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SACRIFICE


son propre sang, non par des sacrifices réilérés, mais par nn seul, puisque, « par une oblation unique, il a procuré la perfection pour toujours à ceux qui sont sanctifiés, » Heb., x, 14, et qu’il ne se borne pas à assurer la pureté de la chair, comme les anciennes victimes, mais celle de la conscience. Heb., ix, 13-14.

— 5° Le sacrifice de la croix renferme éminemment les conditions de tous les autres sacrifices : 1. La victime sensible ; le Fils de Dieu devient cette victimepar son incarnation. Heb., x, 5-9. — 2. La victime agréée de Dieu ; c’est le Père lui-même qui, par amour, l’a donnée au monde. Joa., iii, 16. — 3. La victime offerte ; elle s’offre elle-même dès s* venue en ce monde, elle est offerte extérieurement au Seigneur, par les mains de la sainte Vierge, au jour de la présentation au Temple, Luc, ii, 22, et elle s’offre elle-même de nouveau pendant son agonie. Matth., xxvi, 39. — 4° La victime immolée ; les bourreaux du Calvaire ne sont que des instruments, inconscients de l’importance de l’acte qu’ils accomplissent ; le vrai sacrificateur, ayant la qualité de souverain Prêtre, c’est Jésus-Christ lui-même, qui dépose sa vie par sa propre et unique volonté. Joa., x, 18. — 5. Le sang de la victime ; il devait être complètement répandu, sans que rien n’en restât dans le corps ; c’est ce qui eut lieu pour Notre-Seigneur. Joa., xix, 31. — 6. L’holocauste ; le sacrifice de Jésus-Christ a excellemment, ce caractère ; le Sauveur se donne tout entier, afin que le monde sache qu’il aime son Père, Joa., xiv, 31, qu’il a glorifié sur la terre, Joa., xvii, 4, et auquel il va rendre, par sa mort sanglante et volontaire, le plus complet de tous les hommages. — 7. Le sacrifice pour le péché ; c’est pour l’expiation du péché que meurt le Sauveur, et, en souffrant la mort, il se met à la place des pécheurs, qui seuls l’avaient méritée. Matth., xxvi, 28 ; Marc, X, 45 ; xiv, 24 ; Rom., iii, 24 ; v, 9 ; II Cor., v, 21 ; Gal., iv, 4 ; Col., i, 14 ; Heb., v, 8 ; 1 Joa., i, 7 ; Apoc, i, 5 ; v, 9, etc. — 8. Le sacrifice pacifique ; en mourant à notre place, Jésus-Christ remercie son Père et intercède pour nous. Voir Médiateur, t. iv, col. 915. — 9. Enfin, la participation à la victime. Elle n’avait lieu que dans les sacrifices qui n’étaient pas des holocaustes. Le sacrifice de Jésus-Christ participant aux caractères des sacrifices pour le péché et des sacrifices pacifiques, il était nécessaire, pour que la réalité répondit à la figure, que la victime de la croixpût devenir un aliment. C’est à quoi le Sauveur a pourvu par l’institution de la sainte Eucharistie. — Le sacrifice de la croix a donc tous les caractères d’un véritable sacrifice. Il est supérieur à tous ceux de l’ancienne loi par la qualité de la victime, par sa nature définitive et pleinement efficace et par la manière dont il a été accueilli de Dieu, puisque, des tourments de son immolation, Jésus-Christ est passé dans sa gloire. Luc, xxiv, 26. Cf. De Condren, Idée du sacerdoce et du sacrifice de J.-C, II » part., ch. i-vi, édit. 1858, p. 46-105 ; Thalhofer, Bas Opfer des A. und N. Bandes, Ratisbonne, 1870. XI. Le sacrifice eucharistique. — 1° La prophétie de Malachie, 1, 11, annonçait la substitution d’un nouveau sacrifice aux anciens : a Mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on offre à mon nom de l’encens et des sacrifices, une oblation pure, car mon nom est grand parmi les nations. » Le sacrifice nouveau doit être universel et pur, digne d’être offert à Dieu. Pour les Pérès, ce sacrifice est celui de l’Eucharistie, et le concile de Trente, sess. xxil, c. 1, déclare que ce qui est prédit par Malachie, c’est le sacrifice eucharistique. D’autre part, Jésus-Christ est prêtre « selon l’ordre de Melchisédech », par conséquent indépendant du sacerdoce d’Aaron, Heb., vii, 1-27, mais ressemblant au prêtre-roi de Salem par la nature de son sacrifice. Or, Melchisédech a offert le pain et le vin (voir Melchisédech, t. iv, col. 939), et le concile de Trente déclare en core que Jésus-Christ a réalisé- l’antique figure en offrant lui-même son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin. — 2° Or, le jeudi-saint, Notre-Seigneur présente l’espèce du pain en disant : « Ceci est mon corps. » Saint Paul, I Cor., xi, 24, ajoute : to Cwàp ijjiwv xX<o[ievov ; Vulgate : quod pro vobis tradelur. En présentant le calice, il dit : « Ceci est mon sang, » Matth., xxvi, 28 ; Marc, xiv, 24, ou : « Ceci est le calice de mon sang, » Luc, xxii, 20 ; I Cor., xi, 25 ; Vulgate : Hic est sanguis meus qui. pro multis effundetur, fundelur, ce qui se réfère à la passion. Le grec emploie le présent et montre l’Eucharistie comme un véritable sacrifice ; la Vulgate constate l’union qui existe entre la Cène et le sacrifice de la croix. Dans le Nouveau Testament, effusion du sang et sacrifice sont la même chose. Act., xx, 28 ; Rom., iii, 24 ; v, 9 ; Epb., i, 7 ; ii, 13 ; Col., i, 14, 20 ; I Pet., i, 2, 19 ; I Joa., i, 7, etc. En cet instant, Notre-Seigneur verse donc son sang, en. d’autres termes, il se sacrifie, et, bien que cette effusion soit aussi invisible que sa présence même dans le sacrement, elle est réelle, puisque sa parole l’affirme. — 3° Le divin Maître ajoute que son sang est actuellement versé « pour beaucoup, pour la rémission des péchés. » Matth., xxvi, 27. Ce sacrifice est donc propitiatoire ; il a, comme celui de la croix, la vertu d’expier les péchés. — 4° Il dit ensuite : « Faites ceci en mémoire de moi. » Luc., xii, 19 ; I Cor., xi, 25. Ces paroles sont adressées aux Apôtres, seuls présents. Ce qu’ils ont à faire, c’est ce que le Sauveur a fait, verser son sang, c’est-à-dire le sacrifier pour la rémission des péchés. — 5° La relation entre le sacrifice eucharistique et celui de la croix, supposée par la traduction de la Vulgate dans les textes précédents, est formellement enseignée par saint Paul : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, » par conséquent, que vous prenez partau sacrificeeucharistique, « vous annoncez la mort du Sauveur jusqu’à ce qu’il vienne. » I Cor., xi, 26. De fait, puisque la victime et le sacrificateur sont les mêmes de part et d’autre, il y a des rapports nécessaires entre les deux sacrifices. — 6° Saint Paul n’en traite pas moins le sacrifice eucharistique comme un sacrifice véritabie et complet en lui-même. Parlant des viandes immolées aux idoles, il dit que, « ce que les païens offrent en sacrifice, ils l’immolent à des démons, et non à Dieu. » Comparant ensuite le sacrifice des chrétiens à celui des païens, il ajoute : « Vous ne pouvez boire à la fois au calice du Seigneur et au calice des démons ; vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et à la table des démons. » I Cor., x, 20-21. Des deux côtés donc, les aliments tirent leur qualité du sacrifice qui a précédé, et si le rite qui a souillé les aliments offerts aux démons était un sacrifice proprement dit, le rite qui sanctifie le calice et la table du Seigneur l’est également. — 7° Le fond essentiel du sacrifice eucharistique est constitué par la présence réelle de Jésus-Christ, qui donne leur vraie valeur aux actes du sacrifice. Jésus-Christ ressuscité ne peut plus mourir, Rom., vi, -9 ; son immolation effective ne peut donc plus avoir lieu, et pourtant cette immolation est essentielle au sacrifice. Mais il n’est pas nécessaire qu’elle soit récente ; il suffit qu’elle ait été réelle et que quelque chose de sensible la représente. Or, c’est précisément ce qui se produit : Jésus-Christ, autrefois immolé visiblement, est présent in visiblement, mais dans un état qui le rend propre à servir de nourriture et qui, quant à l’apparence sensible, est inconciliable avec la vie. C’est pourquoi le concile de Trente, sess. xxil, c. 1, dit que Jésus-Christ a laissé à son Église « . un sacrifice visible, comme le requiert la nature des hommes, par lequel serait représenté le sacrifice sanglant qui allait être consommé sur la croix. »

— 8° Enfin, le sacrifice eucharistique se complète par la manducation de la victime qui n’avait pas été pos-