Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/713

Cette page n’a pas encore été corrigée
1391
1392
SALOMON


col. 1354. Par un sentiment de haute convenance, Salomon ne voulut pas que le palais de la reine fût dans la cité de David, à cause de la sainteté du lieu où résidait l’Arche de Jéhovah. II Par., viii, 11. II entoura ces palais de plantations et y amena les eaux de très loin. Cf. Eccle., ii, 4-6 ; Josèphe, Ant. jud., VIII, v, l-2. Voir Aqueduc, 1. 1, col. 798 ; Jardin, t.. iii, col. 1131.

3° La dédicace du Temple. — Quand le Temple fut terminé, Salomon en fit la dédicace solennelle et y transporta l’Arche. Une nuée remplit l’édifice sacré, au point d’empêcher les prêtres d’y exercer leur office. C’était le signe de Ja présence de Jéhovah. Cf. Exod., XL, 34, 35. Le roi adressa alors, en face de tout le peuple, une longue prière au Seigneur, pour le remercier de daigner habiter ainsi au milieu des hommes et le conjurer d’exaucer tous ceux qui viendraient le prier dans son Temple, Israélites et étrangers. Ensuite, il bénit le peuple et offrit en sacrifice 22000 bœufs et 120 000 brebis, sans compter ceux que d’autres offrirent. Le peuple était accouru de tout le pays pour assister à cette fête, qui dura quatorze jours, à cause de la fête des Tabernacles qui fut célébrée à la suite de la dédicace. III Reg., viii, 1-66 ; Il Par., v, 1-vii, 10. Après ces solennités, Jéhovah apparut de nouveau à Salomon, comme il l’avait fait à Gabaon, et il lui renouvela ses promesses, en ajoutant que, si Israël se détournait de lui, il serait chassé du pays et deviendrait la raillerie des étrangers, avec son Temple abandonné de Dieu. III Reg., ix, 2-9 ; II Par., vii, 11-22. En tous ces récits, l’on n’entrevoit aucun reproche adressé à Salomon au sujet du luxe de ses constructions. C’est donc que cette splendeur répondait à l’idée qu’on se faisait de la gloire de Jéhovah et de la magnificence qui convenait au prince. La nation ne voyait pas sans fierté les splendides édifices élevés dans sa capitale.

4° Les autres travaux. — Quand ses grandes constructions furent achevées, Salomon utilisa à d’autres travaux l’ancienne population chananéenne qu’il avait réduite en esclavage. Il mit à la tête de ces ouvriers . 550 inspecteurs chargés de les faire travailler. Il construisit ainsi Mello et le mur de Jérusalem. Voir Mello, t. iii, col. 947 ; Mur, col. 1340. Pendant la construction de Mello, un Éphratéen de Saréda, Jéroboam, jeune homme fort et vaillant, surveillait les gens de corvée de la maison de Joseph, c’est-à-dire les esclaves en résidence dans les tribus d’Éphraïm et de Manassé. III Reg., xi, 26-28. Salomon fortifia ensuite différentes villes d’une importance stratégique considérable, Héser ou Asor, qui commandait au sud du Liban la route d’Egypte en Assyrie, Mageddo, sur la même route, au pied du Carmel, Gazer, que lui avait remise le pharaon d’Egypte, Bethoron qui, comme Gazer, couvrait Jérusalem au nord-ouest, Baalath, un peu au nord de Bethoron, et enfin Thadmor ou Palmyre, dans le désert de Syrie. Dans ces villes et dans beaucoup d’autres furent bâtis des magasins et des dépôts pour les marchandises, les chars ou la cavalerie. III Reg., ix, 15-19.

VI. La Sagesse de Salomon. — 1° Le don divin. — « Dieu donna à Salomon de la sagesse, une très grande intelligence et un esprit étendu comme le sable qui est au bord de la mer. La sagesse de Salomon surpassait la sagesse de tous les fils de l’Orient et toute la sagesse de l’Egypte. Il était plus sage qu’aucun homme, plus qu’Éthan l’Ezrahite, plus qu’Héman, Chalcol et Dorda, les fils de Mahol, et sa renommée était répandue parmi toutes les nations d’alentour. » III Reg., iv, 29-31. L’écrivain sacré accumule les exemples pour donner une idée de la supériorité de Salomon. Entrant ensuite dans le détail, il ajoute que le roi prononça 3 000 maximes, composa 1005 cantiques et disserta sur les végétaux et les animaux. III Reg., ix, 32, 33. Quelques siècles plus tard, on avait encore le souvenir vivant de Salomon, « fils plein de sagesse ». Eccli.,

xlvii, 12-17. Cette sagesse se composait de différents éléments. Le principal était sûrement la crainte de Dieu. Supérieurement doué par nature, le prince avait aussi cultivé son esprit par l’étude et l’observation. Il connaissait des sciences naturelles ce qu’on en pouvait savoir à cette époque, et sa connaissance de la nature n’était pas viciée, comme celle des Égyptiens, par la croyance à l’intervention d’une multitude de divinités imaginaires. Attentif à ce qui se passait en lui et autour de lui, il en tirait des réflexions utiles, auxquelles il savait prêter ce tour subtil, pittoresque et piquant qu’estiment tant les Orientaux. Penseur, savant et poète, il étonnait ses contemporains par l’à-propos de ses réponses et le charme de ses discours. C’est ce qui ressort de l’examen des ouvrages qui portent son nom ou qui semblent bien chercher à imiter sa manière, là même où il n’est plus l’auteur. « Salomon eut tant de sagesse, qu’on aurait cru que la promesse de Dieu sur la descendance de David s’accomplissait en lui, s’il n’était tombé et n’avait ainsi donné Heu à espérer le Christ. » S. Augustin, In Ps. lxxxviii, 6, t. xxxvii, col. 1135. En réalité, la sagesse de Salomon devait être dépassée par d’autres, si grande qu’elle apparût aux hommes de son temps. Plus que personne, le Sauveur put dire un jour de lui-même, en se comparant au plus sage des rois d’Israël : « Il y à ici plus que Salomon. » Matth., xii, 42 ; Luc, xi, 31.

2° La reine de Saba. — Le texte sacré revient à trois reprises sur cette idée que la sagesse de Salomon faisait l’admiration même des étrangers. III Reg., IV, 31, 34 ; Eccli., xlvii, 17. La visite de la reine de Saba en est une preuve éclatante. Voir Saba 6, col. 1287. Cette princesse vint à Jérusalem pour mettre à l’épreuve la sagesse de Salomon. Le roi eut réponse à toutes les difficultés qu’elle lui proposa. La reine ne se lassa pas d’admirer le bel ordre que Salomon faisait régner en toutes choses autour de lui et elle déclara que la réalité qu’elle constatait dépassait de beaucoup ce que la renommée lui avait raconté. En témoignage de son admiration, elle offrit au roi 120 talents d’or (15822 000 fr.) et une quantité d’aromates et de pierres précieuses. Salomon ne voulut pas demeurer en reste avec elle. Il lui donna tout ce qu’elle désira et lui fit des présents dignesde sa magnificence. III Reg, , x, 1-10, 13 ; II Par., ix, 1-9, 12. Voir sur cet épisode Coran, xxvii, 22-45. Cette visite ne fut pas la seule. Non seulement ses sujets, mais d’autres rois vinrent admirer sa sagesse et lui offrir des présents. III Reg., x, 23-25 : II Par., ix, 22-24. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 3, raconte, d’après Ménandre et Dios, que Salomon et Hiram s’envoyaient mutuellement des énigmes à résoudre. Cf. Historicorum Grsecorum Fragm., t. iii, p. 225-228 ; t. iv, p. 398, 446. C’était là une des formes familières aux Orientaux pour faire briller leur esprit. Voir Énigme, t. ii, col. 1808. Cf. F. Nau, Histoire et sagesse d’Afyikar t Assyrien, Paris, 1909, p. 203. Un certain Théophile, mentionné par Alexandre Polyhistor, a également écrit sur les rapports entre Hiram et Salomon. Cf. Eusèbe, Prcep.evang., ix, 34 fin, t. xxi, col. 753 ; S. Jérôme, Epist., lxx, 2, t. xxii, col. 665. La Bible ne fait mémoire que de leurs relations d’affaires.

3° Les écrits de Salomon. — La tradition a attribué à Salomon le Cantique des cantiques, voir Cantique des cantiques, t. ii, col. 186, l’Eccîésiaste, voir Ecclésiaste, col. 1539, une partie des Proverbes, voir Proverbes, t. v, col. 781, et le Psaume lxxii (lxxi). Le livre de la Sagesse est appelé dans les Bibles grecques S09Î1 Salwpv, « Sagesse de Salomon ». L’auteur y parle comme s’il était Salomon lui-même. Sap., vii-ix. Mais il y a là un simple artifice littéraire. Voir Sagesse, col. 1351. La mention de maximes et de cantiques, composés par Salomon, comme celle de ses dissertations sur l’histoire naturelle, n’implique pas la mise