., xxvii, 1-11. Une disposition complémentaire, Num., xxxvii, 1-12, régla que, dans ce cas, les héritières seraient obli-