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SAGAN — SAGESSE INGRÉEE


tus), dignitaire investi d’un commandement. —1° C’est le nom donné à des chefs ou gouverneurs de l’empire babylonien. Is., xli, 25 ; Jer., li, 23, 28, 57 ; Ezech., xxiii, 6, 12, 23. — 2° Le même nom fut ensuite attribué aux chefs du peuple à Jérusalem, après le retour de la .captivité. I Esd., ix, 2 ; IIEsd., ii, 16 ; iv, 8, 13 (14, 19) ; v, 7, 17 ; vii, 5 ; xii, 40 ; xiii, 11. — 3° Le nom desdgân ou ségén, en araméen segan, fut encore porté par un grand fonctionnaire du Temple, qui se tenait à droite du grand-prêtre dans certaines circonstances solennelles. Yoma, iii, 9 ; iv, 1 ; vii, 1 ; Sota, vii, 7, 8 ; Tamid, vii, 3. Il n’était pas néanmoins le vicaire ou suppléant du grand-prêtre, puisque quelques jours avant la fête de l’Expiation, on désignait un autre prêtre pour remplacer ce dernier, au cas où il ne pourrait officier. Yoma, i, 1. De ce que les Septante rendent presque toujours ce mot par <rtpaTY]Y<5ç> il est à croire que le segan n’était autre que le fonctionnaire souvent appelé (TTpocTïiYÔ ; toû UpoO, magistratus tenipli, le « capitaine du Temple ». Act., iv, 1 ; v, 24, 26 ; Josèphe, Anl. jud., XX, vi, 2 ; ix, 3 ; Bell, jud., II, xvii, 2 ; VI, v, 3. Il avait la haute main sur la police du Temple. On comprend dès lors que sa place était aux côtés du grand-prêtre quand celui-ci exerçait quelque fonction solennelle. Cf. Reland, Antiquitates sacrse, Utrecht, 1741, p. 89 ; Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 264-265.

H. Lesêtre.

SAGE (hébreu : Sdgé’, « errant » ; Septante : Ea>Xi ; Alexandrinus : Eotyr), père de Jonathan, un des gibbôrûm de David. Sage est qualifié d’Ararite. Voir Arari, Ararite, t. i, col. 1882. I Par., xi, 33 (hébreu, 34). La liste parallèle II Reg., xxiii, 33, donne pour père à Jonathan dans la Vulgate Jassen. Sur la manière de comprendre ce double passage, voir Jonathan 3, t. iii, col. 1614.

, SAGE-FEMME (meyalléde’t ; Septante : uaîa ; Vulgate : obstetrix), celle qui aide une mère à accoucher. — Les anciens Hébreux employaient des sagesfemmes. L’une d’elles assista Rachel dans son enfantement. Gen.j xxxv, 17. Une autre était auprès de Thamar, quand celle-ci mit au monde ses deux jumeaux. Gen., xxxviii, 27. En Egypte, les Hébreux avaient à leur service deux sages-femmes, Séphora et Phua. Voir Phua, col. 336. Le pharaon leur ordonna de faire périr tous les enfants mâles qui viendraient au mondé. Elles s’en gardèrent bien, parce qu’elles. craignaient Dieu. Pour s’excuser auprès du pharaon, elles déclarèrent que les femmes des Hébreux ne ressemblaient pas aux Égyptiennes et qu’elles étaient assez vigoureuses pour accoucher elles-mêmes avant l’arrivée de la sage-femme. Exod., i ; 15-21. II fallait bien qu’il en fut ainsi, car deux sages-femmes n’auraient pas suffi, si toutes les femmes, des Hébreux avaient eu besoin de leur assistance. Il n’est plus question de sages-femmes dans la Sainte Écriture. On en peut conclure que la fonctionn’était pas exercée habituellement par des personnes s’y consacrant par état, mais que souvent, comme encore dans nos campagnes, les femmes accouchaient seules ou avec l’aide des femmes de leur entourage.

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    1. SAGES D’EGYPTE ET DE CHALDÉE##

SAGES D’EGYPTE ET DE CHALDÉE (Vuigate : sapientes). Notre version latine donne ce nom à ceux quele texte hébreu appelle hâkâmim, en Egypte, Exod., vu, ll ; enBabylonie, Dan., ii, 12, etc. Voir Divination, i, 3°, t. ii, col. 1444.

    1. SAGESSE##

SAGESSE (hébreu : hokmâh ; Septante : ctoç ia. ; Vulgate : sapientia). Ce mot a dans l’Écriture un sens plus étendu que les mots correspondants en grec et en latin, de même que l’adjectif hàkâni, composé avec oo ?ô ; et sapiens, « sage ». — 1° La hokmâh est l’habi

leté et l’adresse dans un art. Dieu remplit de hokmâh Béséléelet Ooliab pour inventer et exécuter les trasaux divers du Tabernacle. Exod., xxviii, 3 ; xxxi, 6, etc. — 2° La hokmâh est l’intelligence des choses humaines, Gen., xliii, 33, 39 ; Prov., i, 6 ; Deut., iv, 6 ; xxxii, 6, etc., et surtout des choses divines, Job, xxviii, 28 ; Prov., i, 7, etc. C’est cette sagesse que Salomon demanda à Dieu, IDT Reg., iii, 11-12, 28 ; c’est de cette connaissance des choses religieuses et divines, et de cette sagesse pratique, réglant la conduite de la vie, qu’il est si souvent question dans les Psaumes et dans les livres sapientiaux. Ps. CXI (ex), 10, etc ; Prov., ii, 6, etc. ; Eccli., ii, 26, etc. — 3° Hokmâh signifie aussi la ruse, prise en bonne ou mauvaise part. Exod., i, 10 ; H Reg-, xm, 3 ; Job, v, 13 ; Prov., viii, 12 ; xiv, 8. — 4° Ifàkdmîm, « les sages », se dit en parlant des étrangers, des magiciens et des devins. Gen., xli, 8 ; Exod., vii, 11 ; Eccl., ix, xii, 11 ; Jer., l, 35 ; li, 37 ; Ezech., xxxvii, 8, 9 ; Esth., i, 13, etc. Voir Sages. — 5° Le mot hokmâh exprime dans plusieurs endroits des livres sapientiaux la doctrine, l’expérience, la science, Job, xii, 2, 12 (sagesse des vieillards) ; xv, 2 ; xxxviii, 35-37 (science des choses naturelles). — 6° Dans le Nouveau Testament, « la philosophie » qui, d’après son nom même, est « l’amour de la sagesse », apparaît une fois sons la plume de saint Paul, Col., ii, 8 ( « les philosophes stoïciens » sont nommés aussi une fois, Act., xvii, 18), mais cette sagesse humaine et naturelle, qui formait le fond de la philosophie courante en Grèce et à Rome, du temps des Apôtres, et était mêlée à beaucoup d’erreurs qui détournaient les hommes de la vérité de l’Évangile et de la vraie sagesse est appelée par l’Apôtre f) (Tocpioc toû xôo-uo’j to-jtou, sapientia kujvs mundi,

I Cor., l, 20 ; iii, 19 ; ïi o-opî* àv8pa>7ro)v, sapientia hominum, II, 5 ; ooyîa aapxtxïj, sapientia cornalis,

II Cor., i, 12 ; il oppose à la aoyia grecque la ©eoû 8ûva|ju ; et la 0eoO troepîa. I Cor., i, 22, 24. — 7° Il explique aux Corinthiens ce qu’est la véritable sagesse, c’est celle qui vient de Dieu et de son Esprit-Saint, c’est celle de l’Évangile. I Cor., i, 19, 20, 21 ; II, 1-7 ; xii, 8. Voir aussi Eph., i, 17 ; Col., i, 9 ; cf. Act., vi, 10 ; Jac, I, 5 ; iii, 13-17. — 8° La sagesse est donc, comme l’intelligence, un don de Dieu, un des sept dons du Saint-Esprit. Is., xi, 2. Cf. Eccli., i, 1 ; Job, xxxviii, 36 ; Dan., ii, 21 ; I Cor., xii, 8. — 9° Enfin Dieu est la personnification de la Sagesse. Voir Sagesse incréée.

SAGESSE INCRÉÉE. La Hokmâh, ou Sagesse dans les livres sapientiaux, n’est pas seulement une science qui consiste à connaître Dieu et à lui plaire, en évitant le péché et en pratiquant la vertu, Prov., iii, 4, 7, elle est de plus une personne divine, « établie depuis l’éternité, dès ! e commencement, avant l’origine de la terre, » Prov., viii, 23 ; Eccli., xxiv, 9, elle est revêtue des attributs qu’Isaïe, xi, 2, attribue au Messie, Prov., viii, 14 ; toute puissance vient d’elle sur la terre, 15-16 ; elle est la source de tous les biens, 17-21, 5-9, Elle est sortie de la bouche du Très-Haut, Eccli., xxry, 3 ; cf. Col., i, 15 ; c’est par elle que Jéhovah a fondé la terre et affermi les cieux. Prov., iii, 19 ; cf. Eccli., xxiv, 3-6 ; Prov., viii, 27-31 ; cf. Joa., i, 3 ; Apoc, iii, 14. Saint Luc, xi, 49, appelle Notre-Seigneur t| <ro ?itx toû 060û, sapientia Dei. Cf. Malth., xxiii, 34. Voir Theologische Studien und Kritiken, 1853, p. 332. Cf. encore sur la personnification et les attributs de la Sagesse, Sap., vii, 22, 25-26 ; viii, 3-4 ; ix. L’auteur de la Sagesse, ix, 1-2 ; xvi, 12 ; xviii, 15, identifie expressément la Sagesse avec le « Verbe » en employant le mot Aôyoç pour Eoçi* et réciproquement. Cf. Eccli., xxiv, 3, où la Sagesse sort de la bouche de Dieu. Sur l’identification de la Sagesse et du Verbe, voir Franzelin, De Deo trino, sect. v, th. vii, p. 106-108.