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SABBAT


sabbat. Cf. Schiirer, Geschichte, t. iii, p. 387, 420. D’après le Zohar, i, 14 b, édit. La fuma, Paris, 1906, p. 83, les démons étaient obligés de se cacher la nuit et la journée du sabbat et, pendant toute la durée du sabbat, les damnés de l’enfer sont à l’abri du feu. Sur un prétendu fleuve Sabbathion, qui ne coulait pas le septième jour comme les autres jours de la semaine, et donnait ainsi, d’après certains docteurs, l’exemple de l’observation du sabbat, voir Josèphe, Bell, jud., VII, v, 1 ; Pline, H. N., xxxi, 18 ; Reland, Palseslina illustrata, Utrecht, 1714, p. 291-293.

IV. Le sabbat dans le Nouveau Testament. — 1° Discussions. — Notre-Seigneur, au cours de sa vie publique, se heurta fréquemment à des interprétations étroites et ridicules de la loi du sabbat. Il s’appliqua à les corriger, en faisant appel au bon sens du peuple contre le formalisme outré des docteurs. Souvent, il entre dans les synagogues le jour du sabbat, afin d’y pouvoir prendre la parole. Marc, i, 21 ; vi, 2 ; Luc, iv, 16, 31 ; xiii, 10. Mais, quand l’occasion s’en présente, il ne manque pas d’accomplir ou de laisser accomplir des actes qui attirent la censure des docteurs et lui permettent de remettre les choses au point. Un jour de sabbat, il passe à travers les blés avec ses Apôtres, et ceux-ci, qui ont faim et s’inquiètent peu du rigorisme des pharisiens, cueillent des épis, les froissent et mangent le grain. La loi autorisait tout passant à cueillir des épis dans un champ, mais seulement avec la main. Deut., xxiii, 25. Les Apôtres étaient donc dans leur droit. Pourtant, aux yeux des pharisiens, ils transgressaient la loi du sabbat, cir ce jour-là il était défendu de moissonner, de vanner, de nettoyer le grain, et ce qu’ils se permettaient reenait à faire ces actes. Le Sauveur aurait pu justifier ses Apôtres en montrant que l’acte accompli par eux n’avait rien d’une moisson. Il préfère en appeler à la loi naturelle qui permet, quand on a faim, de se nourrir comme on peut, et à la loi liturgique, qui autorise certains actes incompatibles avec le repos du sabbat r David et ses hommes, pressés par la faim, ont mangé les j-ains de proposition réservés aux seuls prêtres, et cas derniers remplissent leurs offices dans le Temple, même le jour du sabbat. Il conclut en disant que 1e sabbat existe à cause de l’homme, et non l’homme à cause du sabbat et que d’ailleurs le Fils de l’homme est le maître du sabbat. C’est donner à entendre f ; ue le Sauveur, Fils de Dieu, a tout pouvoir pour intf ipréter ou même modifier la loi du sabbat, et qu’il nt. permettra pas qu’on en fasse une institution tyrannique. En ajoutant qu’il préfère la miséricorde au sacrifice, il place formellement la loi naturelle au-dessus de la loi rituelle. Matth., xiii, 1-8 ; Marc, ii, 23-28 ; Luc, vi, 1-5. — Un autre jour de sabbat, il se trouve dans une synagogue en même temps qu’un homme ayant la main desséchée. On l’observe pour voir s’il guérir : ’cet infirme. D’après l’interprétation des docteurs, c-a ne peut soigner un malade le jour du sabbat que s’:  ! est en danger de mort ; d’autre part, tous admettent qu’il est permis, ce jour-là, de tirer d’une citerne un animal qui vient d’y tomber. Notre-Seign’. ir s’autorisj de cette concession pour déclarer qu".j homme vaut une brebis et qu’il est légitime d’accorder au premier ce qu’on ne refuse pas à la seconde. Il guérit donc l’infirme d’un seul mot. Matth., xii, 9-14 ; Marc, iii, 1-6 ; lue, vi, 6-11. Saint Luc, en terminant son rr’cit, remarque que les adversaires du Sauveur furent remplis da démence. On se demande, en effet, comment ces hommes pouvaient tenir pour une violation du sabbat une simple parole et une guérison dont le caractère miraculeux ne pouvait se contester.

— À Jérusalem, Notre-Seigneur guérit un malade le jour du sabbat et lui ordonne d’emporter son grabat, ce qui scandalise les Juifs. Joa., v, 8-10, 16. Maître du sabbat, il veut montrer que la loi d’ailleurs respectable

qui défend d’exécuter des transports le jour du sabbat, Jer., xvii, 21, 22, doit céder à une autre loi supérieure, celle de manifester la gloire de Dieu et d’accréditer la mission divine du Messie, en fournissant la preuve d’une guérison radicale et miraculeuse. Il ajoute du reste cette réllexion, qui donne la clef du mystère : « Mon père agit jusqu’à présent et moi aussi j’agis. » Joa., v, 17. L’action de Dieu ne saurait, en effet, être soumise à aucune loi positive, ni humaine ni même divine. En prescrivant au malade d’emporter son grabat, le Sauveur voulut aussi attirer l’attention des Juifs sur ce qu’il venait d’opérer, et il y réussit. À un voyage subséquent, il explique ainsi sa conduite en cette occasion : « J’ai fait une seule œuvre, et vous êtes tous hors de vous-mêmes. Moïse vous a donné la circoncision et vous la pratiquez le jour du sabbat. Si, pour ne pas violer la loi de Moïse, on circoncit le jour du sabbat, comment vous indignez-vous contre moi, parce que, le jour du sabbat, j’ai guéri un homme dans tout son corps ? Ne jugez pas sur l’apparence, mais jugez selon la justice. » Joa., vii, 21-24. Ces paroles montrent que le grief des pharisiens portait beaucoup plus sur la guérison elle-même que sur l’ordre donné d’emporter le grabat. Le Sauveur fait valoir un argument a fortiori, tiré de la pratique de la circoncision, et il reproche justement à ses contradicteurs déjuger selon l’apparence, parce qu’ils ne voient qu’une transgression de leurs prescriptions humaines là où il y a un grand bienfait divin. — Notre-Seigneur choisit encore un jour de sabbat pour guérir l’aveugle-né. Il ne se contente pas d’une parole, mais fait de la boue avec sa salive et en frotte les yeux du malheureux. Les docteurs ne pouvaient que blâmer le secours ainsi apporté à un infirme qui n’était pas en danger de mort, ainsi que la confection de la boue et la friction des yeux, chossa qu’ils jugeaient incompatibles avec le repos sabbatique. Ils en conclurent que « cet homme n’est pas de Dieu, parce qu’il n’observe pas le sabbat ». L’aveugle juge, avec beaucoup plus de bon sens, que « s’il n’était pas de Dieu, il n’aurait rien pu faire ». Joa., ix, 6, 16, 23.

— Une autre fois, dans une synagogue de Galilée, le Sauveur impose les mains, le jour du sabbat, à une pauvre femme toute recourbée et il la guérit. Le chef de la synagogue, indigné de ce qu’il regarde comme une transgression, dit alors à la foule : « Il y a six jours où l’on peut travailler ; venez ces jours-là pour vous faire guérir, et non le jour du sabbat. » Notre-Seigneur réplique alors : « Hypocrites, chacun de vous ne détar.he-t-il pas son bofuf ou son âne de l’étable, le jour du sabbat, pour les mener boire ? Or, cette fille d’Abraham, que Satan a tenue enchaînée dix-huit ans, n’a-t-il pas fallu la débarrasser de cette chaîne même le jour du sabbat ? » Cette réponse fit rougir les contradicteurs et réjouit le peuple. Les premiers sont traités d’hypocrites, parce qu’ils veulent paraître zélés pour la loi et oublient les devoirs de l’humanité, comme celui qui ordonne de porter secours à celui qui souffre. Luc, xiii, 10-17. — À peu de temps de là, le Sauveur est chez un chef des pharisiens, un jour de sabbat, et un hydropique se présente devant lui. « Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? » dit le Sauveur à l’assistance. Personne ne lui répondant, il touche I’hydropique et le guérit. Puis il ajoute cette réflexion, à laquelle personne ne peut répliquer : « Qui de vous, si son âne ou son hœuf tombe dans une citerne, ne l’en retire aussitôt, même le jour du sabbat ? » Luc, xiv, 1-6. Cf. C. Wakins, Christi curatio sabbathica, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, p. 196-211. — Il est manifeste que le Sauveur a eu l’intention de substituer une interprétation plus large de la loi du sabbat à celle qu’avaient fait prévaloir les pharisiens. Dans ce but, il saisit toutes les occasions de guérir ce jour-là et s’autorise da cet argument esseu-i