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SACRIFICE

’es autres peuples ; les Israélites, avec leurs instincts idolâtriques, ne devaient être que trop portés à imiter leurs voisins qui sacrifiaient aux idoles. Un culte purement spirituel n’aurait pas suffi à les maintenir dans la fidélité à Jéhovah. Il leur fut dit plus tard : « Je n’ai pas parlé à vos pères et je ne leur ai pas donné de commandements en matière d’holocaustes et de sarifices, le jour où je les ai fait sortir du pays d’Egypte. Mais voici le commandement que je leur ai donné : Ecoutez ma voix, et je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. » Jer., vii, 22, 23. L’érection du veau d’or et les sacrifices qui lui furent offerts, Exod., xxxii, 6, ne tardèrent pas à montrer que le peuple avait besoin de rites extérieurs qui le rattachassent puissament au culte de Jéhovah. Aussi « Moïse, par ordre de Dieu, prescrivit ces observances aux Hébreux à cause de leur faiblesse et de l’endurcissement de leurs cœurs, de peur qu’il ne méprisassent une religion nue et ne s’attachassent aux faux dieux, dont ils voyaient le culte embelli par de pompeuses cérémonies. » S. Éphrem, Op. syriac., t. ii, p. 114. Cf. S. Jérôme, In ls., i, 12, t. xxiv, col. 31 ; S. Thomas, Sum. theol., V II », q. en, a. 2 et 3, ad l » m.

Les sacrifices institués par Moïse sont les suivants : 1° Sacrifices sanglants. — 1. Holocauste, ’ôldh, dans lequel la victime est tout entière brûlée sur l’autel. Voir Holocauste, t. iii, col 729-734.

2. Sacrifice pacifique, ïélêm, ëeldmîm, Ouerîa Gtû-cr, oso-j, hostia pacificorum. — La victime pouvait être mâle ou femelle, de gros ou de menu bétail. Après l’avoir immolée, on lui enlevait la graisse qui entoure les entrailles, les deux rognons avec leur graisse, la taie du foie, - et en plus, dans la race ovine, la queue tout entière, à cause de son volume de graisse. Voir Brebis, t. i, col. 1912. Toutes ces parties étaient brûlées sur l’autel et le sang de l’animal était répandu tout autour. Lev., iii, 1-17. Des oblations accompagnaient ce sacrifice. La chair de la victime pouvait être mangée par les prêtres et par tout Israélite, à condition qu’il fût en état de pureté. On devait la manger le jour même, à moins que le sacrifice ne fût offert par suite d’un vœu ou comme offrande volontaire, auquel cas l’on pouvait encore en manger le lendemain. Ce qui en restait ensuite devait être brûlé. Lev., vii, 11-21.

3. Sacrifice pour le péché, hatâ’dh, àfispii’a, pro peccato. — Ce sacrifice variait suivant la qualité du coupable. Pour le prêtre ayant reçu l’onction, c’est-à-dire pour le grand-prêtre, on immolait un taureau. Le grandprêtre faisait diverses aspersions avec son sang et répandait le reste au pied de l’autel ; il enlevait les mêmes parties de l’animal que dans le sacrifice pacifique et les brûlait sur l’autel. Tout le reste de la victime était emporté hors du camp et consumé par le feu à l’endroit où l’on jetait les cendres. — Pour l’assemblée d’Israël, on prenait un jeune taureau, les anciens du peuple venaient poser les mains sur sa tête, puis on procédait comme dans le cas précédent. — Pour un chef, on prenait un bouc mâle, le chef lui imposait les mains et on brûlait les graisses sur l’autel. — Pour un. homme du peuple, la victime était une chèvre ou un agneau. — A la suite des trois fautes suivantes, réticence coupable devant le juge, contact d’une chose impure, serment à la légère, on immolait une brebis ou une chèvre, à leur défaut deux tourterelles ou deux pigeons, que les plus pauvres pouvaient remplacer par un dixième d’éphi de fleur de farine qu’on faisait brûler sur l’autel sans huile ni encens. Lev., iv, 1-v, 13. Le prêtre qui offrait la victime avait le droit de la manger dans le lieu saint, ce qui d’ailleurs n’avait pas lieu pour les victimes du grand-prêtre et de l’assemblée d’Israël qui, toutes deux, devaient être brûlées hors du camp. Lev., vi, 21-30.

4 Sacrifice pour le délit, ’àsâm, Tikr^yjùiia, pro deliclo. — La victime à offrir était toujours un bélier. Le

délit consistait, dans les choses saintes, à retenir par erreur quelque chose des offrandes dues à Jéhovah ou à faire inconsciemment un acte qu’il défend, et, dans les choses profanes, à dénier au prochain, avec faux serment, un dépôt, un gage, un objet volé ou perdu. Lev., v, 14-vi, 7. On versait autour de l’autel le sang de la victime, on enlevait les parties ordinaires et la queue pour les brûler sur l’autel, et. le prêtre mangeait le reste en lieu saint. Lev., vii, 1-7.

5. Sacrifices spéciaux. — Le sacrifice de consécration, millu’im, tsXsiwoiç, pro consecratione, Lev., vii, 37, est celui qui servit à consacrer Aaron et ses fils. Exod., xxix, 4-28. Il comprenait un taureau pour le péché, un bélier en holocauste et un bélier de consécration, dont le sang servit à oindre Aaron et ses fils à l’oreille droite, à la main droite et au pied droit, et qui fut ensuite en partie brûlé en holocauste et en partie mangé par les nouveaux consacrés. Lev., viii, 14-36. — Le sacrifice pour le lépreux. Lev., xiv, 1-32. Voir Lèpre, t. IV, col, 183, 184. — Le sacrifice de la vache rousse. Num., xix, 2-10. Voir Vache rousse.

2° Sacrifices non sanglants. — Ils consistaient à offrir et à faire consumer par le feu de l’autel différentes substances, comestibles ou non. Ils accompagnaient, toujours les holocaustes et les sacrifices pacifiques, mais n’étaient pas joints aux sacrifices pour le péché. Ils se faisaient aussi. indépendemment des sacrifices sanglants. Voir Oblation, t. iv, col. 1725-1731 ; Libation, t. iv, col. 234-237.

3° Sacrifices publics. — La loi prescrivait onze sacrifices d’un caractère public intéressant toute la nation.

— 1. Le sacrifice perpétuel ou quotidien. Chaque jour, on offrait en holocauste deux agneaux d’un an, un le matin et un autre l’après-midi, avec une oblation de farine pétrie à l’huile et une libation de vin. Exod., xxix, 38-42 ; Num., xxviii, 3-8 ; I Esd., iii, 4 ; IIEsd., x, 33. . — 2. Le sacrifice du sabbat, qui ajoutait au sacrifice quotidien deux agneaux d’un an en holocauste, avec l’oblalion et la libation. Num., xxviii, 9, 10. — 3. Le sacrifice de la néoménie, comprenant deux jeunes taureaux, un bélier et sept agneaux d’un an en holocauste, avec des oblations et des libations, et de plus un bouc en sacrifice pour le péché. Num., xxviii, 11-15. — 4. Le sacrifice de la Pàque, qui répétait chacun des sept jours de la fête le même sacrifice qu’à la néoménie, Num., xxviii, 16-25 ; Deut., xvi, 2. — 5. L’holocauste d’un agneau d’un an, avec oblation et libation, le jour où l’on présentait la première gerbe de la moisson. Lev., xxiii, 10-13. — 6. Le sacrifice de la Pentecôte, identique à celui de la néoménie. Lev., xxiii, 17 ; Num., xxviii, 27-31. — 7. Le sacrifice qui accompagnait les pains de la Pentecôte et comprenait, avec le bouc en sacrifice pour le péché, deux agneaux d’un an en sacrifice pacifique. Lev., xxiii, 19, 20. — 8. Le sacrifice de la nouvelle année qui, outre le sacrifice quotidien et celui de la néoménie, se composait d’un jeune taureau, d’un bélier, de sept agneaux d’un an, avec leurs oblations et leurs libations, et d’un bouc pour le péché. Num., xxix, 2-6. — 9. Au jour de l’Expiation, on offrait en holocauste un jeune taureau, un bélier et sept agneaux d’un an, avec les oblations et les libations ; des deux boucs présentés, l’un était offert en sacrifice pour le péché etl’autre chassé au désert. Lev., xvi, 5-16 ; Num., xxix, 7-11. — 10. À la fête des Tabernacles, on sacrifiait en holocauste treize jeunes taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d’un an, le tout accompagné d’oblations et de libations, et un bouepour le péché. Les mêmes sacrifices se répétaient les six jours suivants, à cela près que chaque jour on diminuait d’une unité le nom bre des taureaux. Num., xxix, 13-34. — 11. Le huitième jour de la fête des Tabernacles, on sacrifiait un taureau, un bélier et sept agneaux d’un an, avec les oblations et les libations, et un bouc pour le péché. Num., xxix, 36-