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SAGESSE (LIVRE DE LA)


la mort, i, 12-n, 25 ; elle est le châtiment du mauvais usage que l’homme a fait de sa liberté, l, 12-16, Adam ne cherchant que la jouissance de la vie présente ; ii, 1-9, et Caïn tuant son frère, le juste Abel, 10-20. La première cause de la mort est néanmoins la jalousie du démon, 21-25. — 3° Les bons et les méchants dans la vie présente, m-iv. Bonheur réel du juste, iii, 1-9 ; malheur du méchant, 10-12, finalement tout tourne à bien pour le juste et à mal pour l’impie, iii, 13-iv. — 4° C’est surtout après la mort que le juste est récompensé, v, 1-17, et le méchant puni, 18-24. Le passage n, 12-20, dépeint en traits saisissants les souffrauces du juste, images de la passion du vrai juste, que les Pères ont appliqué à Jésus-Christ souffrant pour la rédemption du genre humain. S. Cyprien, Teslim., ii, 11, t. iv, col. 708, etc.

Seconde section : la sagesse guide de la vie, vi-ix. — La conclusion de cette peinture du sort réservé au juste et à l’impie est que nous devons faire de la sagesse le guide de notre vie. Elle doit diriger spécialement la conduite des rois, vi, 1-23 ; — 2° mais elle est accessible à tous, VI, 21-vn, 2, et tous doivent la pratiquer, parce qu’elle est la source de tous les biens, VI, 7-viii, 1, et que, par conséquent, elle doit dominer et régler toute notre vie, viii, 2-16. — 3° Mais comme elle est un don de Dieu, viii, 17-21, c’est par la prière qu’il faut l’obtenir de lui, ix.

IP partie, x-xix. — La sagesse au point de vue historique. — L’auteur, après avoir montré théoriquement l’excellence de la sagesse et comment elle doit être la règle de notre vie, confirme sa thèse historiquement par l’exemple de ce qui est arrivé au peuple de Dieu. — 1° x-xii. La sagesse, c’est-à-dire Dieu lui-même, sauve et punit. Nous en avons la preuve dans l’histoire des patriarches d’Adam à Moïse, x-xi, 4, dans les châtiments infligés aux Égyptiens, xi, 5-27, et aux Cbananéens, xii, 1-18. — 2° Comme le crime principal des ennemis du peuple de Dieu était l’idolâtrie et que les Juifs infidèles se laissaient aller à imiter les Égyptiens dans leur culte impie, l’auteur décrit l’origine et les progrès de l’idolâtrie qui est ce qu’on peut imaginer de plus opposé à la sagesse, et il en expose les principales espèces : l’adoration des forces de la nature {culte du dieu soleil en Egypte), xiii, 1-9 ; des idoles, oeuvres de la main des hommes (si multipliées dans la vallée du Nil), xiii, 10-xiv, 13, et enfin des hommes divinisés (dont les Juifs avaient l’exemple sous les yeux à Alexandrie, où les monnaies des Ptolémées leur conféraient le titre de 0eôç, voir fig. 194, col. 853, âSeXçot Weo !  ; fig. 188, col. 849 ; cf. t. i, fig. 174, col. 693 ; xiv, 22-31 ; . il achève ce tableau par la description des effets funestes du polythéisme, 22-31. — 3° XV-XIX. Il revient alors de nouveau aux plaies d’Egypte pour faire ressortir le contraste qui existe entre les adorateurs du vrai Dieu et les païens, il montre comment le créateur s’est servi des créatures dont les Égyptiens font aveuglément leurs dieux pour châtier leur idolâtrie et c’est par là qu’il rattache cette dernière subdivision à ce qui précède. — 1. Contraste général, xv, 1-17, entre les adorateurs des idoles et les serviteurs fidèles de Dieu. — 2. Dieu punit par les animaux les adorateurs des animaux et de la nature, xv, 11-xvi, 13, ainsi que par les forces mêmes de la nature, l’eau, le feu, les ténèbres, xvi, 14-xvin, 4, enfin, par la mort, xviii, 5-xix, 5. — 4° Conclusion. Dieu sauve les Hébreux fidèles ; il punit ceux qui lui désobéissent. Les enfants d’Israël doivent donc observer la loi de Dieu et s’éloigner avec horreur des abominations des Égyptiens. — L’auteur prémunit ses frères contre les erreurs prédominantes dans leur patrie d’adoption, contre le polythéisme et le panthéisme, contre le scepticisme et contre l’incrédulité, contre le matérialisme et ses conséquences immorales.

— Sur la personnification de la Sagesse, voir Sagesse

incréée, col. 1350. — Sur les points particuliers de la doctrine du livre de la Sagesse, voir H. Lesêtre, Étude doctrinale du livre de la Sagesse, dans son commentaire sur ce livre, La Sagesse, 1880, p. 13-24.

VII. Objections contre la doctrine du livre de la Sagesse. — Lc, s critiques reconnaissent généralement aujourd’hui l’excellence du livre de la Sagesse. Grimm lui assigne le premier rang parmi les livres deutérocanoniques, Dos Buch der Weisheit, p. 41. Plusieurs prétendent cependant y découvrir des erreurs. — 1° On lui reproche d’avoir admis l’éternité de la matière et d’avoir nié, par conséquent, la création, parce que nous lisons, xi, 18 : xTfaaoa tôv v.6g).o-/ àiiôpçov O’Xïiç ; Vulgate : creavit orbem terrarum ex materia invisa. Il s’agit de l’organisation du monde et non de la création des éléments primitifs, comme l’a expliqué saint Augustin, De Gen. conl. Manich., i, 9-10, t. xxxiv, col. 178 : Primo ergo materia facta est confusa et informis, unde oninia fièrent quse distincta atque formata sunt, qtwd credo a Grsecis chaos appellari. Et ideo Deus rectissime credilur omnia de nihilo fecisse, quia etiamsi omnia formata de ista materia facta sunt, hæcipsa materia tamen de omnino nihilo facta est. Et après avoir répété les mêmes choses, De fi.de et symb., 2, t. xl, col. 183, il ajoute : Hoc autenv diximus, ne quis existimet contrarias sibi esse divinarum Scripturarum sententias, quoniam et omnia Deum fecisse de nihilo scriptum est, et mundum factum esse de informi materia. Cf. Sap., L, 14 : Creavit ut essent oninia.

2° On a prétendu que l’auteur de la Sagesse admettait la préexistence des âmes, comme Platon, avant la formation du corps, parce qu’il dit, viii, 19-20 : Puer eram ingeniosus et sortibus animant bonam. Et cum essem ntagis bonus, veni ad corpus incoinquinatum, c’est-à-dire, d’après l’original grec : « J’étais un enfant d’un bon naturel (eùqnjVj ; ) et j’avais reçu en partage une âme bonne, ou plutôt (ixïUov 8é) étant bon, je vins à un corps sans souillure. » Le sens est : J’ai reçu de Dieu une âme douée de bonnes dispositions naturelles et le corps auquel elle a été unie était sans défauts ni vices héréditaires. L’homme vient au monde souillé de la tache originelle, mais il y a des créatures prédestinées qui naissent avec des dons supérieurs. Animam bonam hoc loco intelligi non bonitate morali aut gratise justificantis, sed bonitate naturali, quse est qusedani ad multas virtutes morales in quibusdam hominibus dispositio, ex qua dicuntur esse bona indole, explique Estius, Annotationes in prxcipua loca difficiliora S. Script., Anvers, 1621 ; Migne, Cursus Script. Sac, t. xvii, col. 485. L’auteur n’enseigne pas la préexistence des âmes, condamnée par le second concile de Constantinople, « ’il’distingue seulement, comme l’observe Calmet, in loc, les instants divers de la production 3e ces deux substances, du corps et de l’âme, et il discerne les qualités et les propriétés différentes de l’un et de l’autre. »

3° D’après certains critiques l’auteur de la Sagesse aurait été cmanatiste. « [La sagesse], dit-il, est le souffle (à-riAÏ ; ) de la puissance de Dieu, le pur écoulement (à7côppoia ; Vulgate : emanatio) de la gloire du Tout-Puissant, …le resplendissement de la lumière éternelle. t> Mais il ne parle plus ici d’une créature ; il parle de la Sagesse incrée qui ne fait qu’un avec le Créateur, du Verbe auquel saint Paul, Heb., i, 3, applique expressément les paroles de la Sagesse, vii, 26, àjiâu-yaiTua, splendor, rayonnement de la lumière éternelle ou de la gloire de Dieu et qui est consubstantiel à son Père, dont il est le Verbe, & Xôfoç, ix, 1 ; 6 iravtoSûvaixoc).ôfoç, xviii, 15, comme la aofia.

VIII. Unité et intégrité. — L’unité du livre de la Sagesse a trouvé des contradicteurs. Le P. Houbigant, Biblia hebraica cum notis criticis, t. iii, 1773, Ad libros