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SAGESSE (LIVRE DE LA)


cipe mauvais dans le monde ; la Sagesse dit au contraire, h, 24 : Invidia autem diaboli mors inlroivit in orbeni terrarum ; Vàon voit dans le serpent tentateur un symbole du plaisir. De mundi opificio, Opéra, édit. Mangey, t. i, p. 37-38. — La Sagesse, viii, 19 20, enseigne que, dans ce monde, l’âme des bons est unie à leur corps comme celle des méchanls ; d’après Philon, Demcnarchia, t. ii, p. 213-216, seules les âmes disposées au péché habitent des corps ; celles qui sont bonnes sont les aides de Dieu dans le gouvernement des choses humaines. — La Sagesse, vm-xiv, et Philon, De mundo, t. ii, p. 604, donnent de l’origine de l’idolâtrie une explication toute différente. — Le Logos de Philon, qu’on a voulu retrouver dans la Sagesse, xvi, 12 ; xviii, 15, est un être intermédiaire entre Dieu et le monde, voir Philon, col. 305 ; Logos, t. iv, col. 326, tandis que celui de la Sagesse ne se distingue pas de Dieu. Voir Sagesse incréée, col. 1350. Cf. Fr. Klasen, Die

pour établir que l’auteur était Juif, ses croyances et sa doctrine l’attestent. Mais il n’était pas un Juif de Palestine, car il avait reçu une éducation gréco-alexandrine : Un de ses plus beaux passages, le discours qu’il met dans la bouche des Épicuriens, XI, 1-9, reproduit en partie pour le fond un chant de fête égyptien qui nous a été conservé dans un papyrus du Musée britannique, de la collection Harris. Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, t. iii, 1881, p. 67.

C’est un décret du bon chef, un destin parfait

Que, tandis qu’un corps se détruit à passer,

D’autres restent à sa place depuis le temps des ancêtres.

Les dieux qui ont été autrefois et qui reposent dans leurs tombes.

Les momies et les mânes sont aussi ensevelis dans leurs tombes.

Quand on construit des maisons, ils n’y ont plus leurs places.

Qu’a-t-on fait d’eux ?…

Tu es en bonne santé, ton cœur se révolte contre les honneurs

Suis ton cœur tant que tu es vivant. [funèbres ;

279. — Fête égyptienne. Tombeau du scribe Horemheb à Thèbes. XVIIIdynastie.

alltestamentliche Weisheit und der Logos der jûdischalexandrinischen Philosophie, Fribourg-en-Br., 1878, p. 60 sq. — b) Reconnaissant l’impossibilité de faire de Philon d’Alexandrie l’auteur de la Sagesse, quelques critiques ont songé à Philon l’ancien, par exemple Huet, Bellarmin, etc., mais l’idée est malheureuse, car cet écrivain qui ne nous est connu que par Josèphe, Cont. Apion., i, 23, est cité par lui comme un auteur païen ; l’auteur de la Sagesse n’était certainement pas polythéiste. — Pour conserver ce nom de Philon à celui qui a écrit le livre inspiré, on a supposé aussi que c’était un des soixante-dix traducteurs de la Bible grecque, lequel portait ce nom, mais cette hypothèse ne repose sur rien, non plus que celle qui attribue la Sagesse à Aristobule, Lutterbeck, Die neutestamentliche Lehrbegriffe, Mayence, 1852, t. i, p. 407 sq. (voir Aristobule 1, t. i, col. 965), ou à Apollos, Noack, Der Ursprung des Chris tenthums, Leipzig, 1857, t. i, p. 25 ; cf. Deane, The Book of Wisdom, p. 34 (voir Apollos, t. i, col. 774), ou à un thérapeute. Dâhne, Geschichtliche Varstellung der jûdisch-alexandrinischen Religions philosophie, Halle, 1834-1835, t. ii, p. 170.

6° Il faut donc conclure que l’auteur de la Sagesse est inconnu. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est qu’il était Juif et probablement originaire d’Alexandrie, où il avait été élevé, comme on peut le démontrer par l’étude intrinsèque du livre, de la langue et de la doctrine, ainsi qu’il va être dit. La lecture du livre suffit

Mes des parfums sur ta tête, pare-toi de lin fin, Oins-toi de ce qu’il y a de plus merveilleux dans les essences Fais plus encore que tu n’as fait jusqu’à présent ! [des dieux, Ne laisse pas aller ton cœur !

Suis ton désir et ton bonheur aussi longtemps que tu seras sur N’use pas ton cœur en chagrins [terre,

Jusqu’à ce que vienne pour loi ce jour où l’on supplie Sans que le dieu dont le cœur ne bat plus écoute ceux qui supplient.

Les lamentations du survivant ne réjouissent pas le cœur de

[l’homme dans le tombeau,

Fais un jour de plaisir et n’y reste pas inactif ! Aucun homme ne peut emporter ses biens avec lui.

Les peintures égyptiennes (fig. 279) attestent que la description du banquet dans la Sagesse est la description d’un banquet égyptien où les convives buvaient, Sap., Il, 6, se parfumaient, j>. 7, prodiguaient les fleurs, $. 7, jouissaient des biens présents et des créatures avec l’ardeur de la jeunesse, ꝟ. 5-6.

L’auteur de la Sagesse connaissait aussi la philosophie grecque et il en emploie les expressions. Un Juif palestinien aurait pu connaître comme lui sa religion et l’histoire de son peuple, mais il n’aurait pas été initié comme lui aux mœurs et aux habitudes helléniques, à cette science grecque qui était si méprisée à Jérusalem, Josèphe, And. jud., XX, XI, 2, et il n’aurait pas écrit en grec. C’est ce qui est le plus propre à intéresser les habitants de l’Egypte qu’il relève ; il décrit l’idolâtrie telle qu’elle se pratiquait dans la vallée du Nil où l’on adorait des animaux, xi, 15 ; xii,