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SACRIFICE — SADDUCÉENS


sible dans le sacrifice de la croix. La victime divine, « rendue présente » par les paroles sacramentelles, et < représentée » par les espèces sensibles, devient la nourriture de ceux qui offrent le sacrilice ou y participent, conformément aux paroles du Sauveur : « Prenez, mangez, buvez. » Ainsi se complète l’harmonie entre les anciens sacrifices et le sacrifice de la loi nouvelle. La victime sert d’aliment ; mais elle aussi ne peut être mangée que par ceux qui sont purs. I Cor., xi, 27-29.

Il est à remarquer que, non seulement en droit, mais même en fait, les anciens sacrifices ont disparu partout où le sacrifice eucharistique a été introduit. Ce dernier, du reste, devra s’établir « , en tout lieu », Mal., i, 11, et il se perpétuera jusqu’à la fin des temps, jusqu’à ce que le Sauveur vienne, I Cor., xi, 26, puisqu’aucune limite n’a été assignée à sa durée et que sa célébration est liée à la vie de l’Église, qui a les promesses de perpétuité. — Cf. Franzelin, De SS. Eucharistie sacram. et sacrif., Rome, 1873, p. 335-420 ; N. Gihr, Le saint Sacrifice de la messe, trad. Moccand, Paris, 1894, t. i, p. 30-248. H. Lesètee.

    1. SACRILÈGE##

SACRILÈGE (grec : i&posvXr^x, îepocruXîa ; Vulgate : særilegium), crime contre les choses saintes. Celui qui commet ce crime est appelé îepô<juXo ; , sacrilegus. — L’idée de sacrilège n’est pas exprimée dans la Bible hébraïque. Là où la Vulgate parle du sacrilège de Phogor, il y a seulement dans le texte hébreu et dans les Septante : « à cause de Phogor. » Num., xxv, 18. La Vulgate ajoute encore l’épithète de « sacrilège » à l’autel bâti par les tribus trausjordaniques. Jos., xxii, 16.

— Les termes grecs s’appliquent aux pilleurs de temples. Ils sont employés à propos de Ménélas et de ses complices, qui avaient enlevé les vases d’or du Temple pour les vendre. II Mach., iv, 38, 39, 42 ; xiii, 6. — Pour dégager saint Paul et ses compagnons, le grammate d’Éphèse ditau peuple qu’ils ne sont ni des sacrilèges, ni des blasphémateurs de Diane. Act., xix, 37. Saint Paul reproche aux Juifs leur inconséquence, quand ils ont les idoles en horreur et se permettent en même temps de UpomiXeCv, c’est-à-dire de profaner le Temple et de commettre ainsi un sacrilège. Rom., ii, 22.

H. Lesêtre.

SACY (Louis Isaac Le Maislre de). Voir Le Maistrjï, t. iv, col. 163.

    1. SADDUCÉENS##

SADDUCÉENS (grec : 2a830uxatot ; Vulgate : Sadducsei), membres d’une secte Juive à l’époque évangélique. Comme les Pharisiens, leurs antagonistes, les Sadducéens ne sont connus que par le Nouveau Testament, l’historien Josèphe et le Talmud.

I. Leur nom. — 1° Les Sadducéens, appelés SaSSo-jxaïot, par les écrivains du Nouveau Testament et par Josèphe, portent le nom de sadduqîni dans la Mischna. Yadayïm, iv, 6, l ; Erubin, vi, 2 ; Makkoth, l, 6 ; Para, m, 7 ; A’idda, iv, 2. — 2° Saint Épiphane, Hxres., xiv, t. xli, col. 240, et saint Jérôme, In Matth., iii, 23, t. xxvi, col. 163, font venir ce nom de l’hébreu saddiq, « juste », comme si les Sadducéens faisaient profession spéciale de justice, c’est-à-dire de fidélité à la loi. Ce nom pourrait à la rigueur se comprendre historiquement, parcequ’en effet les Sadducéens entendaient d’une manière très littérale la loi mosaïque et s’en tenaient à cette loi, à l’exclusion des traditions postérieures. Mais grammaticalement saddiq donnerait saddîqîm et non saddûqîm, <raS81)tz ?ot, saddicsei, et non a « 880-ov.aïai, sadducsei, de même que hàsidim, donne àcriôaîot, assidxi. Voir Assidéens, t. i, col. 1131. Il n’est donc pas probable que la vraie étymologie du nom soit à chercher de ce côté. — 3° Le nom des Sadducéens vient plutôt du nom propre Sadôq, Sadoc, qui se lit une cinquantaine de fois dans l’Ancien Testament, et que

les Septante transcrivent ordinairement par SaStix, mais dix fois par 2aSào-jx. Ezech., xl, 46 ; xliii, 19 ; xliv, 15 ; XLvm, 11 ; I Esd., vii, 2 ; II Esd., iii, 4, 29 ; x, 21 ; xi, 11 ; xhi, 13. Josèphe, Ant. jud., XVIII, i, 1, cite un pharisien du nom de SâSSoyxoç, correspondant certainement an sâdôq hébreu. Il parle également d’un Ananias SaSSouxî, Bell, jud., II, xvil, 10 ; xxi, 7, qui était pharisien. Vit., 39. Dans la Mischna, le rabbi Zadok est appelé Saddûq. Pea, ii, 4 ; Terumoth, x, 9 ; Schabbath, xxiv, 5 ; Pesachim, iii, 6 ; vii, 2 ; x, 3. De la forme grecque SaôSoûx est venu régulièrement le dérivé EaSSouxaîot, ceux qui, à un titre ou à un autre, se rattachent à Sadoc. — 4° La difficulté est de savoir à quel Sadoc le nom des Sadducéens fait allusion. D’anciens rabbins ont songé à un Sadoc, disciple d’Antigone de Socho, " disciple lui-même de Siméon le Juste. Il reste une sentence d’Antigone de Socho dans la Mischna, Aboth, I, 3 : « N’imitez pas le serviteur qui veut servir son maître en vue de la récompense, mais soyez comme celui qui fait son service sans penser à la récompense. » C’est dans un commentaire du rabbi Nathan sur le traité Aboth que sont nommés deux disciples d’Antigone, Sadoc, qui aurait donné son nom aux Sadducéens, et Boéthos, qui aurait donné le sien aux Boéthosiens. La négation sadducéenne de la vie future apparaîtrait ainsi comme une conséquence outrée, mais spécieuse, de la sentence d’Antigone de Socho. Mais le commentaire de Nathan, postérieur au Ve siècle dans sa forme actuelle, ne mérite pas grande confiance. S’il se trompe sur les Boéthosiens, qui tirent leur nom de Boéthos, grand-prêtre contemporain d’Hérode, rien ne prouve qu’il soit mieux informé sur les Sadducéens. Son affirmation n’a donc d’autre valeur que celle d’une supposition personnelle, rattachée artificiellement à la sentence d’Antigone. — 5° Le plus illustre des Sadoc fut incontestablement le grandprêtre contemporain de Salomon, dont les descendants exercèrent à sa suite le souverain pontificat. Dans sa description du Temple idéal, Ézéchiel, xl, 46 ; xliii, 19 ; xliv, 15 ; xlviii, 11, suppose que les fonctions sacrées sont remplies par des fils de Sadoc. I Par., VI, 8-15. Après le retour de la captivité, le sacerdoce suprême resta longtemps encore dans la famille de Sadoc. Voir Grand-Prêtre, t. iii, col. 305-306. Comme le parti des Sadducéens se composait de riches personnages et principalement des grands dignitaires du sacerdoce, on comprend que ces derniers se soient donnés comme les héritiers de Sadoc, sinon par le sang, du moins parles fonctions, et qu’ils se soient appelés Sadducéens. Cette appellation leur permettait d’accaparer l’illustration qui s’attachait à l’un des noms les plus glorieux du passé, et en même temps de faire remonter très haut l’origine de leurs prétentions ou de leurs droits. Cette explication du nom des Sadducéens n’est pas absolument certaine ; mais, à défaut de renseignements historiques, elle est la plus probable. — 6° Hôlscher, Der Sadducâismus, 1906, prétend que les descendants de Sadoc furent chassés de Jérusalem par le soulèvement des Machabées, et que leurs tendances n’étaient plus représentées dans le haut sacerdoce, à la seule exception de la famille de Boéthos sous Hérode. C’est alors seulement que le nom de « Sadducéens » aurait pris naissance en souvenir de la tendance similaire, au temps des Machabées. Schûrer rejette résolument ce système dans Theol. Literaturzeitung, 1907, p. 200-203. II. Leur histoire. — 1° Les Sadducéens ne prennent place dans l’histoire qu’assez tardivement. Ils ne forment pas un parti compact et nombreux comme les Pharisiens. Ils ne se composent que de gens riches et tiennent le peuple à l’écart ; ils sont peu nombreux, mais comptent parmi eux les dignitaires et les chefs. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 6 ; XVIII, I, 4. C’est donc une aristocratie, surtout sacerdotale ; car les